Le Zénith, un tournant
Extrait du blog de Rénover maintenant dans la fidélité (Montebourgois demeurer sur leur ligne politique pendant que le "chef" s'embarquer dans la royale): http://renoverdanslafidelite.over-blog.com
Au Zénith, un tournant dans la campagne pour l'investiture
Le vent a tourné. Le débat entre candidats socialistes à l’investiture présidentielle, organisé jeudi 26 octobre à Paris, a marqué le retour des militants dans le débat. L’ambiance s’en est ressentie, le consensus apparent a volé en éclats. Dans cette terre majoritairement acquise à Dominique Strauss-Kahn, les slogans creux n’ont pas emporté l’adhésion des foules. Et la madone des sondeurs s’est faite huer à pas moins de neuf reprises.
Tout a bien commencé pour elle. Près de la moitié des 5 500 adhérents réunis au Zénith l’ont accueillie debout. Puis, la belle mécanique s’est grippée et la première incantation aux Désirs d’avenir a provoqué une bronca inédite dans ce genre de débats. Ce ne devait pas être la dernière.
Pourtant, la candidate du Nouvel Observateur avait pris soin de déminer le terrain. Après avoir déclaré, lors du deuxième débat télévisé, que le programme des socialistes n’était pas « un petit livre rouge », elle se l’est enfin approprié, déclarant : « Bien sûr que le programme du candidat sera le programme des socialistes ». Une réponse directe à Laurent Fabius. Dans son propos liminaire, le député de la Seine-Maritime a en effet lancé : « Des idées nouvelles jaillissent autour de nous et, notamment, chez nous. Je voudrais proposer ici l’idée la plus nouvelle : qu’en 2007 le candidat désigné par le PS applique le projet socialiste ».
Dans le même ordre d’idée, la présidente du Poitou-Charentes s’est réappropriée enfin la « République métissée » alors que, jusqu’à présent, elle vantait comme une « réussite » le modèle d’intégration britannique. Elle a aussi redécouvert les vertus de l’union de la gauche qu’elle a souhaité réaliser « dès le premier tour du scrutin présidentiel (sic) ».
Un recentrage bienvenu à quelques semaines du vote des militants. En marge du débat, un royaliste explique les raisons de cette nouvelle stratégie de la compagne du premier secrétaire du PS : « Tu vois quand même qu’il y a plus de points communs entre Fabius et nous ». Sous-entendu : il faut s’unir contre Strauss-Kahn. Cela, c’est sûr, c’est une forme de rénovation…
Las, la machine n’a pas pris au Zénith. Il faut convenir que la candidate malheureuse à l’investiture pour la mairie de Niort, dans les années 90, n’a pas paru à l’aise, débitant mécaniquement un discours truffé de formules creuses et d’incantations ; hochant, métronome, la tête de droite à gauche et de gauche à droite ; cherchant ses mots lorsqu’elle n’a pas buté dessus. Contraste saisissant avec l’enthousiasme quasi lyrique d’un Laurent Fabius et le ton patelin d’un Dominique Strauss-Kahn, définitivement roi dans son jardin d’Ile-de-France.
Les deux candidats socialistes ont décliné leur vision de la social-démocratie au 21e siècle. Dominique Strauss-Kahn a précisé : « Ma gauche, notre gauche, c’est une société de confiance, pas de surveillance », taclant ainsi les tentations sécuritaires à l’œuvre chez la championne de Julien Dray. Cette sortie faisait aussi écho à la volonté martelée par Laurent Fabius à propos des banlieues : « A un moment où nos banlieues, nos quartiers populaires sont stigmatisés, je veux rendre hommage à celles et ceux qui y habitent, aux associations qui y travaillent, aux élus qui s’investissent ». Les banlieues, la précarité et l’Europe étaient les trois questions choisies par les organisateurs du débat pour le structurer. Voire le corseter.
C’est ce qu’à déploré, d’ailleurs, le premier adjoint au maire de Sarcelles : « Je souhaiterais que les questions ne soient pas connues par avance ». Faut-il se rappeler que c’est l’équipe de la dame des Deux-Sèvres qui a insisté pour que tout soit préparé à l’avance. Ce qui ne l’a pas empêchée de déraper… « N’ayons pas peur du peuple », a-t-elle déclarée, face à des militants qui vont à la rencontre du peuple chaque semaine sur les marchés, au pied des immeubles ; qui s’investissent auprès des « sans papiers » comme à Cachan ; qui travaillent à éviter que les provocations de Sarkozy ne dégénèrent à Clichy ou à Bondy… Du coup, cette saillie a été accueillie par une nouvelle salve de lazzis.
Néanmoins, comme l’a salué Dominique Strauss-Kahn, « la politique a repris ses droits » au Zénith. Le débat a éclairé sur les différentes visions en présence. A la sortie, un jeune militant a déclaré à l’AFP : « On a eu deux discours de président de la République et un discours de présidente de région ». D’autres ont changé d’avis après avoir écouté les trois prestations. Ainsi, un militant cité par l’AFP, pro-Royal au début de la soirée, a évoqué la possibilité de voter finalement Fabius. Il faut reconnaître à l’ancien Premier ministre que sa conclusion a enthousiasmé une salle qui, initialement, lui a peu fait de cadeaux, le bousculant sur les questions liées à l’Europe.
Et si ce débat parisien constituait le tournant de la campagne ? En tous les cas, les masques sont tombés. Et le vernis médiatique ne protège plus la candidate de la Sofres.