« Puis ils sont venus me chercher, et il ne restait plus personne pour me défendre »
/image%2F1562600%2F20220424%2Fob_6ef401_800x500-commemoration-journee-souvenir.jpg)
Madame la Ministre, Hélène GEOFFROY, Maire de Vaulx-en-Velin, Vice-Présidente de la Métropole de Lyon ;
Madame la Sous-Préfète déléguée à la Politique de la Ville, Madame Salwa PHILIBERT ;
Monsieur le Président de l'UFAC, Monsieur Robert GÉA ;
Mesdames et Messieurs les Élus et anciens élus ;
Mesdames et Messieurs les représentants d'associations de déportés, de résistants et d'anciens combattants ;
Mesdames et Messieurs les membres du Choeur du Souvenir qui animeront culturellement cette commémoration ;
Mesdames et Messieurs ;
« Puis ils sont venus me chercher, et il ne restait plus personne pour me défendre ». Ces mots, simples et puissants, nous les connaissons tous. Ils concluent un poème qui circule à partir de 1942, du Pasteur Martin NIEMÖLLER, déporté de 1937 à 1945.
Socialistes, communistes, syndicalistes puis Juifs : le pasteur NIEMÖLLER énumère les victimes successives du Nazisme, déportées dès le 20 mars 1933 au camp de Dachau, vers Münich. Avec les années et le recul, on sait que la liste n'était pas définitive : Tsiganes, Slaves, homosexuels, handicapés physiques ou mentaux, opposants politiques, les résistants de l'intérieur puis -avec la guerre- les Résistants de tous les pays occupés ou soumis d'Europe. Avec la caractéristique d'« asociaux », la machine nazie se donne le droit de déporter toutes celles et tous ceux qui déplaisent, gênent ou ne sont pas assez dociles.
La liste des victimes est infinie, déportées hors de tout état de droit. La liste des victimes est infinie, pour des faits réels ou supposés ou par essentialisation et assignation : parce que Tsigane, vous êtes pour l'hydre fascisante par essence coupable ; parce que Slave, vous êtes pour l'hydre fascisante par essence coupable ; parce que Juif, vous êtes pour l'hydre fascisante par essence coupable.
Johann Wilhelm TROLLMANN est champion d'Allemagne de boxe mi-lourds le 9 juin 1933 ; une semaine plus tard, son titre lui est retiré : Sinté (Tzigane), TROLLMANN ne peut pas être champion d'Allemagne, ses « coups de poing n'étaient pas allemands » explique la revue Boxsport ! Mobilisé en 1939, il est déporté sans procès au camp de Neuengamme en 1942 où il est exécuté le 9 février 1943. il avait 35 ans, pour l'hydre fascisante il était par nature coupable car Tsigane.
Suzanne BUISSON, elle, a 60 ans quand elle est déportée du camp de Drancy le 30 juin 1944 vers le camp d'Auschwitz, où elle est exécutée 6 jours plus tard à son arrivée, le 5 juillet 1944. Elle était doublement coupable : Résistante et Juive !
Le Nazisme, les totalitarismes, tous les totalitarismes, nourris de logiques de haine, de stigmatisation, de violence et d'exclusion sont par nature des idéologies de destruction, de destruction des corps, des consciences et des âmes.
Et l'Histoire a amèrement démontré que ces idéologies de destruction ne sont jamais des solutions. L'Histoire a amèrement démontré que toutes les idéologies de stigmatisation et d'exclusion se font au prix de nos libertés individuelles et collectives, aux dépens de nos droits, à l'encontre de nos modèles de société dans laquelle nous voulons vivre ensemble et pas face à face ou l'un contre l'autre.
En ce jour ordinaire et particulier pour notre République, celui où nous sommes appelés à voter, où nous votons, celui où le peuple de France exprime sa souveraineté, souvenons-nous de celles et ceux, déportés, déportés pour ce qu'ils et elles étaient ou supposés être ; déportés pour une opinion émise ; déportés pour leurs actes héroïques connus ou méconnus ; déportés pour leur refus de l'inacceptable.
Dans notre ville où les noms de rues et d'équipements résonnent de noms de déportés pour acte de Résistance, de Maurice LUYA au Nord à Suzanne BUISSON au Sud, en ce jour ordinaire et particulier pour notre République, celui où nous votons, celui où le peuple de France exprime sa souveraineté, souvenons-nous aussi du prix des lâchetés et des abandons.
Continuons à faire vivre notre Démocratie, continuons à défendre notre idée nationale construite sur un triptyque indépassable, « Liberté, Égalité, Fraternité » ; continuons à exprimer notre envie de vivre ensemble et faire Nation commune ;
C'est le plus simple et plus bel hommage à toutes les Déportées et tous les Déportés, celles et ceux qui sont revenus et celles et ceux qui ne sont pas revenus.