LES BONS COMPTES FONT LES BONS MINISTRES.
3 jours après, « ils » en parlent encore ! Depuis 3 jours, le sujet squatte tous les journaux, émissions de radio ou de télé, les sites internet, à tel point que je finis par me dire que ce serait une faute éthique majeure qu'il ne squatte pas aussi mon blog. Et d'ailleurs, depuis 3 lignes que je parle de « Le Sujet » sans avoir évoqué duquel il s'agit, je n'ai nul doute que chacun n'aura manqué de comprendre que je parle de « L'Affaire », non, non, pas celle de Dreyfus, mieux encore puisque « pire », L'Affaire Cahuzac !
L'affaire Jérôme CAHUZAC fait partie de ces scandales qui à un moment quittent le rationnel. Les provocations populistes de Frigide Barjot qui manifeste maintenant ouvertement avec l'Extrême-Droite et les malaises sur commande de Christine BOUTIN sont relégués aux pages intérieures. On en est maintenant chez certains au point de parler de crise de régime, de dissolution, de référendum, certains parlent même de gouvernement de rassemblement face à la crise économique et à la crise politique comme on faisait en période de guerre des gouvernements d'Union Nationale. Il faut que ce soit un Jean-Pierre RAFFARIN (si, si : RAFFARIN) qui appelle au calme les siens, en soulignant que l'UMP ne serait pas en position de gagner des législatives anticipées vu son état convalescent post-défaite présidentielle et post-défaites législatives et post-élection interne (la présidentielle où ils sont les seuls candidats mais qu'ils parviennent quand même à perdre).
Hors cris d'effarouchés de COPPÉ et WAUQUIEZ (tiens, les 2 probables futurs candidats à l'hypothétique prochaine présidentielle de l'UMP), revenons à quelques fondamentaux du débat.
Oui, il y a un scandale politique dans cette affaire. Il y a un scandale politique, car à l'affaire judiciaire, celle d'un homme qui pratique l'évasion fiscale, il y a le fait que cet homme était aussi ministre, ministre en charge de la lutte contre l'évasion fiscale. Il y a un scandale politique, car c'est maintenant évident que cet homme a effrontément menti devant la représentation nationale, il a effrontément menti devant les délégués de la souveraineté populaire.
Il y a scandale politique mais il n'y a pas scandale d'État. Il faut avoir l'imagination d'un dirigeant de l'UMPathétique pour croire que c'est en tout état de connaissance que François HOLLANDE et Jean-Marc AYRAULT ont gardé pendant 4 mois Jérôme CAHUZAC à ses fonctions le sachant coupable. Ils n'avaient aucun intérêt à le savoir coupable et le garder, donc ils l'ont gardé parce qu'ils l'ont cru innocent. À ce niveau là de responsabilité c'est peut-être une faute stratégique d'avoir fait confiance à CAHUZAC, la confiance est peut-être une faute stratégique mais ce n'est pas une faute morale.
Il y a un scandale politique, celui d'un homme, qui s'est enrichi individuellement, il n'y a pas en place un système pourri, et que Monsieur COPPÉ retourne compter ses pains au chocolat et ses voix à la présidentielle interne voir combien il lui en manque, il y a bien là une différence avec les scandales qui pullulent à Droite. La Gauche a malheureusement son lot actuel de procès (GUERINI, ANDRIEUX,…) et il faut noter que contrairement à l'ère SARKOZY, il n'y a eu avec HOLLANDE aucune intervention du politique dans le judiciaire pour le réfréner, le contrôler, et il n'y a eu aucune visite mystérieuse dans les locaux de journaux. La Gauche a ses procès, mais il s'agit de dérives individuelle. Le PS a payé et a payé seul, il y a 20 ans, l'absence de lois sur le financement des partis politiques, il a payé seul un système partagé. Et depuis, à ce niveau, les choses sont claires pour le PS et la Gauche. À Droite, la liste des instructions judiciaires est longue, longue et retardée par les interventions dans la Justice de Tsarkozy durant son règne. À Droite, la liste des instructions judiciaires est longue, longue et d'une autre nature : affaire Karachi, affaire KHADAFI – SARKOZY, affaire SARKOZY – BETTENCOURT, affaire BETTENCOURT – WOERTH, affaire des fadettes, affaire des sondages,… Dans tous ses scandales, c'est bien la question du financement de l'UMP et du fonctionnement de l'État UMP qui est en question. On n'est plus au niveau de la dérive individuelle, on est bien au niveau du système, du système qui influe sur notre fonctionnement démocratique, du système construit pour influer sur notre fonctionnement démocratique, le pervertir. Oui, Monsieur COPPÉ, il y a encore une morale à Gauche, que salissent les dérives individuelles mais qui ne se complait pas dans l'affairisme et la corruption du système de la Droite, il y a une morale à Gauche et elle vous emmerde.
Dernier point, mais cela devient un incontournable, la réaction du grand timonier de la dévolution, du Che des basses ambitions mal assumées. Le soir même, sur twitter il posait la question de « qui savait ? », sous-entendant que l'Élyzée était au courant. Depuis, il se propose de mettre un grand coup de balais ! Il est toujours surprenant de voir quelqu'un qui n'a jamais été élu que sur des listes, qui a commencé sa carrière au scrutin indirect, au Sénat où on n'arrive que par les jeux partisans internes, qui a toujours eu du mal a caché ses ambitions ministérielles quitte à faire ostensiblement acte de candidature pour se mettre au service des candidats « socio-traitres » qu'il affirme aujourd'hui tant exécrer, il est toujours surprenant de voir celui-là donner des leçons de morale et de probité intellectuelle dans la démarche. Avoir été au cœur du jeu partisan pendant un quart de siècle, en avoir bénéficié pendant un quart de siècle pour aujourd'hui le dénoncer avec panache mais sans cohérence, cela ne contribue qu'à nourrir la pensée populiste. Car non content de sous-entendre que le président de la République savait, voilà qu'aujourd'hui il demande de nouveau un « coup de balai » ; déjà que hier il voulait tous les sortir comme le FN qui veut sortir les sortants, et voilà que la boucle se boucle ! À force de reprendre la rhétorique populiste d'Extrême-Droite, on ne fait que la nourrir, et celui dont les études montrent que l'électorat est composé de bobos et de conservateurs devrait comprendre que la pédagogie politique de la fonction tribunicienne est aussi très proche du poujadisme, et qu'aujourd'hui son intérêt et plus encore l'intérêt des Français qui souffrent et dont il se réclame, c'est d'assurer la réussite de la Gauche au Gouvernement, pas de faire le lit dans lequel Marine LE PEN se couchera.