11 novembre et identité nationale
Il n'y manquait que quelques poilus, mais il n'y en a plus, le dernier est mort: le dernier combattant français de la 1ère Guerre Mondiale n'est plus, il n'est plus combattant et il n'est plus Français, ce citoyen de la République né en Italie.
L'ironie est plaisante en plein "débat" sur l'identité nationale: le dernier poilu français était né italien!
L'ironie est mordante et montre bien ce que ce débat -lancé par BESSON, le "progressiste" aux ordres de SARKOZY- a d'hypocrite et de malsain.
Il y a 95 ans, la République était moins regardante sur les origines des soldats appelés à défendre le sol national: les sauvages colonisés étaient tous aussi acceptables que tous les immigrés économiques de passage pour monter au combat face aux Boches, aux voisins européens nouveaux barbares de la barbarie ordinaire.
Aujourd'hui, un immigré social n'est accueilli que s'il est économiquement utile à la France, et un réfugié peut être renvoyé vers un pays en guerre sans soucis s'il est dirigé vers une région "en paix" du pays (pas grave si ce n'est pas sa région d'origine: on n'est jamais à quelques centaines ou milliers de kilomètres près), dixit Monsieur KOUCHNER, car contrôlée par les ONG (sic)!
Pour Ernest RENAN, qui reste la référence en la matière (mais on pourrait aller lire du côté d'Edgar QUINET ou Victor HUGO pour les intellectuels, du côté de Jules FERRY, Jules GUESDE, Léon GAMBETTA, Jean JAURES et tellement autres leaders politiques de cette "maudite" IIIème République), la Nation est un plébiscite de tous les jours: "Une nation est une grande solidarité constituée par le sentiment des sacrifices que l’on a faits et de ceux qu’on est disposé à faire. Elle suppose un passé ; elle se résume pourtant dans le présent par un fait tangible : le consentement, le désir clairement exprimé de continuer la vie commune. L’existence d’une nation est un plébiscite de tous les jours" (Qu'est-ce que la Nation?, 1882).
Pour tous ses penseurs, la Nation est une communauté, qui se définit par son Histoire commune (et dont la pierre angulaire est la Révolution française, toute la Révolution française), pas une Histoire que l'on a vécu, mais une Histoire que l'on reconnait; par un présent qui est celui de la reconnaissance de la loi, des valeurs que l'on construit et partage; et par un futur collectif, c'est-à-dire la volonté de continuer à partager ces valeurs. Ces valeurs, ce sont la démocratie, la laïcité, le pacte social né dans la Résistance,...
À ma connaissance, on n'a pas fait mieux, plus clair, plus généreux et plus républicain comme définition de l'identité nationale.
Alors pourquoi vouloir rouvrir le débat, à un moment où le pouvoir sarkozyste est en difficulté dans les sondages, en panne de résultats et de crédibilité démocratique, à un moment où le F.N. recommence à s'agiter avant les élections régionales?
Si SARKOZY et ses courtisans acquiessaient à la définition républicaine de la Nation et de l'identité nationale, ils l'a défendraient, dans les discours et surtout dans les actes. Ouvrir ce "débat" à un moment de difficultés lorsqu'on est à l'origine d'un ministère liant immigration et identité nationale, c'est remettre en cause la définition déjà existante.
Lorsqu'on a dit ce qu'est aujourd'hui l'accord républicain sur la définition de l'identité nationale, chacun en concluera ce que signifie vouloir la remettre en cause...