Pour en finir avec la fête du Travail
Donc le 1er mai, c'est "aussi la fête du Travail".
Enfin, c'est vite dit, car pour ne rien vous cacher, dans la chaleur de ce 1er mai, je n'ai pas battu le pavé pour célébrer le Travail.
Non, moi j'ai été à la manifestation des Travailleurs!!
Car faut-il avoir la mémoire un peu courte, pour oublier que jusqu'à l'initiative d'un certaine PÉTAIN, le 1er mai voyait défiler les salariés derrière des mots d'ordres sociaux, et que c'est notre Maréchal collaborateur qui fit de la Fête des Travailleurs une Fête du Travail.
Petite nuance sans conséquence? Je ne crois pas, car derrière la sémantique se cache la doctrine, et pour tout dire je n'ai pas été surpris d'entendre Nicolas SARKOZY faire une partie de sa campagne présidentielle sur le thème de la réhabilitation de la "valeur travail"; ce qui m'a le plus interpellé, c'est de lire les journalistes expliquant qu'il chassait ainsi sur les terres de Gauche, en récupérant l'un de ses thèmes traditionnels.
Car le travail n'est pas une valeur de Gauche. Qu'est-ce que cela signifierait? Que nous avons en soit le culte du travail? le travail bien fait? le sens du sacrifice pour son travail? des efforts à consentir dans son travail? des efforts à faire pour être à la hauteur de sa tâche?
Mais c'est là toute la rhétorique droitière, qui nous explique qu'il faut savoir faire des efforts pour que l'économie aille mieux, que le plan social est cruel mais nécessaire, indispensable pour sauver l'entreprise et donc maintenir le "travail" en France.
Faire du travail une valeur en soit, c'est l'opposer aux travailleurs.
Bien sûr que j'aime mon métier; j'ai la chance de l'avoir choisi, de m'y épanouir, et j'aime le faire de manière satisfaisante. Mais je ne suis pas prêt à le faire dans n'importe quelles conditions, car je travaille pour vivre et je ne vis pas pour travailler. Et quand je défends le travail, je défends en fait la possibilité pour tous d'exercer un travail dans des conditions satisfaisantes et avec un salaire lui permettant un épanouissement personnel. Ce qui m'intéresse dans le travail, ce sont les travailleurs.
Ce jeudi 1er mai, j'étais bien dans les défilés, mais pas pour célébrer le travail, j'y étais pour défendre les travailleurs, pour défendre nos acquis sociaux et pour construire le rapport de force social qui doit nous permettre d'en conquérir d'autres.
Il faut que cesse cette fête du Travail… Que vive la fête des Travailleurs!