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Toussaint Louverture, Georges Sand, Gisèle Halimi: laissons verdure...

Publié le par Stéphane GOMEZ

Madame la Maire,

Mesdames et Messieurs les Élus,

Mesdames et Messieurs, chers Vaudais,

 

La délibération de ce soir est un échelon important dans le renouvellement urbain du Grand Mas. Ces voies prolongées et ces routes nouvelles structurent le quartier du Mas en renaissance, l'ancrent définitivement pour l'ensemble des Vaudaises et des Vaudais, pour l'ensemble des habitantes et des habitants du Mas dans une réalité concrète ; une réalité qui se visualisera pour chacune et chacun dans quelques semaines dans les travaux de voirie et du parc qui commenceront ; des rues et un parc le long desquels déjà existe l'Atelier Léonard de Vinci, le long desquels d'ici la fin du mandat émergeront les édifices qui accueilleront des appartements choisis après une phase de concours, qui accueilleront des commerces, qui accueilleront une crèche et le bureau de poste, qui accueilleront le tramway et deux de ses stations.

 

Pour celles et ceux qui doutent ou veulent entretenir le doute, les dénominations de rues de ce soir disent définitivement que le renouvellement urbain du Mas est une réalité concrète, dynamique et agissante.

 

Un nom de lieu, que ce soit une rue, une place, un square, une école ou un équipement ; le nom d'un lieu ne parle pas de ce lieu seul ou d'un seul quartier.

 

Les noms publics disent une part de soi et une part de l'autre, ils disent une part de nous. Ils disent notre patrimoine commun, de ce qui fait de nous une Nation que nos origines soient d'ici, de là ou d'ailleurs, une société en partage. Ces noms disent la société que l'on construit, la société vers laquelle on aspire.

 

Les noms de lieux ne peuvent donc pas être monochromes, tous rouges, bleus, jaunes ou oranges, car cette monochromie nierait la complexité de notre monde, réduirait notre spectre visuel, enfermerait nos esprits et nos capacités à nous ouvrir à l'autre, à ouvrir nos champs de vision et nos esprits aux réalités du monde, aux complexités de notre société.

 

Notre société est multicolore, notre Nation est arc-en-ciel, et c'est ce que doivent dire les noms de nos lieux publics. Soyons une explosion de couleurs.

 

C'est ce que disent les noms nouveaux proposés pour des rues, celui de Gisèle HALIMI, celui de Georges SAND, celui de Toussaint LOUVERTURE.

 

Deux femmes et un homme qui tous trois disent la furieuse espérance, la volonté agissante de la Liberté. Dans des sociétés qui vacillent, ce sont trois personnalités républicaines qui toutes ce sont élevées, contre l'absolutisme et l'autoritarisme, contre l'esclavage, contre le colonialisme, contre le refus du droit des femmes à disposer de leur corps. Trois humanistes dressés contre les oppressions collectives, trois combattants de la Liberté engagés contre l'oppression individuelle.

 

En étant « contre », elles et lui étaient « pour », pour une société de respect, de libertés. Et à ce moment là, bien sûr, nous ne pouvons avoir qu'une pensée pour Robert BADINTER, disparu ce jour, et qui appartient à ce Panthéon des porteurs de flambeaux qui nous éclairent toutes et tous, à ces grands combattants pour le respect et les libertés individuelles et collectives.

 

La plume de Georges SAND fut aussi la pique d'un drapeau, celui de la Liberté guidant le peuple. La plaidoirie de Gisèle HALIMI fut contre la colonisation d'un peuple ou celle du corps de la femme. Le glaive de Toussaint LOUVERTURE sera brandi pour la Liberté et pour l'Égalité de tous, car nul n'est libre quand encore l'un de nous est oppressé, quand on lui refuse sa dignité.

 

Il serait possible de parler des heures de chacune et chacun, de Gisèle HALIMI, de Georges SAND et de Toussaint LOUVERTURE, de la complexité de leurs vies dans les chaos de leurs époques. Dans nos sociétés fragiles, elles et lui sont des références, des points de lumières qui nous donnent la direction d'une voie, celle de l'espérance, d'une société juste de libertés et de respect de l'autre, de dignité individuelle qui nous font faire vies partagées.

 

Retenons ce qui résume de manière trop incomplète ce qu'elles et lui ont de commun, ce qu'ils ont été et que peut résumer le titre d'un tableau d'Eugène DELACROIX que j'ai déjà cité et qu'a inspiré Georges SAND : La Liberté guidant le Peuple.

 

Et permettez moi de conclure par cette autre référence à Georges SAND. Elle prit comme épitaphe cette formule : « Laissez verdure », comme une référence anticipée au grand parc central du Mas sur lequel la rue portant son nom s'ouvrira. Par ces quelques mots, elle voulait dire qu'il faut vivre, aimer l'autre tant qu'il est vivant. Ce n'est pas dans la mort qu'il faut se trouver du talent.

 

Alors, oui, vivons ensemble, aimons nous vivant. Alors, oui, Georges, Gisèle et Toussaint : laissons verdure.

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