NORA, NICOLAS ET LA DÉMOCRATIE (INTERNE ET EXTERNE).
L'UMP, comme dirait Jean-François COPÉ, découvre (enfin!) la démocratie interne, dans quelques douleurs pathétiques et inquiétantes pour des gens qui prétendent ensuite être par la démocratie externe les délégataires de la souveraineté populaire.
Sans revenir sur les primaires pour l'élection présidentielle à l'UMP -dont on sait maintenant que le « vainqueur » et celui qui est maintenant le « légitime » maître du parti est celui qui a le plus ou le mieux tricher-, sans revenir sur la primaire parisienne -où la gagnante unanimement soutenue aujourd'hui est celle que ses adversaires accusait hier d'être parachutée et tricheuse-, félicitons-nous de l'exception lyonnaise. À Lyon, tout s'est bien passé, et la démocratie y est tellement exemplaire qu'il y aura même un 2ndtour, pour départager le sécuritaire parachuté et le légitime candidat lyonnais tellement légitime que, non seulement content d'avoir besoin de primaires pour rappeler à quel point il est Lyonnais face au parachuté et à quel point il est légitime comme président du groupe municipal, il aura besoin d'un 2ndtour. Soyons positif : ça lui donnera (peut-être !) enfin l'occasion de gagner une élection !
Ces primaires se seront bien passées, elles. Il faut dire, avec 4000 électeurs seulement, ça aurait été compliqué de les rater.
Tout ce sera bien passé, et n'aura fait presque pas de dégâts ni de débats. Emmanuel HAMELIN aura continué à perdre des élections, Myriam PL... quelque chose aura continué à être une inconnue, Georges FENECH continue à être un droitiste approximatif, Michel HAVARD continue à être un leader légitimant illégitime, et Nora BERRA, ah, Nora...
La seule victime collatérale de cette primaire peu citoyenne sera finalement Nora BERRA. Son score la rapproche plus de Myriam quelques chose, que des 2 qualifiés du 2ème tour ; même Emmanuel HAMELIN (Emmanuel HAMELIN!!!) a réussi un score à 2 chiffres ! Celle qui mettait en avant ses réseaux (ces mêmes réseaux qui lui avaient refusé une circonscription en or pour les législatives?) et son envergure nationale, aura fini dans le même lot et les mêmes eaux électorales que Myriam quelque chose. On ne naît pas chef, on le devient.
L'échec pathétique de Nora BERRA résume bien la réalité de ces bulles politiques, n'existant que par le fait du monarque. Nora BERRA a su, à un moment, probablement travailler suffisamment bien les réseaux nationaux et internes de l'UMP pour un jour se retrouver ministre à quelque chose, lui permettant de brillamment étaler ses insuffisances. Mais face aux électeurs, même en politique et même si les électeurs sont internes, à un moment, rien ne remplace un travail sérieux, et les postures médiatiques ne font pas le charisme, les courtes déclarations ne font pas les grands projets. Partie nulle part, Nora BERRA y retourne à grandes enjambées.
La campagne primaire de Nora BERRA fut pourtant à la basse hauteur de sa stratégie : je fus donc je serai, j'ai été faite par le tsarkozysme, je suis de la taule rouillée dont on ne fait plus les abribus, le monarque m'a faite, rien ne saurai me défaire. Bon, peut-être les électeurs en fait… À défaut d'avoir fait campagne, Nora n'aura hésité sur rien pour démontrer qu'elle avait (eu?) une envergure nationale : recevant Brice HORTEFEUX (gage de bon goût et d'humanisme), laissant fuiter une photographie avec Nicolas SARKOZY (gage de bon goût et de probité).
Et de ces primaires lyonnaises « réussies », je ne retiendrai que cela. Non pas que la photographie avec le petit Nicolas n'a eu finalement aucun impact : la campagne de Nora BERRA fut trop inexistante pour que ce petit coup de com' ait un quelconque effet positif. Non : que Nicolas SARKOZY s'est de nouveau mêlé de politique française !
D'un voyage en Belgique pour critiquer à demi-mots la politique fiscale du Gouvernement en voyage en Israël juste avant le 1er tour d'une législative partielle (offrant à la candidate UMP une incroyable et inéthique couverture médiatique), le membre de droit du Conseil Constitutionnel oublie que son traitement payé par l'argent public l'oblige à la réserve, ce n'est pas un option facultative, c'est un devoir lié à la fonction. Sur quoi, on apprend qu'il rencontre les candidats UMP à toutes les élections ou presque (y a-t-il une militante UMP à la prochaine élection de Miss France?), laisse fuiter la photographie avec Nora BERRA avant que, pris d'une crampe maréchaliste, il rappelle encore une fois qu'il est prêt à faire don de sa personne à la France qui ne le lui demande pas, si la situation l'exige, si on le lui demande, s'il fait beau cet été, s'il peut reprendre du dessert au prochain repas,… On comprend son empressement à occuper le terrain : ni François FILLON, ni Jean-François COPÉ, ni Xavier BERTRAND, ni d'autres demain (Nathalie KOZIUCKO-MORIZET si elle gagne les municipales parisiennes?) ne lui feront cadeau de la place s'il ne parvient pas à rester pendant 4 ans le seul recours possible de la Droite.
Mais Monsieur SARKOZY : vous siégez au Conseil Constitutionnel, vous êtes payé par de l'argent public pour siéger au Conseil Constitutionnel, et cela vous oblige ! Vous voulez revenir en politique ? Fort mal, mais c'est votre droit. Mais puisqu'on parle de droit et que vous fûtes avocat, reprenez un peu votre Constitution (qui se trouve être aussi la mienne) et vos cours d'éthique (la votre n'étant probablement pas la mienne) : faire de la politique ou pantoufler au Palais Royal, il va falloir choisir. Mais bon, si la Justice vous en laisse le temps...