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RASSEMBLEMENT CITOYEN CONTRE LE FN - INTERVENTION SUR LA CITOYENNETÉ

Publié le par Stéphane GOMEZ

Intervention sur la citoyenneté, au nom de la Fédération de la Ligue des Droits de l'Homme, lors du Rassemblement Citoyen de ce samedi 7 avril, à Lyon (place des Terreaux), pour répondre sur le fond aux discours au même moment de Marine LE PEN and Co. lors de leur meeting à Lyon.

 

L'étranger, voilà l'ennemi ! Au FN, la rengaine est connue : chassez l'étranger, renvoyez l'immigré, et tous les maux, tous les problèmes seront résolus !

 

 

Dans le programme de Marine LE PEN, l'immigré est partout, l'immigration est obsessionnelle : contre la Convention Européenne des Droits de l'Homme qui prévoit la liberté de circulation et que le FN veut renégocier, ; pour le délit de solidarité avec les sans papiers ; contre les droits des sans papiers, des sans papiers toujours et seulement désignés comme des clandestins, des sans papiers qui se voient nier tout droit : pas de droit au logement, pas de droit à l'Aide Médicale d'État, même pas le droit de se rassembler et de manifester pour s'exprimer, même pas ce droit à l'expression, qui est un droit fondamental non seulement de chaque citoyen mais aussi de chaque individu !

N'oublions pas que Marine LE PEN, lorsque quelques milliers de Tunisiens ou de Libyens, après leur lutte courageuse pour la démocratie, tentaient de se rendre en Europe, Marine LE PEN -elle- se rendait sur l'île de Lampedusa pour dénoncer cette invasion imaginaire de la France.

L'immigré a remplacé le prolétaire comme la classe dangereuse. Et donc, Marine LE PEN et sa caste refusent de voir dans l'immigré non seulement un citoyen mais même un être humain disposant de droits et de libertés fondamentaux et inaliénables !

 

Dès lors, non seulement le FN refuse le droit de vote et d'éligibilité aux élections locales des étrangers extra-communautaires, mais le parti d'Extrême-Droite rejette le droit du sol, il veut en revenir à un droit du sang, pour défendre un sang « français » imaginaire et fantasmé.

Que l'on se souvienne que le père, Jean-Marie LE PEN, dénonçait les « Français de papier » et exigeait une étude rétro-active de toutes les acquisitions de nationalité.

Alors, lorsque Marine LE PEN demande une « réforme en profondeur du Code de la Nationalité française », on ne peut que s'interroger sur ce que cela implique, surtout que tout cela s'inscrit dans un ensemble dans lequel le programme du FN lie par amalgames « Stopper l'immigration » - « Supprimer le droit du sol » - « Renforcer l'identité française ».

Pour le FN, l'immigré est un étranger, il ne peut avoir ou acquérir la nationalité française, il ne peut pas disposer des droits des citoyens.

 

Si l'étranger est l'obsession du FN, il n'est pas le seul à se voir privé de ses droits : les femmes, les homosexuels aussi ne sont pas, pour la clique des haineux, des citoyens ayant la plénitude de leurs droits, d'autres interventions y reviendront.

Et depuis plusieurs années maintenant, le FN, derrière une fausse laïcité, une caricature qui ne peut être désignée comme la laïcité, dénonce l'islam ou le communautarisme musulman. Le FN le dénonce comme religion extérieure qui ne pourrait pas avoir sa place dans une République laïque car l'islam serait contraire -à coup d'amalgames avec l'immigration clandestine ou le terrorisme – l'islam serait contraire à la culture traditionnelle française.

Dans son programme, Marine LE PEN ne propose-t-elle pas un grand ministère de l'Intérieur, de l'Immigration et de la Laïcité ?! Les rapprochements sont éloquents : la police, pour le Front National, doit servir pour lutter contre les étrangers et contre certaines religions.

Pour le FN, point de République, donc, si elle n'est pas compatible avec une certaine tradition de la France, une tradition frontiste qui exclut tous les corps, toutes les communautés, tous les individus dont ils estiment qu'ils sont étrangers à cette culture.

