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L'UNION DE LA GAUCHE, MACHINE À PERDRE?

Publié le par Stéphane GOMEZ

La scène serait amusante, si elle ne concluait pas (provisoirement?) une tragi-comédie un brun pathétique quand le chômage augmente, que les dettes font craindre pour la préservation de notre modèle de protection sociale, que la Droite se déchire pour savoir qui sera le plus extrémiste pour prendre la tête de l'UMP, que le FN rôde salivant déjà du plaisir du charognard de dévorer les carcasses, et que le climat délétère remet en cause des mesures pour l'égalité (mariage pour tous, droit de vote des étrangers extra-communautaires) hautement nécessaires pour renforcer notre vivre-ensemble et refaire Nation.

 

La scène, c'est celle d'un Jean-Vincent PLACÉ, trop à l'étroit dans son costume, qui déclame la voix hésitante qu'il a bien dit ce qu'il a dit mais que cela ne voulait pas dire ce que les gens ont entendu qu'il a dit puisqu'il a dit autre chose qu'il a dit en l'occurrence ce qu'il a dit mais à comprendre différemment puisque c'est bien ce qu'il a dit mais autrement ! On comprend alors que la voie soit hésitante !

 

Retour sur un rétropédalage : Monsieur Jean-Vincent PLACÉ, sénateur élu sur une liste PS, avec une majorité de voix de grands électeurs PS, explique donc qu'il est légitime de s'interroger sur la participation d'EELV à la majorité gouvernementale. L'effet aurait pu durer, si François HOLLANDE n'avait pas réagi en disant, qu'effectivement, on pouvait s'interroger sur la participation d'EELV à la majorité gouvernementale ! Douche froid pour les stratèges apparatchiks de la politique partisane : en voilà un pris à son propre jeu et qui doit aller à Canossa dans une quasi indifférence.

 

L'histoire serait presque amusante, si la veille, alors que le président de la République est à Chelles pour signer les premiers Contrats d'Avenir -engagement de campagne et mesure dont on ne peut dire que la philosophie n'est pas de Gauche-, il ne se faisait siffler par une poignée de manifestants… communistes ! Drapeau à la main, cette poignée de survivants du PCF sifflait le candidat socialiste devenu président de la République grâce au rassemblement des Gauches, au cri de « Plus à Gauche », oubliant le nombre de villes (Lyon, Lille, Dijon, Grenoble,…) dans lesquelles ces « Plus à Gauche »-là n'hésitent pas à être adjoints dans des majorités avec des élus qui se revendiquent du Centre ou du Centre-Droite !

 

Ces « Plus à Gauche »-là oublient aussi cette habitude qu'ils prennent au Sénat, de multiplier les votes avec la Droite pour faire échouer des mesures aussi « réactionnaires » que le forfait énergétique ou la loi budgétaire qui finance les contrats d'avenir ou la gratuité de l'IVG ou des contraceptifs pour les mineurs ! Le vote révolutionnaire a parfois ses logiques...

 

Est-il normal que Radicaux, Écologistes et Communistes ne s'alignent pas sur les positions des Socialistes majoritaires dans la majorité ? Assurément ! S'il n'y avait pas de différences, pourquoi faudrait-il qu'il y ait plusieurs partis ?! Et quand on dit que l'on n'est pas une majorité de godillots, que la démocratie a un sens plus pertinent pour la Gauche, cela doit s'inscrire dans la réalité de l'exercice du pouvoir, par l'expression de ses différences.

 

Mais en dehors du contexte déjà cité, n'oublions pas non plus ce qu'est un engagement de majorité. La Gauche a été majoritaire sur un programme. Ce programme n'était certes pas à la base celui de toutes ses composantes, mais il a été celui approuvé et soutenu par une majorité de ce qu'on appelle parfois, en démocratie, des citoyens ! Ce vote majoritaire doit-il faire taire les différences ? Non, bien sûr que non. Mais il oblige à quelques respect, à défaut des membres du parti majoritaire, au moins des citoyens qui se sont majoritairement exprimés.

 

Car M. MELENCHON, contrairement à ce qu'il aime radoter, n'est pas l'ayant-droit de la victoire, il n'en est que le faire valoir ! François HOLLANDE n'est pas devenu président de la République parce que, dans sa grandeur d'âme, M. MELENCHON, parvenu premier, lui a cédé sa place. François HOLLANDE est devenu président de la République parce que, arrivé en tête du 1er tour de l'élection présidentielle, il a réuni sur son projet une majorité de citoyen au 2nd tour. Cela ne donne bien sûr pas tous les droits, mais cela fixe une ligne qui est celle du respect du vote démocratique et de nos concitoyens.

 

On répondra, avec quelque justesse, que le Front de Gauche n'est pas dans la majorité. Et je répondrai, avec quelque justice, que c'est vrai, le Front de Gauche a fait le choix de ne pas participer à une majorité de Gauche.

 

Cela rend-t-il la chose moins grave ? À voir.

 

Car qu'EELV se dise non satisfait dans l'application de l'accord de Gouvernement signé avec le PS -cet accord que le PS a payé cher et comptant en sièges acquis aux élections sénatoriales sur les listes portées et soutenues par les socialistes et en circonscriptions législatives considérées par avance comme gagnées (on ne parlera même plus du cas caricatural de Cécile DUFLOT parachutée en or dans Paris)- c'est une chose. Que les Écologistes critiquent l'application de l'accord, pas l'accord même puisqu'ils l'ont approuvé, signé, et que les Socialistes l'ont dûment payé aux dépens de leurs propres militants.

 

Mais les Communistes et autres PGistes ?! Ils pensent que la ligne n'est pas la bonne, pas assez à Gauche, et je ne vais pas leur faire le coup du moins pire, de la Droite réactionnaire et du FN en embuscade, même si tout cela est vrai. Mais s'ils estiment, c'est leur analyse, que le projet socialiste amendé par les Radicaux et les Écologistes n'est pas assez à Gauche, n'est pas le leur, alors pourquoi se faire élire avec les voix socialistes aux élections législatives ? Pourquoi avoir demandé à pratiquer le front républicain pour ne pas être ensuite solidaire de la majorité qui en est issue ? Dans bien des circonscriptions où les Communistes étaient au 2nd tour, les Socialistes auraient pu se maintenir, et ils ne l'ont pas fait ; sans ces désistements, combien de députés FdG ? Sans les listes à majorités socialistes, combien de sénateurs FdG ?

 

Certains chez EELV et FdG critiquent la majorité gouvernementale, mais au moment de la rupture, entendent-ils rendre les sièges gagnés par les voix de la majorité citoyenne qui les leur a donné pour soutenir la majorité gouvernementale ? La réponse à cette question à quelqu'importance, car sans cela on pourrait croire que toutes ces crises, compromissions avec l'UMP et jérémiades médiatiques ne ressembleraient qu'à des postures politiciennes. Et le sens de l'engagement politique, lui, est ailleurs...

 

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