Overblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog

11 novembre et identité nationale

Publié le par Stéphane GOMEZ

Ce 11 Novembre aura été un "beau" 11 novembre: une matinée brumeuse mais pas trop froide, pour se souvenir de la Der des Ders (avant toutes les suivantes) et de ses horreurs; à Paris, Angela et le petit Nicolas essayaient d'entrer dans l'Histoire en singeant Helmut et François. Vraiment, un beau 11 Novembre.

Il n'y manquait que quelques poilus, mais il n'y en a plus, le dernier est mort: le dernier combattant français de la 1ère Guerre Mondiale n'est plus, il n'est plus combattant et il n'est plus Français, ce citoyen de la République né en Italie.

L'ironie est plaisante en plein "débat" sur l'identité nationale: le dernier poilu français était né italien!

L'ironie est mordante et montre bien ce que ce débat -lancé par BESSON, le "progressiste" aux ordres de SARKOZY- a d'hypocrite et de malsain.

Il y a 95 ans, la République était moins regardante sur les origines des soldats appelés à défendre le sol national: les sauvages colonisés étaient tous aussi acceptables que tous les immigrés économiques de passage pour monter au combat face aux Boches, aux voisins européens nouveaux barbares de la barbarie ordinaire.

Aujourd'hui, un immigré social n'est accueilli que s'il est économiquement utile à la France, et un réfugié peut être renvoyé vers un pays en guerre sans soucis s'il est dirigé vers une région "en paix" du pays (pas grave si ce n'est pas sa région d'origine: on n'est jamais à quelques centaines ou milliers de kilomètres près), dixit Monsieur KOUCHNER, car contrôlée par les ONG (sic)!

Le débat sur l'identité nationale a été tranché il y a longtemps par les historiens et les fondateurs de la République. Jules MICHELET, qu'on ne peut pas accuser de manquer de patriotisme, s'il reconnaissait aussi que "l'Histoire de France commence avec la langue française. La langue est le signe principal d'une nationalité" (Histoire de France, 1861, t. 2, livre III), insistait pour dire qu'il y a "nul doute que notre patrie ne doive beaucoup à l'influence étrangère. Toutes les races du monde ont contribué pour doter cette Pandore [le terme de "race" est bien sûr à prendre dans l'acceptation du XIX°s: une ethnie ou un peuple]" (Histoire de France, 1835, t. 1).

Pour Ernest RENAN, qui reste la référence en la matière (mais on pourrait aller lire du côté d'Edgar QUINET ou Victor HUGO pour les intellectuels, du côté de Jules FERRY, Jules GUESDE, Léon GAMBETTA, Jean JAURES et tellement autres leaders politiques de cette "maudite" IIIème République), la Nation est un plébiscite de tous les jours: "Une nation est une grande solidarité constituée par le sentiment des sacrifices que l’on a faits et de ceux qu’on est disposé à faire. Elle suppose un passé ; elle se résume pourtant dans le présent par un fait tangible : le consentement, le désir clairement exprimé de continuer la vie commune. L’existence d’une nation est un plébiscite de tous les jours" (Qu'est-ce que la Nation?, 1882).

Pour tous ses penseurs, la Nation est une communauté, qui se définit par son Histoire commune (et dont la pierre angulaire est la Révolution française, toute la Révolution française), pas une Histoire que l'on a vécu, mais une Histoire que l'on reconnait; par un présent qui est celui de la reconnaissance de la loi, des valeurs que l'on construit et partage; et par un futur collectif, c'est-à-dire la volonté de continuer à partager ces valeurs. Ces valeurs, ce sont la démocratie, la laïcité, le pacte social né dans la Résistance,...

À ma connaissance, on n'a pas fait mieux, plus clair, plus généreux et plus républicain comme définition de l'identité nationale.

Alors pourquoi vouloir rouvrir le débat, à un moment où le pouvoir sarkozyste est en difficulté dans les sondages, en panne de résultats et de crédibilité démocratique, à un moment où le F.N. recommence à s'agiter avant les élections régionales?

 

Si SARKOZY et ses courtisans acquiessaient à la définition républicaine de la Nation et de l'identité nationale, ils l'a défendraient, dans les discours et surtout dans les actes. Ouvrir ce "débat" à un moment de difficultés lorsqu'on est à l'origine d'un ministère liant immigration et identité nationale, c'est remettre en cause la définition déjà existante.

 

Lorsqu'on a dit ce qu'est aujourd'hui l'accord républicain sur la définition de l'identité nationale, chacun en concluera ce que signifie vouloir la remettre en cause...

Commenter cet article
C
<br /> le debat identite nationale ne devrait pas a avoir lieu si dans les ecoles lalaïcite etait enseigner ? Croyez vous que dans la brousse ou partout aileurs on s'ingenie a dire quel difference il ya<br /> entre un blans et un noir?  Quand vous glorifiez unhomme d'etat du style eboue c'est tout simplement pour nous dire que quoi que different il est comme nous meme sauf qu'il a un passe auquel<br /> on s'attache pour faire reconaitre ses meritesAlors le gros bataillons du PS les enseignants ont une grande part de responsabilite collective les alegres et autre fabius ou rocard de ne pas avoir<br /> ete exigeant sur la laïcite<br /> <br /> <br />
Répondre
S
<br /> Chacun évoque librement ses opinions, mais s'il y a une critique qu'on ne semble pas pouvoir me faire à Laurent FABIUS, c'est de manquer d'opiniatreté laïque: contre vents et marées, il a été un<br /> laïque engagé.<br /> <br /> <br />