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L'Education Nationale va craquer, elle craque, elle a craqué

Publié le par Stéphane GOMEZ

 

Comité Départemental de l'Education Nationale Du Rhône

Mercredi 22 septembre 2010

 

Déclaration préalable unitaire :

« L’Education Nationale va craquer, elle craque, elle a craqué »



Le rapport de l'Inspection générale de l'administration de l'Education Nationale, remis en juillet à Luc CHATEL et révélé vendredi 11 septembre par la presse, apporte, de la part d'une institution peu suspecte d'attitude contestataire, une confirmation de ce que, les fédérations de parents d’élèves et les organisations syndicales avec la profession affirment avec force depuis plusieurs années : le ministre cache sous une communication mensongère et lénifiante la réalité d'un second degré sous tension.

 

La révélation de ce rapport a été opportunément suivie de la publication tant attendue et tellement différée des prévisions d'effectifs d'élèves pour les années à venir : une augmentation estimée pour le second degré à 39 200 en 2010 et 61 900 en 2011 et touchant particulièrement le collège.

 

Sur le Rhône, les réalités ne sont qu’une déclinaison de ces pratiques gestionnaires imposées d’en haut, d’en haut à Bercy, non plus à Grenelle.

 

Dans les collèges du Rhône, le calcul de la dotation horaire par élève montre un recul sensible depuis 3 ans, aussi bien dans les établissements en zone prioritaire que les autres ; ce recul est d’autant plus alarmant que ce H/E est calculé sur des prévisions d’effectifs que les remontées réelles d’établissements en septembre (et même les projections de mai – juin) montrent de plus en plus fantaisistes.

 

Dans ce contexte du plus grand plan social de l’Histoire de France, avec près de 50 000 postes supprimés dans l’Education Nationale en 3 ans, encore 16 000 prévus aux fourches caudines pour l’année à venir, les pratiques circonstancielles (entrée sans formation à temps plein dans le métier, titulaires remplaçants sur 3 établissements pour « rentabiliser » chaque heure due même aux dépens de la qualité de l’enseignement proposé aux élèves, appel aux retraités pour assurer des heures de cours, multiplication des contrats précaires, suppression des dédoublements de classes et des enseignements de découverte) ne font plus illusion : il ne reste sur tout le Grand Lyon que 2 professeurs TZR en mathématiques pour assumer les remplacements de courte durée, des postes de titulaires restent encore non pourvus en lettres classiques, technologie ou arts plastiques.

 

Pour les SEGPA, nous avons des inquiétudes sur le fait que les élèves accueillis aient bien toute l'année et dans toutes les disciplines un enseignant, en particulier dans la partie professionnelle. Les moyens de suppléance dont dispose l'Inspection d'Académie permettront-ils d'assurer les remplacements ? Nous nous interrogeons également sur la rénovation des ateliers pour accueillir le champ professionnel "Habitat" ?

 

Le dialogue social est en panne. Depuis l’annonce des DHG, les délégations d’enseignants et de parents, accompagnés de représentants syndicaux, se sont succédées dans les bureaux de l’IA : en vain ; pour la 1ère fois leurs propositions et demandes ont été massivement refusées.

 

Cette crise des moyens est démontrée par les propos du Préfet de Région, qui annonce en juillet la baisse massive des contrats aidés, massivement utilisés dans les services administratifs des collèges, les vies scolaires ou pour l’aide aux enfants handicapés, alors que la même majorité politique que celle qui vote les réductions de budget se vantait des ambitions de la loi de février 2005 sur le handicap. Si le caractère précaire et peu intégrateur de ces contrats reste dénoncé, l’annonce de leur réduction brutale en plein été suffisant d’ailleurs à le démontrer, les signataires de cette déclaration interrogent l’Inspection d’Académie et le Conseil Général sur les conséquences concrètes en terme de présence humaine dans les établissements.

 

Une politique de l’éducation limitée à une approche comptable ne passe plus auprès des enseignants soumis à de plus en plus de pressions et ni des parents de plus en plus inquiets  des conditions de l’enseignement offert à leurs enfants. Les besoins existent : les moyens doivent être créés.

 

Dans ce contexte, l’annonce par la presse fin juin, avant le dernier CDEN de l’année scolaire 2009-2010, d’une prise en charge par le Conseil Général d’une part du financement de la restauration scolaire des entreprises privées d’éducation, envoyait un message particulièrement négatif. Les officines privées sont déjà largement favorisées par le Gouvernement actuel en terme de défiscalisations, créations de postes d’enseignants et de financements contraints par les municipalités : elles n’ont pas besoin en plus de cadeaux superflus offerts par les élus du Rhône.

 

C’est l’Education Nationale qui, en crise, a besoin que les élus de la République redoublent d’efforts pour elle, dans l’intérêt des enfants, des élèves et des adultes de demain dans l’intérêt de la Nation.

 

Le ministre doit affronter la réalité de la situation critique de l'institution dont il a la charge et comprendre enfin la nécessité d'une tout autre politique budgétaire et éducative. Les acteurs institutionnels que sont les Inspections d’Académie et les Conseils Généraux doivent faire remontrer au ministère que l’Education va craquer, elle craque, elle a craqué. Elle ne remplit plus son rôle de cohésion sociale et d’éducation pour tous.

 

L’Education Nationale est en ruine, ruinée par le Gouvernement qui devrait la porter.

 

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