CECI N'EST PAS UN HOMMAGE.
Si c'est bien ma veine, toute une journée à cogiter sur la relation entre EuroMétropole Lyonnaise et citoyens après le référendum de hier en Alsace et la victoire du « non », et voilà que Maggie remet tout en cause en ayant l'impolitesse de mourir précisément à ce moment là ! N'écoutant que mon audace, et pour ne pas -pour une fois- parler d'un sujet une semaine après, changement de plan, et écriture d'un petit post sur la petite dame.
Je ne reviendrai pas sur la chronologie de sa vie, je laisserai ça à d'autres payés, le soin de le faire. Je soulignerai simplement un point que je n'ai vu paraître nulle part pour l'instant, c'est le facteur chance qui l'aidera à gagner les élections. C'était certes une machine de guerre électorale, une des premières à maîtriser la communication moderne, mais elle jouera aussi (avec intelligence) sur les circonstances : l'incurie des travaillistes qui passeront à côté de leurs campagnes électorales, la guerre des Malouines / Malvinas / Falklands (chacun choisira le nom qui lui convient le mieux), le terrorisme de l'IRA,…
Pour le reste de son bilan politique, qui m'intéresse autrement plus que sa personne (car à tout dire, on préfère parfois que des gens vivent si leurs idées meurent plutôt qu'ils meurent tandis que leurs idées persistent…), la seule note hagiographique que je garderai sur Margaret THATCHER c'est qu'elle sut s'imposer dans un parti d'hommes dans un système d'hommes. Pour le reste…
Pour le reste, l'économie britannique va sûrement mieux, mais les Britanniques vont-ils mieux ? Les Britanniques, pas les seuls traderset autres spéculateurs. Le Royaume-Uni de la fin des années 1970 avait sûrement besoin de réformes, mais le passage à une économie financiarisée était-il le bon choix ? A-t-il été correctement fait ? Le chômage est plus bas à la fin de son mandat, mais après des fluctuations et des sommets qui ont jeté de nombreux Britanniques dans la misère, la pauvreté est elle plus importante, les inégalités sociales se sont creusées, enfants et personnes âgées ont repris -comme à la fin du XIX° siècle le chemin du travail, et celle qui voulait prendre sa revanche sur les « héritiers » aura surtout contribué à éloigner les classes populaires du système scolaire et de la réussite sociale. Triste bilan pour Milk Snatcher !
En fait, à parler de Miss Maggie, ce que je retiens pour ce billet sous for
me de non-hommage, c'est le grand écart traditionnel (pour ne pas dire « conservateur ») de cette libérale et des libéraux avec elle : libéraux en terme d'économie, « oui » ; pour le reste, on ne trouve pas plus conservateurs ! Et Margaret THATCHER n'aura pas manqué à cette règle, pour reprocher aux pauvres d'être pauvres, pour démonter les systèmes de solidarité et notamment ces affreux systèmes de résistance démocratique et sociale qu'étaient les communes (largement à majorités trav
aillistes), pour dénoncer l'avortement, pour ne rien faire en faveur de la communauté homosexuelle en pleine explosion du SIDA… La liberté, oui, pour les nantis, la liberté d'être plus riches, pas pour les masses, pas la liberté émancipatrice qui doit -pour être réelle!- se nourrir de l'égalité des droits et de l'égalité sociale. Miss Maggie aura été la libérale des riches contre les égalitaires d'en bas, et à ce titre elle aura comme beaucoup de ces anti-Étatistes été une ardente interventionniste, le
Gouvernement étant partout tant qu'il s'agit d'être au service ou aux sévices d'un intérêt de classe, de la classe d'en haut.
N'empêche, Tina, entre ton « There Is Not Alternative » et le Gosplan, il y a une 3ème voie, celle que certains nomment parfois « socialisme » mais que chacun y donne bien le nom qu'il veut, une société qui inverse les données du thatchérisme : libérale pour les questions de société, sociale pour les questions de société, et ainsi émancipatrice pour les individus. La voie est étroite dans les réalités économiques et politiques de ce début de XXI°s, mais où serait le plaisir autrement…
La Dame de Fer a fini par rouiller ! Paix à son âme, mort à ses idées.