Leçons de libéralisme
Notre cher GAROUSEAU De VILLEPIN, en bon libéral droitiste, sait bien qu'il ne faut pas être avare d'argent public quand il peut servir les intérêts des grands groupes, de ses amis ou les siens propres. En l'espace de quelques jours, nous avons donc eu à subir un florilège de vraies fausses bonnes annonces.
On a commencé par les étudiants, ces chères têtes blondes ou brunes qui avaient porté la joute l'hiver dernier. Soucieux de leur avenir, on annonce une allocation spéciale de 300 euros! Enfin, 300 euros pour ceux qui doivent se loger dans le privé, faute de logements étudiants publics, s'ils sont boursiers et quittent leurs parents pour la première fois! Autant dire que les heureux allocataires seront rares, et qu'une fois payés les frais d'inscription en fac et le déménagement, il n'en restera plus grand chose! Mais le procédé fait "social" et permet de reporter aux calendes grecques le débat sur les moyens du supérieur en France, ou celui pour une véritable autonomie des étudiants.
On continue avec le "chèque carburant". Je ne rentrerai pas dans le débat sur le développement des transports publics et le développement durable, car c'est une problématique de moyen terme et qu'il faut aussi se soucier des realités territoriales et individuelles actuelles; je ne m'exprimerai donc que sur la mesure proposée. Cela fait des mois que le gouvernement refuse le retour à la T.I.P.P. flottante, mesure qui avait fait ses preuves en terme de pouvoir d'achat; voilà qu'il nous propose à la place un "chèque cadeau", financé pour partie par les entreprises qui se sont empressées de signaler qu'elles ne le financeront pas! Il faut aussi que le salarié ne puisse pas faire autrement qu'utiliser son véhicule privé (comment en jugera-t-on?). Rien n'est dit sur les retraités ou pire les chercheurs d'emploi dont la Droite ne cesse de nous dire qu'ils ne doivent pas craindre d'être mobiles! On nous propose donc une mesure qui ne concernera au mieux que les salariés et probablement très peu parmi eux puisque déjà seront exclus la majeure partie des agents publics qui n'ont déjà pas droit aux chéques restaurants. En clair, de nouveau de la poudre d'escampette, qui permet d'éviter le vrai débat à moyen terme sur le développement de transports communs efficace et sociaux, à court terme sur un moindre coût pour tous les usages des différents transports.
Dernière grande mesure, une hausse de la prime pour l'emploi. La mesure de prestigitateur par excellence, on a pu s'en rendre compte depuis sa mise en place, qui permet à court terme à l'État de co-financer les bas salaires que le patronat ne veut pas augmenter (en retour, les employeurs envisagent-ils de reverser à cet État tant critiqué une part de leurs marges bénéficiaires ainsi améliorées?) et à long terme d'alléger le financement des retraites, puisque cette "prime" n'est pas prise en compte dans les cotisations. Il est d'ailleurs "amusant" de voir le Premier Ministre annoncé en même temps une hausse de la prime pour l'emploi et une conférence sur les salaires, se demandant pourquoi en France le nombre de smicards a tellement augmenté, alors qu'il est justement un effet induit de cette prime pour l'emploi, don précaire, qui varie chaque année au gré des intérêts du pouvoir exécutif et qui peut chaque année facilement disparaître, contrairement à une hausse du S.M.I.C. et des salaires.
GAROUSEAU se félicite de ce "13ème mois offert aux Français les plus modestes", oubliant -la Gauche sociale-libérale en a fait l'expérience électorale amère- qu'on préfère invariablement ce qu'on a dans la poche (ou sur son compte) à ce qu'on vous promet pour plus tard, après que vous aillez rempli votre feuille d'imposition et qu'on vous ait répondu que vous êtes trop "pauvreé pour être imposé sur vos revenus.
Notre Premier Ministre préféré a donc en quelques jours multiplié les annonces, qui ne sont que des mesures en trompe-l'oeil, car à chaque fois elles ne concernent qu'une faible minorité de nos concitoyens. Cela donne à GAROUSEAU, du moins l'espère-t-il, une allure sociale et une chance présidentielle, en même temps que cela permet de rejeter discrètement, le seul vrai débat en matière de pouvoir d'achat, celui sur les salaires et la redistribution sociale des richesses.