Voies Lyonnaises: Partager l'espace, ce n'est pas moins circuler, c'est mieux circuler, c'est tous circuler...

Monsieur le Président,

Chers collègues,

C'est comme piéton que je m'adresse à vous… pour vous parler de Paris !

Comme beaucoup ici, j'ai l'occasion ou l'obligation de régulièrement me rendre dans ce petit bourg des confins français nommé Paris, et comme tous je peux y constater le changement en quelques années, constater qu'il est plus agréable d'y circuler comme le piéton que j'y suis, parce qu'on n'y est plus contraint par les larges avenues où la voiture était partout, avec ses émissions de dioxyde de carbone ou autres particules fines. On n'y circule pas moins, on y circule autrement et mieux, on y circule tous.

Paris a, en matière de déplacements en modes actifs et de transformation et partage de l'espace, un mandat d'avance sur nous, faisant le choix du choc structurel il y a 10 ans maintenant, accélérant le déploiement de son plan vélos et piétons, en lien avec le plan TC de la Région.

Cela ne s'est pas fait sans difficultés ni débats ou polémiques, mais pas plus que certains ne pourraient pas faire un métro sans creuser des tranchées, on ne partage pas l'espace public sans travaux de voirie.

Les Voies Lyonnaises sont ce choc structurel que nous avons engagé à notre tour, le choc nécessaire pour amplifier le précédent plan vélo qui pensait et organisait enfin une vision globale des déplacements cycles sur notre métropole.

C'est normal qu'un changement de cette ampleur ne se fasse pas sans difficultés ou débats ; on aurait pu souhaiter que cela se fasse sans polémiques.

Devant la presse, tout le monde est favorable aux cycles et aux Voies Lyonnaises. En séances publiques ou dans les coulisses, c'est plus complexe. Sous prétexte d'esprit critique, c'est l'esprit de critique qui prévaut. On peut nous dire (sur ce sujet comme d'autres, d'ailleurs…) que la concertation n'est pas vraiment une concertation et en même temps que dans cette « non concertation » ce n'est pas normal de ne pas retenir que les remarques dé-constructives ou partisanes, fussent-elles très minoritaires. C'est aussi le débat sur les travaux et leurs effets ; quand ce sont les mêmes qui veulent un « plan métro », on se demande comment ils auraient réagi avec des voies bloquées plusieurs mois, des congestions à ne plus en finir. Les mêmes peuvent regretter que les travaux ne soient qu'en hyper-centre de l'agglomération sans dire qui fait en sorte que les travaux ne se fassent pas au-delà du périphérique.

Certains se proposent même d'organiser ce blocage en meute : j'espère que ce n'est pas leur inconscient qui parle, car l'objectif de la meute, c'est la mise à mort de sa victime.

On peut ne pas être favorable au vélo ou aux Voies Lyonnaises, on peut même être resté au tout bagnole des années 70, mais on peut au moins nous éviter le discours de la méthode ou la méthode du discours.

On peut ne pas être favorable au partage de l'espace public entre les différents modes de mobilité, mais on ne peut pas nous reprocher de porter les Voies Lyonnaises. C'est un engagement clair des listes écologistes au 1er tour de l'élection, qui nous proposaient de partager leur REV ; puis un engagement tout aussi clair des listes d'union Gauche – écologistes au 2ème tour, et on ne peut pas dire que le débat politique n'ait pas été porté durant la campagne, que ce projet soit entré dans le débat public par effraction.

Alors, oui ! oui, nous allons mener à bien les Voies Lyonnaises, parce que c'est un engagement politique pris devant les Grands Métropolitains et que c'est l'honneur des élus de montrer que l'action publique a un sens, que la parole politique et les engagements électoraux se tiennent ; ne pas le faire, c'est entretenir les populismes et la désespérance.

Oui, nous allons mener à bien les Voies Lyonnaises, parce que partager l'espace public entre automobiles, cycles et piétons, ce n'est pas moins circuler, c'est mieux circuler, c'est tous circuler et dans des aménagements urbains requalifiés, végétalisés, apaisés, plus agréables pour toutes et tous.