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Comme Ulysse vers Ithaque...

Publié le par Stéphane GOMEZ

Comme Ulysse vers Ithaque...

Madame la Maire, Mesdames et Messieurs les élus, Mesdames et Messieurs,

 

j'avais prévu, pour cette intervention -au nom des élus Socialistes et Républicains- de mettre en avant notre engagement conséquent -4,2M€- pour la réhabilitation de la piscine Jean Gelet ; dire que sur cette somme totale, la Ville en porterait 1,4M€ ; dire que nous sommes de nouveau dans une démarche partenariale avec l'État et là -cette fois- la Région ; dire ce que le projet de réhabilitation doit apporter de confort pour les usagers par des travaux sur le bassin ou les vestiaires ; dire ce que le projet doit apporter d'économie sur les frais de fonctionnement par une amélioration des performances énergétiques.

 

Mais j'oubliais le sujet. Il est des mots qu'on ne dit pas, ici, sans puiser dans le tonneau des Danaïdes ou ouvrir la boîte de Pandore.

 

Avec un peu de chance, le débat se conclura sans qu'on nous reparle des critères -les fameux « critères »- de subventions aux clubs sportifs (à ce sujet, notons qu'un magazine lyonnais classe Vaulx-en-Velin en 1ère position sur l'agglomération des subventions aux clubs de sport…).

 

Dans cette ambiance de pré-Mondial, rappelons que les joueurs jouent un match puis jouent le suivant. Les commentateurs, eux, refont le match joué. Aujourd'hui nous ne devrions pas rejouer le match du complexe aquatique à plus de 20M€ (ce match là, nous l'avons joué il y a 3 ans après que d'autres aient été incapables de mener la partie jusqu'au bout sur leur mandat). Ce soir, nous voulons jouer le match de la réhabilitation de la piscine Jean Gelet. Mais visiblement il nous faut -encore- rejouer encore le match d'il y a 3 ans. Comme le parcours vers Ithaque, c'est une véritable Odyssée…

 

Si on veut rejouer ce match dans les commentaires, redonnons quelques éléments, qui nous replongerons dans un parcours que n'aurait su imaginer Dédale .

 

J'en ai trouvé mention pour la 1ère fois au Conseil Municipal de juin 2011, il y a 7 ans déjà ! On parle alors de « complexe aquatique » ! Complexe, autant dire que le dossier allait l'être. Le coût de construction est alors estimé à plus de 17M€ hors frais de démolition de l'actuelle piscine. En novembre 2012, sans qu'aucun coût de pioche ne soit encore donné, le coût est passé à presque 18M€ et demi. On est censé avoir l'équipement fin 2014 après 10 mois de travaux : plus qu'un an à attendre donc pour le 1er coup de pioche ! Sauf qu'en juin 2013 quand le Conseil Municipal re-délibère (je vous ai fait grâce de plusieurs délibérations, je vous rassure), quand le Conseil Municipal re-délibère ce n'est pas pour le lancement des travaux mais parce que les frais de construction sont maintenant passés à pratiquement 19M€, un seuil de 19M€ dépassé 6 mois plus tard par une délibération du Conseil Municipal de décembre 2013.

 

Plus de 19M€ pour la construction du très complexe aquatique : et on ne dit rien sur les frais de destruction de l'ancienne piscine, site sur lequel doit été construite le futur centre aquatique. Ni sur comment sera gérée la phase transitoire pour que les Vaudais puissent encore avoir accès à une piscine et notamment pour les scolaires à l'apprentissage de la natation (puisqu'on nous a depuis dire que 30% des jeunes vaudais ne savaient pas nager…)… Autant dire qu'en réalité on est plutôt vers le quart de millions -une somme dont seul oserait rêver Crésus-, sans les frais de fonctionnement qu'un chiffrage interne estimait à presque 2,5M€ par an… ! L'équivalent donc de plus d'un cinquième du budget d'investissement sur l'ensemble de ce mandat, niveau d'investissement qui, si je renvoie au même article qu'en début de propos, est l'un des plus important sur ce mandat de la Métropole ! Autant dire que ce complexe aquatique était aussi olympique !

 

Mars 2014, au moment des élections, alors que la livraison théorique est pour dans quelques mois, il n'y a eu aucun coup de pioche encore ! Rarement un projet de piscine aura autant pris l'eau !…

 

Arrivé à ce moment, la nouvelle majorité, notre majorité, était face à un choix : tenir les engagements d'autres, qu'ils n'avaient pas su réaliser (je ne rouvrais pas le débat sur le sens du mot « incapacité »), ou tenir les nôtres, et notamment ceux en matière d'éducation. Il y avait des écoles à faire, 4 écoles à faire, et d'autres à rénover. Une médiathèque à construire. Une adaptation des locaux aux personnes en situation de handicap à enfin réaliser ; etc…

 

Quand, en mars 2015, le Conseil Municipal approuve à une majorité élargie la résiliation des marchés lancés en 2012 (pour 1,4M€), on nous prédit, Mme la Maire, que vous serez la Maire qui n'inaugura pas de nouvelle piscine et qui n'inaugurera rien sur le mandat. Le propos était en partie vrai : vous n'avez pas inaugurez de piscine. En même temps, vos prédécesseurs jusqu'à Robert MANY n'ont plus ! Par contre vous avez inaugurez et vous inaugurerez encore. C'est même parfois le reproche de l'opposition, une critique en guise d'hommage : vous inaugurez trop !

 

Oui en mars 2015 nous avons fait un choix et nous l'assumons pleinement, car c'était celui de la cohérence sur nos engagements de campagne, et pour reprendre le député André CHASSAIGNE que je citais déjà en mars 2015 : « Qui décide et au nom de quels intérêts ? La question est d’ordre démocratique ».

 

Nous avons fait un choix démocratique, celui de la cohérence de notre projet pour la ville. Nous proposons dans la même cohérence un nouveau choix, celui de la réhabilitation de la piscine Jean Gelet, un investissement, rappelons-le, de plus de 4M€. Jouons ce match plutôt que commentons encore le précédent, à moins de vouloir sombrer dans la comédie grecque et chacun alors ira chercher qui est Cléonyme…

 

Car je ne voudrai pas, comme en mars 2015, conclure en reprenant l'épigramme du Mépris, Jean-Luc GODARD citant la phrase André Breton (je m'améliore, je fais maintenant des citations de citations, mais je me suis dis que cela ne manquerait pas de plaire à certains) : « Le cinéma substitue à notre regard un monde qui s’accorde à nos désirs ». J'avais en 2015 dit qu'on pourrait remplacer « cinéma » par « piscine » pour transférer le « microdrame » de notre ville depuis trop longtemps.

 

En réalité, la pièce peut peut-être maintenant s’arrêter, elle est jouée et consommée. Il est temps, maintenant, enfin, de nous tourner vers l'avenir et de nous dire si « oui » ou « non » nous soutenons la réhabilitation de la piscine Gelet. Les élus Socialistes et Républicains s'inscrivent dans l'avenir, nous voterons « oui ».

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