On a les présidents que l'on mérite
Leur en a-t-elle fait, elle, des cadeaux, à ces éléphants auxquels elle s'apparente par bien des aspects? Elle a mené politiquement et stratégiquement sa campagne seule; elle en aurait assumé le succès seule, pourquoi faudrait-il en partager la défaite?!
Correction: cette défaite, nous allons tous la partager, en subissant 5 ans de monarchie sarkozyste. Et c'est bien la seule chose qui m'inquiète, le sort de toutes celles et tous ceux amenés à vivre ou vouloir vivre sur le territoire national pour les années à venir. Les ambitions présidentielles des un(e)s et les destins législatifs des autres m'indiffèrent grandement, tout comme les unités électoralistes de façade du bureau national.
Faut-il faire de la madone participative du centrisme social-libéral la victime expiatoire de la défaite électorale?
À 53-47, je me demande même comment on peut se poser la question… Elle n'espère tout de même pas d'être au coeur du processus de reconstruction de la Gauche pour mener la bataille de 2012??! Comment ça, elle s'est déjà proposée de le faire?
Quel est le bilan de cette campagne au jour le jour, durant laquelle les mots d'ordres étaient improvisés sans concertation avec la propre équipe choisie par la candidate, au gré d'un rythme imposé avec préparation par l'adversaire?
En 1995, le P.S. est dans la merde, il n'est pas remis de la déroute de 1993, et JOSPIN réunit 23,5% des voix au 1er tour, 47,5% au 2nd tour.
Et aujourd'hui, on s'extasie parce que Ségogo fait 25,5% des voix au 1er tour après avoir pillé la Gauche grâce au vote utile, et on s'interroge à peine sur ses 47% au 2nd tour après 5 ans d'opposition, 5 ans d'une Droite qui a mis des millions de personnes dans la rue, 5 ans d'un homme qui a incarné jusqu'à la caricature l'autoritarisme et le libéralisme.
Au 1er tour, 52% des électeurs de Ségolène ROYAL se définissaient comme socialistes, c'est-à-dire un score habituel: contrairement à ce qui nous était promis, ROYAL n'a pas attiré par "ses différences" de style ou de propositions les Français au-delà d'une sphère habituelle.
Sur les nouveaux électeurs, 1 millions sont allés sur elle, 2 millions sur SARKOZY et 4 millions sur BAYROU, l'homme par excellence du système: elle n'a pas attiré la constestation, elle n'a pas attiré tous ceux et toutes celles qui pendant 5 ans ont contesté dans la mobilisation SARKOZY et sa politique et qui auraient normalement, "naturellement" se porter à Gauche.
Il y a un bilan accablant de cette campagne.
Les chiffres cruels démontrent que la stratégie droitière et populiste de ROYAL, que sa ligne politique improvisée n'étaient pas les bonnes.
Oui, il est nécessaire, et même urgent, de refonder la Gauche et le P.S. qui en est toujours la clef de voûte. Il faut une ligne politique claire, il faut une stratégie claire. Et il faut des personnalités qui ne soient pas compromises idéologiquement dans cette débâcle du 6 mai pour le faire.