Poulet au chlore
Allons-nous bientôt manger du poulet au chlore? La réponse est "oui", puisque la Commission européenne vient de décider de lever l'interdiction d'importation des poulets américains "lavés" au chlore.
Je suis personnellement bien trop inculte en la matière pour savoir si la décision est choquante ou pas en matière de santé. Ce que j'en lis n'est pas rassurant. Au-delà, ce qui m'interroge tient à ce que relève cette passe d'arme entre gouvernements nationaux et Commission européenne.
D'abord, ce ne sont pas les ministres de la Santé qui sont montés au créneau mais ceux de l'Agriculture, révélant à quel point le problème n'est pas alimentaire, n'est pas un problème de santé et d'hygiène, mais uniquement de considérations économiques (avec une décision relevant du moins disant libéral, mais étant encore surpris de constater que l'Union Européenne est le cheval de Troie du néo-capitalisme?).
Ensuite, alors que l'unanimité des ministres nationaux dénoncent cette mesure, la Commission européenne fait fi de cela et passe sans inquiétude.
Mais de quelle autorité agit la Commission européenne?!
Je ne suis pas un grand partisan du Gouvernement SARKOZY - FILLON, mais je lui reconnais l'onction démocratique. Le Président de la République et les Députés sont dépositaires, pour 5 ans, de la souveraineté nationale, qui s'est exprimée et qu'ils représentent.
Qu'elle est l'onction électorale qui transcende la Commission européenne?
Le Parlement européen est élu au suffrage universel direct, mais il n'est qu'une coquille vide. Qu'on se souvienne, il y a une 10aine d'années, de la tentative de "révolte" contre la Commission SANTER: la Commission avait été démissionée par les Gouvernements avant que ne puisse s'exprimer un vote sanction du Parlement européen, justement pour empêcher toute autonomie relevant d'une logique fédérale de l'Union.
Les commissaires sont eux nommés par les Gouvernements nationaux. Les Gouvernements n'étant que l'expression indirecte du choix démocratique, les commissaires sont donc une émanation doublement indirecte du pouvoir souverain des peuples (quand il ne s'agit pas d'une échapatoire dorée: qu'on se souvienne que BARROSO sortait d'une déculotée électorale lorsqu'il a été nommé): c'est pourtant devant cette émanation très indirecte du choix des électeurs, devant ces commissaires sur lesquels les citoyens européens ne se sont jamais exprimés, que se couchent nos ministres.
Problème de gouvernance européenne? Problème de citoyenneté européenne? Problème de démocratie: engoncés dans leur élitisme néo-libéral, nos technocrates de Paris ou de Bruxelles ne se rendent plus compte qu'il y a quelque chose de pourri dans leur manière de gouverner... Mais le capitalisme "libéré" se soucie-t-il vraiment de politique?