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Inauguration du Collège Henri Barbusse - "nos collèges ne sont pas en tout cas des formules abstraites"

Publié le par Stéphane GOMEZ

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Il y a un an seulement, 364 jours pour être précis, j'ai eu le plaisir d'inaugurer le Collège Aimé Césaire. Aujourd'hui, une rue traversée, j'inaugure de nouveau un collège, ancien et si neuf, le Collège Henri Barbusse.

 

Un an après seulement, c'est de nouveau l'occasion de signaler l'effort particulier accordé par le Conseil Général aux collèges vaudais (et même au-delà, puisque le Département est intervenu financièrement dans la restructuration de plusieurs groupes scolaires primaires de la commune), et c'est donc l'occasion de saluer et de remercier publiquement, ouvertement et sincèrement notre présidente, Danielle CHUZEVILLE.

 

J'ai lu dans la presse que certains s'étonnaient que l'on puisse faire avec celles et ceux qui ne sont pas forcément les plus proches politiquement. Qu'ils s'étonnent, moi je préfère être dans le faire que dans l'incantatoire, le discursif et le rhétorique. Je préfère être dans le faire, et donc je me réjouis de voir aujourd'hui ce collège entièrement restructuré et mis à disposition pour travailler à la réussite scolaire des collégiennes et des collégiens de Vaulx-en-Velin.

 

Si la qualité matérielle d'un établissement scolaire ne fait pas tout, elle contribue, à son niveau, aux côtés de tous les personnels adultes, les parents d'élèves et les élèves, à la réussite de ces derniers. Et pour ce Collège Henri Barbusse, c'est de nouveau un effort de près de 10M d'€ qui a été consenti par le Conseil Général, qui s'ajoute aux autres investissements d'équipement.

 

Le chantier ne fut bien sûr pas simple, et il faut souligner la patience et l'engagement de tous, équipes de direction, équipe enseignante, personnels administratifs et techniques, parents et élèves, pour en assurer le succès, d'abord durant ces 2 années passées « hors cadre » dans les locaux de Jean Vilar, ensuite lors du réaménagement et enfin dans un début d'année scolaire probablement plus difficile qu'espéré.

 

Ce début d'année scolaire fut complexe et contraint, mais chacun y aura apporté son énergie et sa bonne volonté, il faut le souligner et remercier chacun. Cela a contribué à ce que, comme le Conseil Général, s'y était engagé le Collège rouvre ses portes ce 2 septembre 2013, en temps en en heures, avec difficultés, avec des choses à revoir, mais sans retard.

 

Malgré les mauvaises surprises d'un chantier, le rythme a été maintenu, et même quand pour des raisons qui demeureront surprenantes certains ont soudainement voulu demander de nouveaux aménagements, au risque de retarder de plusieurs mois la ré-ouverture de l'établissement, la volonté a été maintenue, et les délais ont pu être tenus.

 

Cet effort du Conseil Général pour nos collèges et nos élèves entre en échos, même si le calendrier et les rythmes ne sont pas les mêmes, avec l'effort lancé par notre Gouvernement pour refonder l'éducation prioritaire et en faire un vecteur de la réussite de toutes et de tous.

 

La tâche est aussi ardue que l'enjeu est important, et c'est bien cet enjeu qui doit être au cœur de notre démarche et non pas les difficultés du processus. J'ai été désolé de lire dans la presse locale un compte-rendu n'insistant que sur les difficultés de la mise en place des nouveaux rythmes scolaires dans le primaire. Mais qu'est-ce ce qui est important ? Les difficultés de la mise en place ? Ou les raisons, les objectifs et les ambitions de ces nouveaux rythmes, au service de la réussite des élèves et d'abord de celles et ceux des catégories les plus populaires, auxquels une nouvelle offre culturelle, de loisirs ou de soutien peut être proposée ?

 

Cette nouvelle ambition pour l'éducation prioritaire s'inscrit en étroite relation avec le travail mené par le ministre de la Ville dans son plan de renouvellement urbain, qui affirme -c'est nouveau- qu'on ne travaille pas à la cohésion sociale sans les habitants des quartiers populaires, qu'ils doivent être les acteurs de la démarche. L'école est l'un de ces acteurs de la démarche, et plus que jamais nos collèges doivent s'inscrire dans nos quartiers.

 

C'est la même exigence qui conduit la réforme de l'éducation prioritaire, dont la 1ère étape est d'engager un dialogue avec ses acteurs, chaque établissement notamment ayant pu bénéficier de temps banalisés pour réfléchir, s'exprimer, critiquer et proposer.

 

C'est dans cette ambition que nous devons inscrire le Collège Henri Barbusse entièrement restructuré. Le lieu est le même, mais c'est bien la seule chose qui n'a pas changé. Le lieu est le même, mais l'espace est totalement différent. Il est un outil que doivent s'approprier élèves, parents d'élèves, équipes pédagogiques, équipes de directions et personnels administratifs et techniques, pour s'y épanouir personnellement et construire collectivement notre réussite comme société et celle d'abord des collégiennes et des collégiens dans cette étape de leur vie et de leur construction, de leur émancipation.

 

Il n'est pas possible de conclure l'inauguration du Collège Henri Barbusse sans vouloir citer l'écrivain Henri BARBUSSE. Mais il faut reconnaître qu'il n'est pas simple de trouver chez l'auteur de la guerre une phrase qui s'applique à l'éducation. Il fut l'auteur de la souffrance et du sang versé, et je ne voudrai pas que l'on croit que je pense que ce collège doit être un lieu de souffrances et de sangs versés.

 

Je citerai alors ce passage de l'Enfer(1908) :« Comment être heureux dans un calme parfait et une clarté pure, abstraite comme une formule. Nous sommes faits de trop de besoins et d'un cœur trop déréglé ».

 

Est-ce parce que nos collèges sont rarement d'un calme parfait que nous y sommes heureuses et heureux ? Ils ne sont pas en tout cas de ces formules abstraites dont on fait les mauvais ateliers. Ils sont les cœurs vivants de nos quartiers et les outils qui font notre société. Et chacun ici, adulte et élève, est l'artisan qui besogne avec cet outil pour créer notre société en construction, déconstruction et re-construction constante.

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Mais plutôt que de vouloir trop tronquer Henri BARBUSSE, je préfère avoir la facilité de re-piocher dans l'oeuvre d'Aimé CÉSAIRE et de re-citer cette phrase de l'auteur martiniquais que j'avais utilisée il y a un an pour conclure lors de l'inauguration d'un collège tout proche : « Et surtout mon corps aussi bien que mon âme, gardez-vous de vous croiser les bras en l'attitude stérile du spectateur, car la vie n'est pas un spectacle, car une mer de douleurs n'est pas un proscenium, car un homme qui crie n'est pas un ours qui danse... » (Cahier d'un retour au pays natal, 1939).

 

C'est par cette citation que je terminerai, car elle exprime ce que j'espère aujourd'hui et plus encore demain, pour le Collège Henri Barbusse, pour chaque collégienne et collégien et pour tous les adultes qui vont l'animer, personnels éducatifs, administratifs, sociaux ou technique, parents d'élèves qui de plus en plus investissez l'établissement.

 

Ne soyez pas, ne soyons pas spectateur de cet établissement, soyons en acteurs.

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