 

Tout cela résume la vision obsessionnelle de la citoyenneté pour Marine LE PEN et ses sbires !

Pour le FN, la citoyenneté exclut toutes celles et tous ceux qui ne se rattachent pas à une certaine idée de l'Histoire et de la culture française : étrangers, femmes, homosexuels, laïques,… Pour le FN, ne peuvent être considérés comme pleinement citoyens que les hommes, hétérosexuels, catholiques, descendants d'autres hommes hétérosexuels catholiques, d'un hypothétique « sang français ».

Il faut d'ailleurs se demander, avec une telle vision, comment Marine LE PEN peut et veut considérer celles et ceux qui, de familles françaises depuis des dizaines d'années ou des siècles, sont de nationalité française mais ne sont pas blancs ?

Entrent-ils dans le « moule » de l'identité française que prétend défendre le FN ?!

 

Seuls ces hommes hétérosexuels, catholiques et même sûrement blancs, peuvent être considérés par le FN comme des citoyens, mais pour quelle citoyenneté ?

Quand on dénonce, comme tous les caciques multi-élus du FN le font depuis des années, le système politique actuel, on peut être sûr qu'il ne s'agit pas d'une citoyenneté politique qui est proposée !

Pour Marine LE PEN, le droit de vote est un droit de censure, un droit de véto, contre les politiques sortants, ce n'est pas un outil de l'expression démocratique. Son programme parle plus de référendums sur des thèmes populistes ou démagogiques, que démocratie.

Pour Marine LE PEN, la citoyenneté n'est pas politique, elle est identitaire ! Le Front National ne parle pas aux citoyens : il parle au peuple ; enfin : à un certain peuple ! Pas à une Nation, constituée d'individus divers qui partagent ensemble un certain nombre de valeurs et qui construisent ensemble un avenir partagé. Le FN parle à un peuple mythique, identitaire, qui représente une certaine idée de l'Histoire de France et une certaine vision, inventée et rêvée, du Français, un peuple mythique dont sont exclus tous ceux qui ne correspondent pas à son moule identitaire !

Le FN, ce n'est pas l'avenir : le FN, c'est un regard myope sur le passé non pas tel qu'il a été mais comme les frontistes aimeraient qu'il fut.

Le FN ne croit pas en la citoyenneté : il n'y a pas de citoyens en France, avec des droits, pour les nostalgiques de la France pétainiste, car la citoyenneté ce sont aussi les individus et le FN n'aime pas les individus. Pour Marine LE PEN et son quarteron de la haine, il y a un corps mythique, le peuple français, dont ils excluent tout ce qui ressemble trop à l'individualité, à la différence.

 

Face à cette vision excluante, nous devons répondre, dénoncer le discours, le démonter et agir.

Ce n'est pas par moins de droits que la France surmontera ses difficultés. C'est au contraire par plus de droits, que nous dépasserons ce qui nous affaibli et nous divise.

C'est pourquoi, nous le répétons : les étrangers ne sont pas le problème ; la différence, qu'elle soit d'opinion, d'origines, de croyance, d'identité de genre ou d'orientation sexuelle n'est pas le problème ; le problème c'est la haine de l'autre !

La citoyenneté ce n'est pas la nationalité : les étrangers qui participent à la vie de la cité, qui ont les devoirs du citoyens, doivent accéder aussi aux droits dans la cité.

Face au FN, il faut rendre coup pour coup. Mais face à leur haine, il ne faut pas répondre haine contre haine. Face à leur haine, il faut répondre par plus de droits, à chacune de leur haine raciste, sexiste ou homophobe, il faut répondre pas plus de droits pour les étrangers, les femmes ou les homosexuels.

Plus nous approfondirons notre vivre ensemble, plus nous nous donnerons des droits, plus notre citoyenneté sera élargie, plus le FN sera faible.

Face à sa haine, notre préférence à nous c'est la liberté, l'égalité, la fraternité !

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