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C'est l'ouvrage des Parques qui filent et entremêlent les destins pour construire et dévoiler cette grande œuvre humaine

Publié le par Stéphane GOMEZ

Madame la Maire,

Mesdames et Messieurs les Élus,

Chères Vaudaises et chers Vaudais,

 

Ce n'est pas indifférents pour nous d'évoquer aujourd'hui tout le projet de renouvellement urbain du Mas du Taureau.

 

C'est une longue attente, un tiers d'un siècle ; c'est 8 ans de travail depuis 2024 pour que cette attente cesse et que les habitants du Grand Mas aient le renouvellement urbain qu'ils attentent. Renouvellement et non pas rénovations ou réhabilitations : c'est bien tout un quartier qui est repensé. Il ne s'agit pas de proposer quelques retouches cosmétiques.

 

Je ne reviendrai pas, au nom des élus du groupe Socialistes et Républicains et plus largement au nom des élus de la majorité municipale, sur l'ensemble des mesures qui fondent ce projet, Mme la Maire les a rappelées : diversification de l'offre de logements, rénovation profonde du logement ancien social ou privé (nous étions hier à l'inauguration de la réhabilitation de l'immeuble des Mouettes dans le quartier des Sauveteurs – Cervelières) ; diversification des fonctions avec des activités commerciales, économiques ou de formation, avec plus de services publics et des écoles reconstruites ; avec des espaces publics requalifiés, largement végétalisés ; avec un tramway pour connecter le Mas à la ville, le Mas à la Métropole, pour connecter la Métropole avec le Mas.

 

Ce sont aussi tous les aspects softs de la politique de la ville : près d'1M€ / an en programmation sociale pour soutenir les projets habitants portés par des associations ou la Ville, le Fond d'Action Locale ou le Fond Initiatives Habitants, les Cités Scolaires, la Cité de l'Emploi, les actions culturelles de proximité de l'Atelier ou de l'École des Arts, la Gestion Sociale et Urbaine de Proximité, etc… pour au quotidien accompagner les habitants dans leurs projets porteurs de liens sociaux ou sociétaux.

 

Dire la philosophie d'ensemble qui les porte tous dans leur apparente diversité, dire la philosophie de ce que nous portons : là où un précédent projet opportunément présenté quelques semaines avant les élections municipales de 2014 prévoyait uniquement de densifier, sans diversifier les fonctions, de créer un quartier dortoir tout en béton, nous voulons un quartier à vivre, aux fonctions et usages diversifiés, un quartier pour les habitants du Grand Mas, un quartier pour les Vaudaises et les Vaudais, un quartier pour tous, où chacune et chacun pourra venir plus facilement pour profiter du marché, de l'Atelier Léonard de Vinci, du campus renforcé, de la zone d'activité.

 

Un projet qui se fait.

 

On se souvient de l'incapacité des Exécutifs qui nous ont précédé à réaliser en 13 ans un centre aquatique, qui d'un plan à l'autre changeait de lieu ; les écoles aussi changeaient régulièrement d'emplacement sur les cartes, sans que la question de leur financement ne soit posée, sans le lancement des études nécessaires, pour finir en 2014 avec des modulaires dans toutes les cours d'écoles et des enfants scolarisés dans les communes limitrophes.

 

J'avais alors parlé -et ils m'avaient reproché le terme- d'incapacité à faire. Peut-être avaient-ils confondus « incompétence » et « incapacité », toujours est-il qu'ils avaient démontré leur incapacité à faire quand depuis nous avons démontré notre capacité à faire.

 

Faire des écoles, bientôt 3 de finies sans compter les 2 écoles modulaires ou les agrandissements de Grandclément ou Croizat, les réhabilitations au fil de l'eau comme encore celle de Lorca cet été. Faire une Médiathèque – Maison de Quartier. Faire le tramway (mais cela sera l'objet d'autres échanges durant ce Conseil). Faire des espaces transitoires. Faire la réhabilitation des Noirettes ou du Grand Bois. Faire des aires de jeux inclusives. Faire le renouvellement urbain du Mas.

 

La transformation de la commune, la transformation du Mas ne commence pas ce soir. Le mouvement est en cours depuis 2014. Ce soir nous actons collectivement, après les rénovations d'immeubles privés ou sociaux, après l'Atelier Léonard de Vinci, après le Groupe Scolaire René Beauverie et la Crèche Marie-Louise Saby, après les espaces transitoires, après les réhabilitations des Écoles Courcelles ou Martin Luther King et des EAJE ou du Gymnase des Noirettes ;

 

Ce soir nous actons un cap franchi, avec la clause de revoyure de l'ANRU que nous avions obtenu en 2018, qui s'est tenue cet été et qui permet d'engager un projet urbain ambitieux sur les Sauveteurs – Cervelières, avec l'attribution des 1ers lots qui accueilleront de nouveaux logements, une partie de l'offre commerciale ou le bureau de Poste et la Maison France Services, avec l'enquête publique en cours qui mettra définitivement le tramway sur ses rails du Carré de Soie jusqu'à Charpennes. C'est le Grand Bond en Avant.

