PETITES RÉACTIONS SUR UN SUJET SECONDAIRE.
C'est le sujet du dimanche soir qui aura largement occupé les ondes tout ce lundi : le PS n'aura pas de candidat pour le 2ndtour de l'élection législative partielle de Beauvais. Chacun y va de son explication sur ce « séisme politique » qui annonce le début de la fin (ou la fin du début?) pour la majorité socialiste. Pour l'UMP, Valérie DEBORD prophétise même déjà une « vague bleue » pour les prochaines législatives, confondant avec les municipales et révélant peut-être ainsi son amertume après sa large défaite de juin 2012 en Meurthe-et-Moselle. On reparle de la courbe de popularité en berne de François HOLLANDE, oubliant qu'elle se situe très proche de celle de Nicolas SARKOZY à même époque il y a 5 ans.
On commente tellement qu'on semble oublier que le candidat arrivé en tête est un peu quand même le candidat sortant, ré-élu dans cette circonscription de l'Oise depuis 1978 (sauf à l'occasion des 2 « vagues roses » de 1981 et 1997) !
Cette élection législative partielle amène donc à quelques petites réactions pour mettre ce « séisme politique » en perspectives.
Tout d'abord, les élections partielles sont rarement cette « roulette russe » de la politique bousculant tout. Elles confirment généralement le résultat « naturel » d'une circonscription : le candidat ou le parti sortant ou tenant traditionnel le siège dispose de réseaux suffisants sur une terre sociologiquement favorable pour non seulement confirmer mais même souvent souvent amplifier son score. C'est ce que fait Jean-François MANCEL, qui gagne ainsi 8 points par rapport à juin 2012, à 41% des voix ; en 2002 au 1er tour il était à plus de 38%, et en 2007 à presque 42%. Donc, le candidat UMP retrouve son résultat « normal » de 1er tour, un peu atténué en 2012 par la « vague rose ». La candidate PS, à 21% des voix, retrouve aussi son résultat de 2007 au 1er tour. Le candidat FN est au 2ème tour avec 26% des voix : en juin 2012 il dépassait les 23% et imposait alors une triangulaire. En bref, sous fond d'effet amplificateur de la partielle et de son petit tiers de participation, on a finalement des résultats plutôt dans la norme de cette circonscription.
2nde réaction : ces résultats « plutôt dans la norme » ne doivent pas pour autant nous servir d'excuse. S'ils reflètent un mouvement déjà analysé de « lepenisation » de la couronne péri-urbaine lointaine, ils demeurent inquiétants, et pour la majorité progressiste ils traduisent des inquiétudes, des peurs, que Nicolas SARKOZY avait su tactiquement exploiter en 2007 pour ne rien en faire ensuite politiquement. Oui, ce résultat s'il n'a rien d'extraordinaire est aussi une expression de la déception et des attentes de nos concitoyens. Il va falloir faire plus et mieux, faire savoir ce qui a été déjà fait (et n'en déplaise aux chroniqueurs de la vacuité, le bilan est positif) mais encore aller plus loin et se confronter à l'ultime épreuve, celle des résultats. Tant que la courbe du chômage ne repartira pas à la baisse, tant que le pouvoir d'achat ne repartira pas à la haute, les mécontentements légitimes s'exprimeront, même de manière illégitime, et ce ne sont pas les nécessaires et importantes mesures en terme d'éducation, d'avancées sociétales ou de réforme judiciaire qui l'empêcheront.
3ème remarque sur le sujet : le front républicain ne souffre pas d'exception. Jean-François MANCEL est tout sauf un exemple en matière de front républicain et de refus des compromis et des compromissions avec l'Extrême-Droite ; il n'a pas hésité à tendre la main à ceux qui tendent le bras, lorsque sa présidence du Conseil Général a paru menacé. Mais on ne fait pas de la politique pour Jean-François MANCEL, on en fait pour les citoyens, et donc le principe de front républicain s'adresse à eux et à eux seuls : le candidat UMP va être réélu, que les électeurs de Gauche se déplacent ou pas, mais nous devons être en accord avec nos principes et agir comme tel, à plus forte raison quand notre vote ne sera finalement pas celui qui fera la différence dans les décomptes. Nous devons rappeler encore et toujours que l'Extrême-Droite n'est pas une manière de penser comme les autres et que ses partis ne sont pas des partis comme les autres, tentatives stratégiques de dé-diabolisation ou non ! Nous devons aussi envoyer un message positif à tous les républicains sincères de Droite : dans ce combat républicain, ils ne seront pas laissés seuls, car ce combat transcende les clivages traditionnels, et donc ils doivent continuer à mener la lutte en interne et être forts contre les MANCEL, MORANO, CIOTTI, MEUNIER et autres amateurs de pain au chocolat, car ce n'est pas là-dessus que les progressistes viendront les affaiblir de manière politicienne. Menons le combat politique et républicain, sans compromis ni exception, à plus forte raison lorsqu'en face à Droite se trouvent celles et ceux prêts à se rouler dans la boue de la compromission : nos valeurs valent mieux que leurs strapontins électoraux de carriéristes de 2nde zone.
Dernière réflexion pour en conclure avec ce sujet secondaire : le mécontentement des Français ne bénéficie pas à l'Extrême-Gauche. Depuis plus d'un an, une partie de l'Extrême-Gauche ou de la Gauche Extrême, sentant la défaite de la Droite venir mais leur victoire personnelle s'éloigner, a fait le pari de taper sur la Gauche. De taper, et pas seulement de critiquer ! Les mouvances politiques sont diverses, y compris (et surtout?) à Gauche, et chacun est légitime à exprimer ses différences dans l'espace républicain. Mais depuis la victoire électorale de la Gauche en générale et du PS en particulier, certains jouent ostensiblement et agressivement un autre jeu : la Droite a perdu et si demain la Gauche perd, c'est nous qui gagnerons ! Non seulement la stratégie est petite et vulgaire, mais en plus elle est fausse et perdante. Depuis des dizaines d'années que le PCF et maintenant les autres composantes du Front de Gauche gèrent avec le PS des collectivités locales, sont parfois encore à la tête de ces collectivités locales, leur attaque tacticienne est vulgaire, car ces maires ou membres des exécutifs départementaux ou régionaux savent bien ce qu'est la réalité de la politique et la différence complexe entre le désiré et le possible quand on gère une collectivité, quand il faut gérer des finances, la pression fiscale et les attentes contradictoires de ses électeurs. Envoyer ses militants, comme à Dijon, siffler et insulter le président de la République ne les sert donc pas, cela ne fait que les décrédibiliser encore un peu plus. Ils font le pari du « tous pourris » ou « tous menteurs », mais à ce jeu là, ils ne manqueront jamais de trouver leur maître : l'Extrême-Haine ! Voilà aujourd'hui la seule gagnante de l'échec prétendu ou prophétiser de la Gauche au pouvoir ! Et si aujourd'hui comme hier et demain, l'Extrême-Gauche ou la Gauche Extrême est légitime à faire vivre ses différences, elle se trompe en croyant gagner sur l'échec de François HOLLANDE et Jean-Marc AYRAULT : elle gagnera avec eux ou perdra avec eux, et elle perdra non seulement en commettant une erreur électorale, mais surtout en commettant une erreur politique !