Inauguration de la rue Armand Menzikian
Madame la Maire,
Mesdames et Messieurs les Élus,
Mesdames et Messieurs,
L'occasion de cette dénomination de rue est le moment d'un nouvel hommage républicain à notre ancien collègue Armand MENZIKIAN, un hommage qui peut être celui de la part de l'ensemble des démocrates et humanistes.
Je ne reprendrai pas tous les éléments de sa vie dense, de bruits et de fureurs depuis ses origines, celles de l'exil dans la douleur et le sang, d'une fuite pour la survie, vers l'espoir ; de sa vie dense, d'engagements et de passions, pour sa ville, pour la jeunesse, le logement pour tous, l'action sociale,… pour les gens, pour les autres. La délibération en reprend quelques éléments et vous l'aviez fait pour nous toutes et tous, Mme la Maire, lors du Conseil qui a suivi son abrupt décès, à l'été dernier. Armand a eu une vie dense et riche. Une vie pleine.
Tous ceux qui ont connu Armand connaissent son personnage, bourru, râleur, provocateur. Hédoniste et affable. Le personnage était attachant.
Tous ceux qui ont pris la peine de connaître Armand, toutes celles et tous ceux pour qui il a eu assez de confiance et de respect pour leur offrir sa part pudiquement cachée de vérité, savent que derrière ce personnage se cachait la personne, un timide, un homme de parole, homme de valeurs, un homme de sincérité. Un esprit précis et précieux, qui en une sortie ou une question pleine de fausse innocence vous démontrait une analyse et une maîtrise des sujets dont peu peuvent se prévaloir.
Beaucoup ont été pris -positivement ou négativement- par ce personnage, sans voir la personne ; volontairement, pour protéger les siens, il s'est collé cette cible d'indolent, pour ainsi mieux piéger ses adversaires, trop heureux de lâchement s'offrir une victime qui semblait déjà offerte, et qui en vérité ne le voyaient pas venir et -sans comprendre- finissaient là où toujours il avait prévu d'arriver.
Laisser dire, laisser médire. Pendant que les naïfs ou les méchants se complaisaient dans leurs critiques, lui il pouvait avancer, construire, bâtir.
Car Armand était un passionné de la chose publique, pour en faire un outil de transformation sociale et individuelle, et toujours il avançait, il avançait au pas de charge ; car Armand était aussi un homme d'action, un bâtisseur qui ne s'arrêtait jamais avant minuit.
Armand était un Florentin, au plus humaniste sens du terme, un esprit précis, valeureux et tolérant ; et si vous le lui disiez il vous aurait à coup sûr et plein de gouaille faussement ingénu répondu : « qu'est-ce que c'est que ce truc là ? » avant de partir d'un rire chaleureux et modestement ou timidement se retourner. Car Armand ne se livrait pas en public.
Il ne pouvait pas y avoir meilleur choix que celui d'une rue du Sud de Vaulx-en-Velin, son Sud, pour cet hommage ; il ne pouvait pas y avoir meilleur choix que la rue d'une école, lui qui fut un enfant de la méritocratie républicaine, construit et émancipé par l'école, lui qui consacra une grand part de son engagement professionnel et militant à la jeunesse (il fut l'un des fondateurs de la MJC vaudaise, rappelons-le) pour rendre à la Nation ce que l'école lui avait offert ; il ne pouvait pas y avoir meilleur choix que la rue de cette école là, pour que ces 2 Sudistes passionnés, Odette et Armand, Armand et Odette, reprennent le cours de leurs débats enflammés et de leurs chamailleries nourries d'humour et de complicité. Nourries aussi littéralement de toutes les spécialités et tous les mets qui rendaient leur bureau de vote de Neruda légendaire.
Avec le nom de cette rue, Armand reçoit l'hommage public qu'il mérite, il inscrit officiellement son nom dans Vaulx-en-Velin et plus encore dans son Sud aimé ; il reçoit l'hommage de la République pour ce fils d'apatride, cet enfant de la méritocratie républicaine, qui n'aura eu de cesse de vouloir rendre au centuple tout ce que la République et la France lui auront offert. Alors pour conclure en reprenant Barbara, Armand : « Et pour tout cet amour là, merci, et chapeau bas… ».