 

Un mot enfin sur la concertation. Il est assez usuel de pérorer sur la méthode, à tel point qu'on finit par ne plus savoir si quand certains parlent de la forme pour renvoyer au fond, c'est en référence à Victor HUGO ou à la chaîne de coiffure Jacques-Louis David !

 

Parlons donc un peu de la méthode, effectivement. Depuis 2014, ce renouvellement du Mas, ce sont des heures et des heures, des dizaines d'heures, des centaines d'heures, des milliers d'heures de concertation, d'échanges, d'écoute, de co-construction. Par des réunions publiques ouvertes ou dédiées aux habitants d'immeubles ou de quartiers réhabilités, par des ateliers, par des promenades urbaines. Sur le marché du Mas, dans les écoles du quartier, en Conseil de Quartier ou en Conseil Citoyen, en étant en mode projet comme avec la Médiathèque – Maison de Quartier qui donna lieu à des dizaines de réunions avec toujours plusieurs dizaines de participants, avec des voyages inspirants.

 

Ce projet qui devient réalité n'a pas été fait pour les habitants : il a été fait par les habitants. Et on se souviendra que c'est à l'initiative de la Maire de Vaulx-en-Velin que pour la 1ère fois des membres d'un Conseil Citoyen ont été présents à un Comité d'Engagement de l'ANRU, en 2018, là où se décident les financements. Qu'ils ont été présents et actifs, qu'ils se sont librement exprimés, qu'ils ont donné leur point de vue, qu'ils ont soutenu le projet et que c'est leur intervention qui a obtenu la clause de revoyure de juillet dernier. Les 1ers membres d'un Conseil Citoyen qui ont participé à un Comité d'Engagement de l'ANRU, c'étaient ceux de Vaulx-en-Velin.

 

Il faut être modeste en terme de concertation : il est difficile de parvenir à toucher une majorité d'habitants et de le faire dans le temps. Mais toujours nous y tendons, toujours nous avons cette volonté chevillée, celle de penser que les habitants sont les meilleurs experts de leur vie.

 

Il faut savoir en permanence écouter et se réinterroger, et quand on nous interpelle, même après plusieurs mois d'échanges, il faut savoir continuer à échanger, à trouver des solutions, à apporter des réponses, dans le respect de celles et ceux qui se sont déjà exprimés, en continuant à avancer.

 

Nous sommes toutes et tous des sachants ou prétendons tous l'être. Nul ne sont meilleurs sachants de leurs vies que les habitants. Ce projet est celui porté par toutes celles et tous ceux qui se sont engagés dans sa co-construction. Chacun ne sera pas d'accord sur tout car c'est une œuvre collective, mais chacun pourra y retrouver son apport, sa vision, son ambition pour son quartier, pour sa ville.

 

« J'ai passé la matinée à relire les épreuves d'un de mes poèmes et j'ai fini par enlever une virgule. L'après-midi je l'ai remise » aphorisait Oscar WILDE. Cela fait des années que certains enlèvent des virgules. Nous, nous travaillons avec les habitants, pour -à notre modeste mesure- contribuer à changer la vie. Je crois toujours, nous croyons toujours que l'on peut changer des vies ; cela ne s'appelle pas la révolution, cela s'appelle « faire société commune ».

 

Ce projet de renouvellement urbain, ce n'est pas notre fierté, c'est notre modestie, celui de l'engagement tenu, celui d'être aux côtés et en soutien des Vaudaises et des Vaudais qui font ville commune, qui transforment leurs vies.

 

La ville se reconstruit sur elle même depuis des siècles, telle une tapisserie de Bayeux. C'est une œuvre d'aiguille et de dentelle, c'est l'ouvrage des Parques qui filent et entremêlent les destins pour construire et dévoiler cette grande œuvre humaine, pour ne plus être cette « vie commune », ce « contact obligé de deux êtres liés l'un à l'autre, passant des journées entières sans échanger une parole, allant et venant côte à côte, comme étrangers désormais, indifférents et solitaires » celui de la Bête Humaine de ZOLA, mais être ce permanent forum de rencontres, d'échanges, de rires et de passions. Pour être la vie.

 

C'est notre modeste ambition.

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