Ils étaient cette France...
M. le Député, Mme la Consule de Roumanie, Mme la Consule de Pologne, M. le Consul de Moldavie, M. le Consul d'Espagne, Mme la Vice-Consule d'Arménie, Mme la Vice-Consule d'Italie, M. le Maire de Vaulx-en-Velin, Mmes et M. les élus et permettez-moi notamment de saluer Armand MENZIKIAN, délégué aux affaires générales et aux relations internationales, Mes et M. les porte-drapeaux et représentants d'associations d'anciens combattants, résistants ou déportés, Mmes et M. les représentants d'associations et de la chorale des Ans Chanteurs, Mesdames et Messieurs,
Permettez moi, au nom de l'ensemble des Vaudaises et des Vaudais, de vous accueillir en ce lieu de mémoire, ce lieux qui nous dit un temps de notre Histoire, un temps que nous connaissons, celui de 24 hommes et femmes, 24 qui en incarnent d'autres, beaucoup d'autres.
Leur histoire nous la connaissons, sa fin, tragique, le 21 février 1944 sur le Mont Valérien pour 23 d'entre eux ; à Stuttgart le 10 mai 1944 pour Olga BANCIC. Leurs visages, pour certains, nous les connaissons. Ces visages sur une affiche rouge qui devaient inspirer la peur et la haine, ces visages sur une affiche rouge, rouge du sang fraternel qui nous unit, ces visages qui inspirèrent le respect et la révolte.
Cette cérémonie nous dit un temps de notre Histoire, celui en France de l'occupation nazie et de la Collaboration, celui en Europe et dans le Monde de la lutte des démocrates contre les différents totalitarismes, celui de celles et de ceux qui se levèrent et ceux qui n'osèrent pas, celles et ceux qui résistèrent et ceux qui collaborèrent, celles et ceux qui se turent et ceux qui cédèrent, ceux qui trahirent même, et les membres du groupe Manouchian de tout cela en furent les témoins et les acteurs.
Au moment où certains se glorifiaient d'être fils de PÉTAIN, d'autres préféraient se revendiquer enfant de la Gueuse, eux ils étaient Arméniens, Italiens, Polonais, Hongrois, Moldave ou Espagnols, et Français bien sûr, eux ils étaient -reprenons la phrase de Missak MANOUCHIAN lors de sa parodie de procès le 19 février 1944- ils étaient cette France : « Vous avez hérité la nationalité française, nous l'avons méritée » ; eux ils étaient des nôtres, eux ils préféraient être fils et filles de ce que les démocrates allemands appelaient alors la Grande Nation.
Car c'est aussi ce que nous dit cette cérémonie, ce que nous dit l'épopée tragique du groupe de Missak MANOUCHIAN, ce que nous sommes aujourd'hui, comment nous avons pu être ce que nous sommes ici aujourd'hui, parce qu'ils étaient hommes et femmes, parce qu'ils étaient jeunes et vieux, parce qu'ils étaient de différentes opinions religieuses, ceux qui croyaient et ceux qui ne croyaient pas, parce qu'ils étaient des différents chemins de l'Europe, de l'Asie aussi, de l'Afrique ailleurs, ils étaient de différents chemins qui les ont menés jusqu'en France, jusqu'à notre République, jusqu'à faire Nation ensemble.
Cette cérémonie nous dit un temps de notre Histoire, cette cérémonie nous dit un temps de notre universel, ce dépassement d'hommes et de femmes de toutes origines qui ont refusé les logiques de haines de l'autres et des boucs-émissaires qui menaçaient et qui menacent encore, pour défendre, protéger et renforcer une société humaniste, d'individus qui ne regarderaient pas les chemins d'où on vient ou d'où on viendrait mais les chemins où nous voulons aller ensemble.
Ce lieu de mémoire, qui nous dit notre Histoire, est aussi un lieu d'avenir, qui nous appelle à regarder notre passé, avec ces moments de lumières et aussi ses parts d'ombres, mais également notre société, notre Nation, le sens du lien social qui nous rassemble, notre espoir de vivre ensemble, que l'on s'appelle Missak, Olga, Jonas, Emeric, Celestino, Rino, Joseph ou Thomas.