Comme des relents de pétainisme...
Sur ce modeste blog, j'ai depuis des mois parlé d'inégalités sociales, de laïcité, d'égalité réelle, de discriminations, des compromis du président de la République avec l'Extrême-Droite, du frontisme, et d'autres sujets majeurs qui ont transformé à jamais par la pertinence de mon analyse le quotidien du restant de vos vies.
C'est pourquoi, écrasé par tant de pertinente intelligence, pour permettre à chacun de souffler face à l'écrasement de mes analyses, je vais ce jour parler.... d'une affiche!
Depuis quelques jours, une polémique fait rage, sur la blogosphère ébranlant le mouvement militant LGBT en particulier, celui des défenseurs des des droits de l'Homme en général.; on ne manque de s'imaginer et de craindre que la République puisse être mise en péril par ce débat d'idée qui interpelle l'opinion publique et notre fonctionnement démocratique. Imaginez, tremblant de tous vos membres: l'affiche de la Marche des Fiertés parisiennes pour juin dernier représe... un coq blanc avec un boa rouge! Quelle honte!
Pour éviter toute divergence inutile, disons-le tout de suite et de manière préliminaire: l'affiche est laide! Quelle surprenante idée derrière un coq blanc réaliste à boa d'afficher un fond bleu aussi fluorescent qu'agressif en mode spotlight. Nous sommes tous d'accord, cette affiche est laide.
Bon, ceci dit, ce qui fait que cela jacasse dans la basse cour, ce n'est pas cet horripilant fond bleu. Ce pauvre coq blanc est accusé d'être sexiste, raciste, efféminé et pétainiste! Tant de critiques pour un pauvre coq, voilà de quoi réjouir toutes les dindes!
Sexisme, racisme ou pétainisme: à vrai dire, tout cela est assez triste. Comment d'une affiche en arrive-t-on à tant de reproches et d'opprobre?
Que la contestation s'exprime, c'est légitime. Mais faut-il que des (quelques) associations, par ailleurs bien peu connues pour une majorité pour leur travail de terrain, se lancent dans une campagne de communiqués et de pétitions (que d'énergie perdue!), dénoncant un "lobbying gay"?! Pour dénoncer le pétainisme faut-il reprendre les arguments du Front National?!
Et sur le fond, que peut-on retenir de toutes ces attaques? Une affiche de Marche relève d'un mot d'ordre M à un temps T! Que sur le long terme on insiste sur le manque de diversité dans les représentations, ça à un sens: pas assez de femmes, pas assez de vieux, pas assez de gros, pas assez de personnes d'origines étrangères,...! Ou pas assez de folles?! Ah, non: là ça ne vaut pas, puisque le coq à un boa, et c'est même ce qu'on lui reproche, comme quoi un argument sur le manque de diversité se démontre aussi par son inverse, surtout quand on touche au sujet sensible de la "follophobie" intérieure au milieu LGBT.
Alors, "oui" pour avoir le débat global sur la représentation des (et non de "la") diversités, mais refusons que sur un épiphénomène sur une année, un coq blanc devienne le symbole du sexisme et du racisme, c'est un peu limité comme argumentation.
Quant au pétainisme ou au frontisme... Certains ont eu du mal pour trouver, -a posteriori!- une obscure et oubliée affiche qui justifiait leur argument à défaut de le prouver. Faut-il alors rappeler que le coq est l'emblème de la République avant d'être celui d'une quelconque France pétaino-nostalgique, et que donc des militants n'ont pas vraiment à s'excuser de reprendre un emblème de notre République pour réclamer l'égalité réelle des droits.
A vrai dire, au-delà de toute ces attaques aussi mièvres que mesquines, 2 autres problématiques se cachent.
D'abord, les follophobes intégrés. Contre la victimisation de jeunes LGBT, la réponse à ses différences serait. de... les nier! Cacher ce boa que je ne serai voir! C'est le retour d'Arcadie ou du pédé façon Droite décomplexée mais pas trop! Pour être heureux, vivons cachés, et surtout abandonnons le droit à la différence, oublions le caractère transgressif que peut avoir une Marche des Fiertés, soyons fiers de ne rien réclamer, osons abandonner toutes nos revendications., assumons le soutien à la reproduction d'une société hétérocentrée répressive. C'est quand les LGBT seront devenus hétéros qu'ils seront acceptés dans leur non-différence! Il suffisait d'y penser...
Ensuite, les libertaires masqués. Certains, à travers leur militantisme LGBT développent un discours politique libertaire. En soit, ce n'est pas contestable. Ce n'est pas mon analyse: je suis militant LGBT au nom de la défense de l'égalité réelle et de la lutte républicaine contre les discriminations, mais je peux comprendre et accepter que d'autres pensent qu'à travers leur orientation sexuelle et leur identité de genre ce n'est pas seulement une société qu'ils critiquent, c'est un système économique et un fonctionnement étatique qu'ils remettent en cause.
La difficulté dans ces cas là, et qu'il est difficile de dire frontalement que son problème n'est pas tant d'être pour les droits des LGBT mais d'être contre l'Etat en tant qu'entité impersonnelle d'oppression non des LGBT en particulier mais de toute expression individualiste en général.
Alors on biaise: on déligimité le combat pour le droit au mariage puisqu'on est contre le mariage (à titre personnel, je suis aussi contre le mariage, mais je suis surtout pour l'égalité des droits, et à ce titre là je me bats donc pour l'ouverture à tous les couples du droit au mariage en dehors de différenciation en raison de leur orientation sexuelle), on dénonce le pétainisme intégré supposé (ce qui démontre une étonnante qualité de respect des autres militants et de leur capacité d'analyse), on pratique le "outing" du crypto-socialisme réel ou supposé des autres militants (toujours la même étonnante qualité de respect, qui s'attribue l'absolue vérité intellectuelle et éthique et la dénie aux autres pour cause de dérive idéologique réelle ou supposée comme on commet des délits en raison d'une orientation sexuelle réelle ou supposée...) tous affiliés ou affidés à un obscure parti n'ayant pour seul intérêt que 2012, ne s'étant jamais prononcé pour l'égalité des droits avant, ne l'ayant jamais pratiqué avant. Tous les arguments sont bons, même ceux qui réécrivent 1982 ou l'histoire du PaCS, toutes les hypocrisies sont bonnes comme celles qui consistent à sourire aux élus qui peuvent vous voter des subventions pour mieux les dénoncer pour leur pratique nombriliste du pouvoir oppresseur.
Militants de salon ou libertaires de Centre Ville, tout cela n'est pas très sérieux au final. En tout cas, une affiche de Marche des Fiertés ne mérite pas une telle polémique. Toutes les victimes quotidiennes de l'inégalité des droits et des discriminations non plus...