LETTRE À UN HAGIOGRAPHE
Cher ami, ou chère amie, je ne sais pas vraiment par quel genre commencer ma lettre ouverte, non pas à cause du prétendu « complot de la théorie des genres » mais parce que je ne sais pas en fait individuellement à qui adresser ce courrier.
C'est parce que « tu » es / « vous » êtes plusieurs, ces hagiographes.
De qui je parle ? À qui je parle ? De toi, de vous, de ces hagiographes du communisme municipal vaudais, qui à longueur de réseau social faites l'apologie d'un système, que vous ne vivez que de l'extérieur, qui faites l'apologie d'un système que vous ne vivez pas mais pour lequel vous… votez ! Car vous ne vivez pas dans la ville, vous ne vivez pas la ville, mais vous y votez, et c'est bien là le problème !
Ôtons déjà un malentendu : je ne vous reproche pas vos convictions, elles sont estimables comme d'autres. Je ne vous reproche pas de vouloir les défendre et vous battre pour elles. Mon problème, c'est que vous le faites dans une commune dans laquelle vous ne vivez pas !
À chaque élection votent des citoyens dans une commune où ils ne vivent pas : ils n'ont pas encore fait leur changement d'adresse mais veulent quand même accomplir leur devoir de citoyen, ils restent attachés à la ville de leur enfance où ils continuent à s'investir, ils restent attachés à la commune dans laquelle pour des raisons diverses ils sont attachés par leur investissement bénévole, ils n'ont pas encore stabilisé leur situation administrative ou de logement,… Tout cela est sur la marge, tout cela entre dans des parcours individuels, tout cela est compréhensible et acceptable.
Le problème, c'est quand cela est une démarche volontaire et idéologique, qui ne répond pas à un parcours individuel mais à un projet structuré et conscient pour peser sur le choix des habitants, des « vrais habitants ».
Que représente pour vous Vaulx-en-Velin ? La ville où vous ne vivez pas, mais où vous travaillez pour certaines et pour certains d'entre vous. La ville que vous ne connaissez pas de l'intérieur, avec ses difficultés, avec aspects positifs mais aussi négatifs, mais où vous allez dire aux habitants qui la vivent comment elle est ou censée être !
Mais cette ville que vous défendez, elle n'existe pas, elle n'existe que dans vos espoirs ou votre dogmatisme. Elle est votre utopie, c'est estimable, mais elle n'est pas notre quotidien, naturellement plus complexe que votre image d'Épinal. Vous la fantasmez au présent, vous l'espérez pour l'avenir, nous nous la vivons au quotidien.
Venez-la vivre, venez y payer vos impôts, venez connaître la ville aussi le soir, le week-end ou durant les vacances, et pas seulement durant votre temps de travail, ou venez la vivre tout court quand vous ne la connaissez que sur le papier, celui de votre bulletin de vote.
Car qui sommes-nous pour vous, Vaudaises et Vaudais qui vivons à Vaulx-en-Velin et qui vivons Vaulx-en-Velin ? Qui sommes-nous pour vous ? De bons sauvages qui avons besoin d'être éduqués par de bons pères ? Le temps des colonies, si vous ne le saviez pas, est clos ! Nous n'avons pas besoin d'éducateurs, de protecteurs, de moralistes qui viennent nous dire le monde tel qu'il devrait être. Nous pouvons faire nos choix et choisir notre ville, nous sommes les experts de notre propre vie. Nous nous trompons d'après vous ? Peut-être ! Et ? Nos erreurs, nous les supportons : je préfère vivre mes erreurs issues de mon vécu au quotidien sur le terrain que supportez vos vérités auto-proclamées de l'extérieur ! Vous vivez votre vie, laissez-nous vivre la notre.
Vous avez votre utopie, votre vision des choses, c'est votre droit. Cette utopie, défendez-là où vous vivez, votez-la où vous vivez, et laissez les Vaudaises et les Vaudais choisir pour eux-mêmes.