Lionel revient
Comme nous tardions à voir en lui le recours, Lionel nous rappelle qu’il peut / veut l’être.
Cette intervention télévisée sans intérêt de mercredi dernier (le 28 juin) résume tout l’échec du positionnement de JOSPIN depuis 2002.
Le 21 avril 2002, celui-ci prend une décision politiquement et humainement courageuse; il ose -ou semble oser- dans la débâcle en tirer toutes les conséquences personnelles.
La mise en pratique de cette courageuse décision laisse elle un goût plus amer. Dans ce moment de tempête, il revenait au commandant de bord de tenir encore le gouvernail, pour ne passer la barre à un successeur qu’après le gros des bourrasques. Mais bon, soyons humain… On peut comprendre sa réaction.
La suite fut toujours moins noble. Pendant 4 ans, à coup de livres, de tribunes ou d’interventions médiatisées en section du “camarade Lionel”, l’ancien Premier Ministre tente de faire vivre l’idée d’un retour qui n’en serait pas un, sans jamais y parvenir. Il veut apparaître au-dessus de la mêlée, le sage du socialisme donnant modestement une voie qui pourrait être la voie.
Car tenu par son engagement, il ne veut pas (il ne voulait pas, jusque mercredi dernier) faire acte de candidature. Il préfère probablement qu’on l’appelle, comme on appellerait un messie. Dans un parti laïque, voilà un comportement pour le moins gênant…
Car les socialistes, la Gauche et les Français n’ont pas besoin d’un sauveur. Quelle vision arrogante de la politique.
Les ambitions sont légitimes, encore faut-il les assumer, comme il faut assumer ses propos -même précipités par l’émotion- quand on est l’homme qui “dit ce qu’il fait et fait ce qu’il dit”.
Problème de forme dans son retour donc.
Problème de fonds également!
Car depuis ce 21 avril, on ne peut pas dire que Lionel JOSPIN ait beaucoup donné dans l’auto-analyse, lui préférant l’autosatisfaction.
L’échec de la présidentielle, il l’explique par le contexte, par la multiplication des candidatures à Gauche. Jamais il ne s’interroge sur son incapacité à rassembler.
Il ne remet pas en cause sa campagne, sa stratégie qui est de réunir au-delà du clivage Gauche - Droite (“Mon programme n’est pas socialiste”).
Il ne remet pas en cause sa ligne politique sociale-libérale qui a désespéré le peuple de Gauche comme il a désespéré les ouvriers de Lu en grève qui demandaient son soutien et à qui il répondait, laconique jusqu’à l’insensibilité, que “l’État ne peut pas tout”! Les propositions dans son dernier livre n’ont fait que confirmer une dérive conservatrice.
Il ne se remet donc pas en cause dans l’échec.
C’est alors les Français qui auraient eu tord, qui ne comprennent rien!! Son attitude lors de la campagne sur le référendum sur la Constitution européenne confirme cette vision des choses, quand il explique avec arrogance que lui l’a lu et qu’il ne trouve rien de libéral dans ce texte pourtant contesté par tout la Gauche radicale et les couches populaires, et soutenue par toute la Droite libérale et le patronat.
Depuis 4 ans, pendant que nous nous battions, pendant que nous étions dans le mouvement social et le combat politique, Lionel JOSPIN était sur son île, méditant sur les moyens de son retour plus que sur les raisons de son échec.
Pendant 4 ans, nous avons du nous passer de lui, nous continuerons. Pendant 4 ans nous avons travaillé, lui a continué à s’éloigner politiquement des aspirations de la France de Gauche qu’il n’a déjà pas sûr incarner en 2002.
Merci pour ta disponibilité, Lionel, mais nous ne ferons pas appel à toi.