La machine à perdre
Mais nécessité fait souvent loi et le spectacle offert par quelques camarades m’incite à repousser brièvement ce que j’avais initialement prévu.
Comme souvent, c’est la question des candidatures et donc des personnes, qui fut la cause des tensions. Les déceptions individuelles sont compréhensibles, et les crispations qu’elles entraînent pardonnables dans certaines limites.
Le sentiment de vouloir écraser collectivement toute une sensibilité du parti est plus déplaisante; on l’avait constaté localement, j’ai pu le voir au niveau national. D’autant que certains pères la morale de la politique n’ont pas hésité à prêter leurs poignards contre quelques strapontins.
Vae victis: les vainqueurs ne veulent pas partager. Ils préfèrent perdre seul (il sera toujours temps de nous accuser d’avoir divisé le parti) que gagner avec certains de leurs camarades. C’est en tout cas l’impression qu’ils donnent.
Ce qui s’est passé dans le Rhône est hautement significatif. Je peux en parler d’autant plus aisément que tout cela circule déjà allègrement dans la presse, abreuvée par les conseillers du prince.
Dans la 4ème circonscription, les camarades n’auront pas à voter, puis qu’il y a eu “gel” après la clôture des candidatures, contraignant 2 camarades de longue date à voir leur ticket éjecté de la course; c’est pourtant un progrès car cela évitera les situations précédentes où les camarades sont appelés à voter avant qu’on leur impose finalement d’autres candidats. Cette fois-ci, on ne les trompe pas: ils n’auront pas du tout à voter!
Dans la 1ère circonscription, mon amie Zohra a eu l’outrecuidance de se présenter face au ticket soutenu par le Maire de Lyon, ticket annonçait déjà sa candidature dans la presse, avant le vote militant; outrecuidance dans l’outrecuidance, Zohra s’est même permis de gagner l’investiture. Immédiatement, la rumeur a couru et enflé: comme par hasard, c’est cette circonscription qui sera octroyée à un allié de Gauche (qui plus est un allègre cumulard qui a déjà prouvé son incapacité à faire une bonne campagne électorale).
Le plus lamentable dans cette dernière situation, c’est que l’accord d’appareil a été imprimé dans la presse de ce samedi 1er juillet (et donc annoncé la veille au moins aux journalistes lyonnais) alors que c’est ce samedi que se tenait la dernière commission électorale nationale avant le vote de validation par des délégués venus de toute la France et représentant l’ensemble de nos camarades.
On nous reprochera encore après cela de ne pas respecter le vote militant, quand sur des questions de fonds nous préférons notre éthique au centralisme démocratique!
Certains n’attendent même pas qu’il ait eu lieu pour faire ce qu’ils veulent, quand ils veulent; voire ils s’arrangent pour qu’il n’ait pas lieu!
Des discours démocratiques à la pratique il y a parfois (pas toujours, rassurons-nous) un gouffre, que certains ne veulent plus franchir. Mais à force de faire sans ou contre sa base militante, on se retrouve bien seul pour mener des campagnes! Un général peut être bon stratège, sans troupes il n’est rien. En période de trêve on ne s’en rend pas toujours compte, en période de campagne (même électorale) on le paie comptant.
Car à force de mépriser les gens, les gens vous le rendent bien; nous ne sommes pas un parti d’adhérents soumis mais un parti de militants, qui ont de la mémoire; et en bons laïques, quand on nous gifle la joue droite, nous ne tendons pas la joue gauche!
C’est ceux qui manipulent et méprisent les militants qui divisent le parti et doivent en assumer la responsabilité.
Amitiés socialistes,
S.G.