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Du droit à la paresse.

Publié le par Stéphane GOMEZ

Le Droit à la Paresse de Paul LAFARGUE est une lecture de circonstance en cette période de congés payés, à apprécier tant que nous disposons encore de ces congés payés, en cette période de remise en cause du temps de travail et de la hiérarchie des normes.

Écrit en prison en 1883, le texte a un peu vieilli, dans son phrasé, ses références et même certains de ses arguments.

Cependant, l'idée maîtresse et sa logique demeurent.

LAFARGUE (par ailleurs gendre de Karl MARX et co-fondateur du Parti Socialiste de France avec Jules GUESDE, suicidé en 1911 avec son épouse Laura pour ne pas avoir à subir la "décrépitude de la vieillesse") part de la constatation que pendant des siècles, l'homme libre était celui qui ne travaillait pas, le travail étant réservé à l'esclave.

Dès lors, se demande-t-il, comment en est-on parvenu à cette situation où ce sont les "économistes communistes", rejoignant les moralistes chrétiens et les bourgeois capitalistes, qui font l'apologie du travail? Comment en est-on parvenu à ce moment où les prolétaires sont les 1ers défenseurs de l'outil de leur avilissement?

Paul LAFARGUE démontre comment le prolétariat s'est laissé intoxiquer depuis la Révolution bourgeoise de 1789 par la doctrine des possédants et la rhétorique hypocrite des Droits de l'Homme en société capitaliste, pour finalement s'approprier la logique de sa domination. Il développe avec causticité le fonctionnement de ce système basé sur la surproduction au profit d'une minorité de parasites (utilisant tous les moyens nécessaires: colonialisme, guerres et bien sûr exploitation des autres), pendant que la majorité s'épuise.

Dès lors, Paul LAFARGUE se fait l'apologiste d'une réduction drastique du temps de travail (3 heures par jour) constatant l'enrichissement des pays d'Europe qui n'ont jamais été aussi prospères (déjà!), du développement de la machine pour soulager l'homme et de ce simple constat que l'homme reposé est plus productif que l'homme épuisé.

Le temps dégagé devient celui du repos réparateur, du loisir, de la consommation par l'ouvrier de ce qu'il a produit et de la réflexion intellectuelle, autrement posé le temps de l'épanouissement de l'individu et donc de son émancipation.

Ce droit à la paresse ne sera rendu possible que par l'élimination de la classe parisitaire par une classe ouvrière volontaire et donc consciente.

Tout cela paraîtra à certains comme une rhétorique vieillissante. Pour ma part, en ces temps de réaction sarkozyienne, je trouve que c'est un rafraîchissant rappel de ce que doivent être nos valeurs et nos objectifs de militants de Gauche.

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