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PASSONS À LA SUITE.

Publié le par Stéphane GOMEZ

Le vote, mardi dernier, de l'ouverture du droit au mariage pour les couples homosexuels restera un marqueur identitaire fort de la présidence HOLLANDE. Comme j'ai pu l'écrire dans mon précédent post, c'est par ses réformes sociétales que HOLLANDE et AYRAULT resteront, s'ils le doivent, dans notre Histoire politique. Comme j'ai pu l'écrire dans mon précédent post, ce sont cependant par les réformes sociales que HOLLANDE et AYRAULT seront jugés à court terme par les Françaises et les Français, et notamment électoralement. Le succès électoral ne doit pas être une fin en soit, mais le choix de la Gauche de Gouvernement sur la Gauche protestataire, c'est qu'à un moment on ne se contente pas de la posture tribunicienne et nombriliste et on est dans l'action concrète de transformation sociale, et pour cela il convient d'occuper les fonctions à responsabilités.

 

De manière cohérente, Jean-Marc AYRAULT vient donc d'annoncer une « pause » dans les réformes sociétales, une pause et non pas un abandon. 2 raisons logiques expliquent sa démarche.

 

Tout d'abord, notre lien social s'est fortement dégradé suite à la violence verbale puis physique déployée par certains opposants à l'égalité des droits. Il faut aujourd'hui apaiser, non pas pour donner raison aux haineux qui sont allés « casser du pédé » ou qui appellent à le faire lors des prochaines Marches des Fiertés : ceux-là, non seulement doivent être condamnés par la morale politique et nationale mais aussi par la Justice ; ceux-là finiront par comprendre qu'ils ont perdu, car la loi est là, elle s'appliquera, et ce printemps les cortèges nuptiaux bruyants qui agrémentent les environs de nos mairies seront plus nombreux de ceux des mariages des couples homosexuels. Il faut aujourd'hui apaiser pour avancer sur « l'exemple portugais » : il y a 2 ans, l'union civile pour les homosexuels y était votée avec le soutien de seulement 25% de la population ; il y a quelques mois, l'adoption y était rajoutée pour tendre vers un « vrai mariage », dans l'indifférence générale et le soutien massif des Portugais. Et sur la PMA, nous devrons faire pareil : laisser un peu de temps -mais pas trop!- pour calmer les peurs des gens sincères trompés par la malhonnêteté intellectuelle, par la malhonnêteté morale et hypocrite des Virginie BARJOT, Christine BOUTIN-train et autres Xavier BONNIGOT, mais ne pas oublier, faire voter cette mesure pour les lesbiennes à égalité des hétérosexuelles et j'ai la confiance que cela se fera alors dans l'indifférence générale et le soutien massif de la majorité silencieuse des Français. Attendre n'est pas politiquement satisfaisant, mais attendre un peu pour permettre à cette mesure d'être appliquée et de l'être dans le calme est un sacrifice politique qu'il faut savoir concéder au lien social.

 

D'autre part, l'inquiétude des Français, aujourd'hui, est sur l'emploi, le chômage, le pouvoir d'achat, la peur de leur avenir. Les mesures sont prises, mais peu lisibles ou mal comprises : l'ANI (Accord National Interprofessionnel) tant décrié par certains par exemple, est non seulement un accord signé par la majorité des organisations syndicales en fonction de leur représentativité issue des élections professionnelles (vous avez dit « démocratie sociale »?) mais c'est aussi une mesure qui oblige avant des licenciements d'obtenir un accord des élus du personnel, qui met en place des mesures intermédiaires (temps partiels,…) pour éviter le chômage, qui crée un compte personnel « formation » pour chaque salarié, qui surtaxe les CDD pour favoriser les CDI,… Cela s'ajoute aux Contrats d'Avenir, aux Contrats de Génération, à la fin de la suppression des postes dans la Fonction Publique,… Le SMIC a été augmenté au-delà de l'obligation légale minimale, l'allocation scolaire de rentrée a été majorée. Les mesures existent, mais elles ne sont pas assez comprises et donc partagées. Dans cette situation économique difficile, où des efforts sont demandés afin de rétablir les comptes de la France pour pouvoir financer la politique sociale, il est nécessaire de redonner plus de visibilité à la politique économique du Gouvernement en y consacrant une séance forte, la précédente masquée par les polémiques stériles ou discriminantes entretenue par l'UMP, le FN et autres groupuscules haineux sur le droit au mariage qui est un droit à l'égalité.

Votation-citoyenne12.jpg

Il faut aujourd'hui faire une « pause » sur les questions sociétales, une pause et pas un arrêt et encore moins un abandon. Ni arrêt ni abandon, et à plus forte raison sur l'une de ces questions de société, symboliquement forte, celle du droit de vote et d'éligibilité des résidents extra-communautaires aux élections locales. C'est une mesure avant tout symbolique : l'expérience des autres pays européens (une majorité a déjà des mesures de cette nature) ou des ressortissants de l'Union Européenne montre que le taux d'inscription sur les listes électorale et les chiffres de participation sont faibles ; le droit de vote des résidents extra-communautaires a une incidence marginale sur les résultats électoraux. Contrairement aux discours des opposants, on n'est donc pas dans une mesure électoraliste ou communautariste mais seulement symbolique et de principe. On est sur le symbole et le principe : après une 1ère grande loi sur l'égalité, on ne peut pas s'arrêter à mi-chemin, comme pour confirmer les pires doutes qu'en matière d'égalité, oui, il y aurait un problème quand on est étranger.

 

Je suis persuadé qu'aujourd'hui la volonté politique sur cette question ne manque plus à Gauche. Ce qui manque, ce sont les voix. Contrairement à une loi simple, accorder le droit de vote et d'éligibilité nécessite une loi organique donc une majorité qualifiée au Congrès ; et pour y parvenir, ce sont au moins 30 voix du Centre (ou de Droite : l'espoir fait vivre) qui font défaut. Face à cette réalité politique, je l'ai déjà écrit sur mon blog, je ne sais pas qu'elle est la meilleure solution. Faut-il quand même aller aux voix et mettre chacun face à ses responsabilités ? Mais si la loi ne passe pas maintenant, n'est-elle pas condamnée pour au moins 15 ans ? Faut-il attendre les municipales que les principaux enjeux électoraux soient passés ? Mais nous serons juste avant les sénatoriales, qui risquent définitivement de refermer la « fenêtre de tir » avant la fin de la navette et la réunion du Congrès ! Faut-il aller au référendum ? Mais pouvons-nous nous permettre une campagne xénophobe et haineuse du FN et des autres groupuscules extrémistes, relayés par toute une frange de l'UMP façon « pain au chocolat » ? Pas plus que lors de mon 1er post, je n'ai la solution. Ce dont je suis certain, c'est qu'après avoir pendant des mois fait campagne et mobiliser contre celles et ceux qui voulaient limiter les libertés et le droit à l'égalité des uns, on ne peut pas donner l'impression maintenant que nous, socialistes, hiérarchisons le droit à l'égalité. À défaut de réussir sur cette question -ce qui reste sans ambiguïté mon objectif-, nous avons une obligation de moyens, et j'attends en la matière de Jean-Marc AYRAULT et du Gouvernement un discours, clair qui exprime sans ambiguïté notre objectif et notre volontarisme politique, qui trace un chemin.

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