Overblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog

J'ai éteint la télé...

Publié le par Stéphane GOMEZ

     20h00, retour d'une réunion qui a enchaîné avec ma journée professionnelle. Pour faire le point sur l'état du monde, j'allume ma télévision pour regarder le journal de France 2 en même temps que je dîne.

     La grande messe du service public commence par ce nouveau générique, agressif, qui doit faire monter en nous la tension, l'attente d'une nouvelle catastrophe pour laquelle nous suivrons tout le journal, toute l'émission. À la télé, les informations sont un produit d'appel comme les autres.

     Les informations suivent leur déroulé normal, banal avec une dose de faits divers avec les sujets plus "barbant" de politique internationale (on n'a pas tous les jours une bonne guerre pour faire l'ouverture). Un repportage amusant sur les députés qui s'apprêteraient à voter l'interdiction de fumer dans les lieux publics, qui l'ont imposée à l'Assemblée Nationale sauf... pour eux-même (cela me rappelle cette brève sur un vice-président U.M.P. de conseil général, qui continue à conduire sans permis pour protester de la manière dont celui-ci lui a été retiré).

     Petit sourire en coin: des personnels grévistes de G.D.F., protestants contre la privatisation d'un service public, vont prêter main forte aux agents d'E.D.F. (plus assez nombreux depuis la privatisation?) après les dégats de la mini-tempête dans le Sud-ouest.

     Puis le reportage sur les prétendants à l'investiture socialiste, qui est l'occasion de lancer une série de "reportages de fonds", pour faire, avant l'élection présidentielle, le tableau de la France de ces 20 dernières années.

     Première surprise, la série commence avec un sujet "brûlant": l'état des classes moyennes en France, dont PUJADAS nous explique qu'elles sont les grandes perdantes de la situation économique (veut-il parler du nouveau stade de développement du capitalisme?). Les chômeurs et autres précaires ont de quoi s'endormir tranquilles.

     Le reportage débute à la sortie de l'usine avec un directeur d'études, qui se rend dans son espace (ou quelque chose du genre, ceux qui me connaissent témoigneront que je ne suis pas spécialiste en automobile) dans sa demeure estimée à 320 000 euros. Le "reportage" continue sur cette famille moyenne, qui a du mal à joindre les debouts entre les 2 500 euros du père, les 1 000 euros d'aides sociales diverses (5 enfants, ça aide) et les "petits boulots" de la mère qui garde des enfants à l'occasion. On commence à nous parler des factures d'électricité,…

    Et là, quelques rapides idées commencent à me traverser l'esprit. 60% des familles françaises ne sont-elles pas locataires de leur logement faute souvent de pouvoir l'acheter? 80% des foyers ne vivent-ils pas avec moins de 1 800 euros par mois? Cette famille de classe moyenne (moyenne plus) a-t-elle le début d'un commencement de représentativité? France 2, chaîne de "service publique", est-elle crédible en nous parlant des "problèmes" d'une famille de propriétaires touchant plus de 3 500 euros pas mois pour illustrer le problème crucial du pouvoir d'achat et de la redistribution des richesses?

     Et là, sans bien comprendre comment, je me suis rendu compte que j'avais éteint la télévision. Ce soir, je vais lire un peu...
Commenter cet article