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L'Europe comme ils la veulent

Publié le par Stéphane GOMEZ

Concert de musique classique puis dîner ensemble dans un restaurant réputé de Berlin, enfin un Conseil des chefs d'États européens durant lequel "on" prend l'engagement d'un nouveau traité constitutionnel d'ici 2009, sans rien en dire quant au contenu.

Voilà comment nos 27 chefs d'États européens ont fêté les 50 ans de l'historique Traité de Rome, qui -5 ans après la C.E.C.A.- donnait l'impulsion réelle à la construction européenne.

Un succès populaire pour Angela MERCKEL, d'après un journaliste enthousiaste, puisque durant ces 2 jours ce sont quelques dizaines de milliers de Berlinois, dans une ville de plusieurs millions, qui ont pris de leur temps de promenade de fin de semaine pour aller voir ce qui se passait.

Un succès inespéré dans une Europe en panne, lit-on partout, après les "non" français et néerlandais (et de la nette majorité des Luxembourgeois de moins de 30 ans) aux referendi sur le T.C.E., comme si le "non" était la cause de la crise et non pas le conséquence.

Un succès fragile, peut-on entendre, à cause du blocage institutionnel qui perdure, à croire que celles et ceux qui pensaient qu'il fallait d'abord approfondir l'.U.E. avant de -légitimement- l'élargir aux pays de l'Europe centrale et orientale n'avaient pas totalement tord.

Ce cinquantenaire du Traité de Rome aura finalement été très représentatif de l'incurie de la classe politique actuelle (et pas seulement celle de France, malheureusement), qui se congratule entre elle sans chercher à convier à la fête les 400 millions d'Européens: pas de bilan qui ne soit apologétique, pas de réflexion critique sur ce qui s'est passé ces dernières années, pas d'interrogation sur le scepticisme populaire,… Le peuple? De toute façon, ce peuple pas suffisament soumis, "on" ne l'avait pas convié aux agapes.

Chez nos élites mal éclairées, l'Europe continue à se faire sans les peuples, quand elle ne se fait pas contre eux! Et nos gouvernants s'interrogent après, en grands démocrates, sur l'incurie de ces peuples impassibles devant leurs "succès"!

Ce n'est pas ce week-end que l'Europe citoyenne, que l'Europe populaire, que l'Europe sociale a progressé...
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