LES CONS, ILS M'ONT RENDU MEILLEUR…

C'était beau. Ces hommes, ces femmes, jeunes et vieux, Blancs, Noirs, Arabes ou Asiatiques, riches et pauvres, juifs, musulmans, chrétiens, athées ou d'une autre démarche spirituelle, hétéros ou homos ou bi, trans ou bio, tous ces hommes et toutes ces femmes ensemble, en colère mais sans haine, c'était beau.

Entre samedi et dimanche, plus de 7% de la société française était là, autour de mots de respect et non des mots de division. 7% et combien d'autre qui n'ont pas pu être là de corps mais l'étaient de coeur.

Et pas de haine. De la colère, bien sûr. Mais pas de haine. Pour la première fois depuis longtemps, depuis trop longtemps, on ne désignait pas l'ennemi intérieur, qu'il soit musulman ou arabe ou juif ou pédé ou flic ou je ne sais quel autre « ennemi imaginaire ». Ce week-end on n'était pas « contre » mais « pour », pour la liberté de la presse, pour la liberté de caricature, pour la liberté de conscience, pour la fraternité, pour le vivre ensemble, pour notre Nation en partage, bref : ce week-end, j'étais pour la République.

Ce week-end, on revenait au fondement de la liberté individuelle, qui voit l'autre comme un être à part entière, à part et entier en soi, un être propre, et non pas le membre intégral de quelque communauté intégraliste. Bien sûr qu'en France on peut appartenir à une ou des communautés, on l'est de fait tous. Mais l'appartenance communautaire ne doit pas être exclusive et surtout excluante: dans notre société libérale, être de telle origine ou de telle croyance philosophique ou religieuse n'induit rien d'autre et n'exclut pas, ne doit pas exclure. On est de plus plusieurs communautés, choisies ou de fait, et tout le reste, quand on ne vous voit plus que comme flic, ou juif, ou Arabe, ou pédé, ou autre est de l'assignation identitaire et c'est déplorable, et c'est dangereux, et c'est à gerbe. Mais dans les rues de France et du monde, hier, on n'était pas exclusif, on était ensemble, on était des potes, on était des frères en République.

Bien sûr, le plus difficile commence maintenant. Les haineux n'ont pas désarmé, qui ressaieront dès demain -comme ils ont vainement tenté depuis mercredi- de distiller leur venin dans le corps vivant qui s'est redressé. Mais depuis une semaine, les LE PEN, ZEMMOUR et autres DIEUDONNÉ doivent fermer leur gueule et putain, ça aussi c'est beau. Ils essaient de parler mais ils sont inaudibles, leurs discours de haine glissent sur les discours de respect. Les terroristes essaient de diviser la société aussi, grâce à des « journalistes » bien obséquieux, trop heureux de les laisser parler « au nom des musulmans » ; mais leur piège ne fonctionne pas, seuls les cons veulent croire que les musulmans ont une quelconque responsabilité dans la dérive meurtrière de quelques esprits criminels. Aujourd'hui, on rejette ces 2 discours, l'esprit démocratique chevillé au corps.

Ils réessaieront demain, ces 2 formes de la même haine. Et nous, nous devons, sur la force renaissante de ce week-end, leur dire que nous ne sombrerons pas dans leur suicide français. Nous valons mieux qu'eux.

Le plus difficile commence, bien sûr, mais ce week-end les Français ont aussi réaffirmé que nous faisons Nation, ils ont re-dit qu'ils croyaient en cet invincible espoir qu'est la République. « Sous l'apparent oubli et l'apparente indifférence, le besoin subsistait de retrouver cette émotion extraordinaire (…). Les sommets ont une force attirante. La République a vaincu car elle est dans la direction des hauteurs et que l'homme ne peut s'élever sans monter vers elle ».

Les cons, ils voulaient nous mettre à genoux, ils nous ont fait nous lever.