Overblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog

Il ne faut pas souiller son patrimoine en multipliant les erreurs passées

Publié le par Stéphane GOMEZ

Madame la Maire, chers collègues, Mesdames, Messieurs,

Quelques mots au noms des élus Socialistes et Républicains pour dire l'importance pour nous de l'action et de l'existence même d'une association comme « Révéler Vaulx-en-Velin ».

 

Notre commune est riche du nombre, de l'action et de la diversité de ses associations, et « Révéler Vaulx-en-Velin » contribue par son objet patrimonial à cette diversité et participe à ce titre de cette richesse dont nous ne pouvons être que satisfait.

 

J'ai eu l'occasion de le dire lors d'une intervention à la Métropole : Vaulx-en-Velin, notre ville, n'est pas une ville sans Histoire, sans identité. Notre cœur historique, le Village, avec sa mention d'église romane, est probablement un 1er point de structuration humaine autour de fermes latifundiaires sur une plaine alluviale, au Haut-Moyen-Âge ; avant de se développer et s'imposer, de naître, autour du Château, lors des processus d'encellulement du Bas Moyen-Âge. Le village a le destin de toutes les communes à une lieue du ban lyonnais, dans une zone mouvante de frontières, avant le déclic de l'industrialisation avec le barrage et l'électricité, les délocalisations industrielles (déjà ! mais à une autre échelle, des collines de la Croix-Rousse jusqu'à la plaine de l'Est lyonnais…), les migrations d'ouvriers, aussi, depuis le reste de la région et -bien sûr- la cité paternaliste de la TASE ; viennent ensuite les guinguettes du Pont des Planches qui alternent avec les maisons bourgeoises pendant que les migrations d'ouvriers s'élargissent à l'Europe, de la lieue du ban Vaulx-en-Velin transite vers un rôle de banlieue ; dans les années 60, sous différentes formes, de la Grappinière à Marhaba, ce sont les cités d'accueil, alors que les migrations d'ouvriers se font mondiales ; avant les années 70 et le projet disproportionné de ZUP et ses promesses non tenues ; aujourd’hui, depuis une 20aine d'années, notre ville s'inscrit dans l'histoire du renouvellement urbain et de ses projets jusque là plus ou moins poussés et aboutis.

 

Vaulx-en-Velin n'est pas une ville sans Histoire, elle est l'Histoire urbaine de la France, elle est l'Histoire socio-économique de la France, et ces Histoires sont autant de vies, autant de parcours, autant de destins.

 

Et c'est toute l'ambition et l'importance de cette association, que nous voulons soutenir, de redire cette Histoire urbaine et patrimoniale trop souvent oubliée et même souvent niée, de redire toutes ces histoires humaines.

 

Du passé, il n'est pas toujours nécessaire de faire table rase, surtout en matière patrimoniale. Il faut même ne pas le faire, car nos racines disent aussi où nous sommes, où nous allons, ce que nous voulons être ensemble. « Il faut être fier d'avoir hérité de tout ce que le passé avait de meilleur et de plus noble. Il ne faut pas souiller son patrimoine en multipliant les erreurs passées » notait avec la sagesse qu'on lui connaît le Mahatma GANDHI (La Jeune Inde, 1918-1922, 1924). Et nous avons cette conviction que nos quartiers, chacun dans sa personnalité, ont un patrimoine trop souvent souillé et qu'il nous convient aujourd’hui de préserver et valoriser.

 

Nous le faisons au niveau municipal, en ayant créé une Commission Patrimoine, en lançant une étude patrimoniale sur le Château au Village, en lançant un travail pour constituer un cahier des charges patrimonial sur les Petites Cités TASE, en inscrivant sur tous les quartiers de notre ville plusieurs Périmètres d'Intérêt Patrimonial ou Éléments Bâtis à Préserver au futur PLU-H (je parle, bien sûr, ici, au nom de celles et ceux qui soutiennent ce PLU-H), et la liste est longue.

 

Ce travail s'articule avec celui de citoyens, de Vaudaises et de Vaudais passionnés et engagés, qui veulent aussi cultiver et faire connaître la richesse patrimoniale de notre ville.

 

Nous ne voulons pas une ville figée, sous cloche. Une ville qui ne muterait et ne vivrait plus. Mais le développement présent ou futur ne peut se faire sans, ne doit se faire contre notre Histoire patrimoniale. Nous devons revendiquer et porter notre patrimoine et pour cela le définir, le préciser.

 

John RUSKIN notait déjà en 1850 (Les Sept Lampes de l'Architecture) que « la conservation des monuments du passé n'est pas une simple question de convenance ou de sentiment. Nous n'avons pas le droit d'y toucher. Ils ne nous appartiennent pas ». C'est avec cette conviction que nous voulons, avec tous les Vaudais et Vaudaises qui le souhaitent, travailler à affirmer et conserver pour les générations à venir la richesse et la diversité du patrimoine vaudais.

Commenter cet article