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MINITEL AU SOFITEL

Publié le par Stéphane GOMEZ

 

Il y a quelques semaines, la ville de Vaulx-en-Velin a eu le rare « privilège » de la « une » de plusieurs journaux télévisés ou on line : à Vaulx-en-Velin, on fait la queue la veille au soir pour inscrire ses enfants en centre aéré !

 

L'image avait presque quelque chose d'exotique : après tout, « on est à Vaulx-en-Velin », dans cette ville pauvre au centre du 2ème cœur économique de France !

 

L'image était presqu'anachronique, à tel point qu'« on » en oubliait de préciser que cette réalité est celle des Vaudaises et des Vaudais depuis des années. Et d'ailleurs, on se demande bien pourquoi ces caméras débarquent soudainement ce jour-là cette année-là, qui a pu les prévenir cette fois-ci, pour quoi les intéresser maintenant alors que cela dure depuis si longtemps ? Mystère… Mais bon, on saura bien un jour à qui a profité le crime !

 

Au-delà de ce mystère de bubble gum médiatique, cette mise à jour souligne le triple échec de l'ancienne majorité municipale et donc le triple enjeu de la nouvelle équipe élue en mars dernier par les citoyens de la ville.

 

Tout d'abord, la dégradation de l'offre de service public sur la commune. L'ancien exécutif n'avait de cesse de répéter que les Vaudaises et les Vaudais méritaient le meilleur, ce en quoi nous ne pouvons être qu'en accord. Mais ce meilleur, c'était quoi ? Un planétarium, équipement prestigieux d'agglomération mais pas d'une utilité locale quotidienne, et après ? Un centre nautique annoncé depuis 10 ans et dont le 1er trou n'a pas été creusé, et encore ? Le nombre de place en crèche est la moitié de la moyenne départementale (chiffre CAF) ; il faut faire la queue pour inscrire ses enfants en centre aéré ; les écoles primaires et maternelles n'ont pas été restructurées depuis 30 ans (30 ans!) sauf 3 d'entres elles, dans lesquelles il faut déjà installer des algecos pour répondre aux besoins ; les 2 écoles promises depuis une dizaine d'années elles aussi n'en sont toujours pas à la phase d'étude ; les bibliothèques entrent à peine à l'heure d'internet et ne proposent toujours pas l'offre culturelle et d'ingénierie d'une médiathèque ; les gymnases ne sont pas aux normes « handicap » ou les stades ne sont pas du tout aux normes eux ;… Le meilleur ne se proclame pas, il se construit ! L'offre publique de service sur Vaulx-en-Velin est notablement insuffisant, et aujourd'hui l'enjeu n'est même pas de faire mieux mais de faire aussi bien que les villes avoisinantes !

 

Ce qui fait le lien avec le 2ndéchec de la politique antérieure : l'absence de projet politique ! Tout ne peut se faire en même temps, surtout en période d'argent rare (rare en tout cas pour les collectivités publiques). Encore faut-il l'accepter, l'assumer, c'est-à-dire définir une ligne politique, assumer des priorités, tracer un agenda et des objectifs, et surtout définir des critères. On se souvient du passage de l'ancienne ministre de la Famille à Vaulx-en-Velin, effarée devant le discours de responsables de crèches et expliquant qu'ils n'avaient aucune ligne, aucun critère, pour gérer le manque criant de places (ce que venait confirmer -et pour l'absence de places, et pour l'absence de projet politique- le rapport de la Chambre Régionale de la Cour des Comptes) ; la ministre finit par afficher son scepticisme : la députée de la circonscription qu'on disait candidate pour la municipalité en faisait trop avec cette « manifestation de directeurs », après quoi on lui rappela que ces directeurs et responsables de crèches étaient financés majoritairement par l05272354-photo-facebook-minitela Ville et donc pas forcément favorables à la députée, mais le naturel revenant au galop, ils ne pouvaient manquer une visite ministérielle pour exprimer leur désarroi ! Une politique ne s'improvise pas, elle se définit ! Il faut lui donner un contenu, en définir les contours, les priorités et les critères sur lesquels le service n'est pas commercial mais public !

 

De cette absence de vision et de cette absence de réalisation découlent les crises : pas assez de places, pas de critères pour attribuer ces places, et donc des parents angoissés qui font la queue toute une nuit pour accéder au droit au loisir pour leurs enfants, sur la base du « premier arrivé, premier servi » ! La ligne politique de l'ancien exécutif « progressiste », c'était finalement la loi du plus fort ! À ce stress des parents s'ajoutent celui des agents municipaux, contraints d'assumer et de gérer comme ils peuvent une situation qui n'est pas de leur fait, qu'ils subissent eux aussi ! Car l'outil politique vaudais, en plus d'être insuffisant en quantité, est obsolète : à l'heure de la e-administration -confort pour les citoyens usagers comme pour les conditions de travail des agents municipaux- à Vaulx-en-Velin, on fait encore la queue pour inscrire ses enfants ! Point de médiathèques, on en est encore à des bibliothèques déconnectées ! Point d'internet dans les écoles,… C'est le 3ème niveau de restructuration de l'outil politique qui doit être conduit à Vaulx-en-Velin, restée sur des outils dépassés mais aussi des méthodes dépassées ! En fait, à l'heure du wi-fi et de la 4G, à Vaulx-en-Velin on en est encore à utiliser le minitel au Sofitel…

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