Cités TASE: les mains d'or
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Monsieur le Président,
Mesdames et Messieurs les Conseillères et Conseillers, chers collègues,
Avec cette délibération, nous avons l'occasion de redire que l'histoire de nos villes populaires ne commence pas avec les ZUP.
Vaulx-en-Velin, c'est un village millénaire, c'est un château médiéval, une référence cadastrale à une égalise romane, une maison des champs Renaissance ; c'est également un cas exceptionnel de Cité Paternaliste, dont nous célébrons le centenaire.
Fuyant les agités canuts de la colline, il y a un siècle un soyeux lyonnais vient se réfugier dans la riche plaine agricole, y construisant une Cité Jardin dont la colonne vertébrale est son usine, Cité Jardin dans laquelle les logements sont attribués selon la fonction dans l'usine, où la limite des grilles du portail renferment ou enferment le dispensaire, le commerce ou l'église dans laquelle il faut être vu pour bénéficier de primes.
Avec la rénovation des Grandes Cités TASE, les immeubles des anciennes chambres des ouvriers, des chambres qui ont accueilli des vagues successives de migrants, d'abord des campagnes de France, puis d'Europe, puis du monde, avant que l'usine ferme car dans la nouvelle logique capitaliste ce sont désormais les usines qui migrent ;
Avec cette rénovation des Grandes Cités TASE, nous disons le temps.
Le temps urbain, économique et humain, celui d'une cité paternaliste, celui de la Résistance, celui des migrations puis des luttes sociales ; celui d'une usine de soie qui devient usine de textile artificiel du Sud-est -TASE!-, développant tout un éco-système autour de l'entreprise d'origine, tout un ensemble entrepreneurial cohérent, du textile artificiel vers le nylon et l'usine homonyme et du nylon vers l'activité aéronautique et spatial, du textile artificiel vers la chimie et de la chimie vers l'industrie pharmaceutique ou l'industrie pétrolière. Ce sont aussi des mains d’ouvriers et d’ouvrières vaudais que sont nées des entreprises de pointes françaises. Les « mains d'or » pourrait chanter Bernard LAVILLIER (dommage qu'il soit Stephanois…).
Nous disons aussi le temps politique des projets, un temps difficile ou incompréhensible pour les habitants. Il nous a fallu 10 ans, 10 ans pour construire avec le bailleur le projet de rénovation des Grandes Cités TASE, renouer le dialogue et la confiance, travailler le projet avec l'ABF et les associations patrimoniales, mener avec les locataires et les associations de locataires une concertation grandement contrariée par le confinement, mener le projet avec le soutien financier de la Métropole de Lyon, mener ce projet dont le cœur physique, humain et symbolique sera les jardins partagés municipaux que la Ville requalifie totalement, pour redonner pleinement à cet ensemble patrimonial sa vocation de Cité Jardin.
Ce siècle de l'ensemble TASE n'est pas la fin de l'histoire, car nous continuons. Nous continuons avec les co-propriétaires des Petites Cités TASE pour qu'ils s'approprient pleinement la nature patrimoniale de leurs logements ; avec les propriétaires d'entreprises pour qu'ils inscrivent aussi les anciennes usines dans cet ensemble remarquable et les inscrire dans les mutations économiques et architecturales du secteur.
À l'occasion de cette rénovation et du siècle de l'ensemble TASE, de ce centenaire, nous espérons que chaque Grande Lyonnaise, chaque Grand Lyonnais prenne pleinement conscience de ce patrimoine remarquable, que nourrit l'histoire urbaine, l'histoire humaine et l'histoire économique de notre pays.
Architecture et logements des Grandes et Petites Cités TASE, ensemble industriel et économiques et parcours de vies forment un patrimoine exceptionnel qui n'est pas qu'un patrimoine vaudais, qui est un patrimoine grand lyonnais, un patrimoine en partage.