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Burqa or not burqa, est-ce vraiment là la question?

Publié le par Stéphane GOMEZ

Le 21 octobre dernier, la Fédération du Rhône recevait André GÉRIN pour parler de son travail parlementaire sur le voile intégral; petit compte-rendu des débats.

 

LE VOILE INTÉGRAL ET LE PROJET POLITIQUE ISLAMISTE.

 

Introduction aux débats.

• Nous accueillons le députe André GÉRIN, pour échanger sur son travail parlementaire ; nous le remercions vivement d'avoir pris de son temps en pleines auditions, pour partager avec nous sur la question du voile intégral.

Odile rappelle que la LDH Nationale s'est prononcée contre la nouvelle législation sur le voile, sans rajouter d'arguments sur la position de 2004, à savoir qu'il ne faut pas rajouter une nouvelle discrimination à une discrimination déjà existant (celle du port du voile).

• Nous ne voulons pas que les législateurs se transforment en « docteurs de la foi », mais nous souhaitons savoir d'où vient l'idée de cette commission, quel est son objectif, mais aussi sur l'expérience d'un 1er magistrat local confronté au grignotage de l'espace public.

• Nous souhaitons ainsi nous inscrire de manière informelle dans les débats de la commission parlementaire.

 

Présentation du travail de la Commission parlementaire de Mission.

• Il y a 2 éléments qui ont changé l'approche d'André GÉRIN:

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    • janvier 2002, 2 jeunes Vénissians du même quartier, installés socialement, avec une bonne réputation, se retrouvent enfermé au camp de Guantanamo après être passé par le Royaume-Uni, le Pakistan et l'Afghanistan, et il se demande qui et comment on a pu leur « bourrer le crâne »;

    • en avril 2004, c'est « l'Affaire Ben CHELALI » avec les mosquées des caves, un contexte familial (un frère à Guantanamo pour des attentats, notamment en Tchétchénie) et l'imam BOUZIANE.

• Sur le cas BOUZIANE, André GÉRIN souhaite déposer une loi pour comprendre à quel titre plusieurs milliers de personnes se réclament « imams »; son groupe politique refuse pour éviter toute stigmatisation.

• Le contexte lui paraît aller se dégradant, avec des effets de la guerre civile algérienne, le renforcement de l'intégrisme et le communautarisme dans les quartiers populaires français. Les voiles intégraux se multiplient, provoquant un malaise dans la population, y compris les musulmans. Cela entraîne différents problèmes d'état civil (dévoilement des femmes pour l'état civil pour les passeports, les mariages) avec des agents territoriaux qui se font insulter et menacer, dans les hôpitaux,… Dans les collèges et lycées, certains cours d'Histoire, de Philosophie ou de SV.T. sont contestés.

• Il demande donc la création d'une commission d'enquête, s'appuyant sur un passage du Rapport Stasi (sur la laïcité et demandé par le président de la République Jacques CHIRAC) dénonçant une dégradation de la situation pour de nombreuses jeunes filles, pour les rapports amoureux (impossibilité de choisir son ami), la sexualité (impossibilité d'aller au Planning Familial), sur les activités extérieures (impossibilité de s'habiller librement, certificats de complaisance pour ne pas aller à l'école publique ou au sport,…).

• Le groupe parlementaire communiste s'oppose de nouveau à cette commission d'enquête, d'où l'appel à l'ensemble des députés. La commission est installée en avril mais le député souhaite attendre le passage des élections européennes le 7 juin. Ce qui laisse le champs à un emballement suite au discours d'OBAMA, ce qui entraîne la transformation en Commission de Mission, avec plus d'une 100aine de députés souhaitant la rejoindre (elle est limitée à 32 députés) et une élection d'André GÉRIN, seul communiste dans la Commission, comme président à l'unanimité.

• La Commission souhaite:

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    • un état des lieux (pourquoi y a-t-il plus de femmes avec un voile intégral);

    • comprendre les enjeux;

    • faire des préconisations.

• La question est de savoir ce qui se passe derrière le voile intégral, qu'est-ce qui se passe dans la société française, pourquoi le communautarisme et l'intégrisme se développent. Il ne s'agit pas de rentrer dans un débat religieux mais d'être sur un point de vue politique. Les députés veulent distinguer l'islam et le religieux, et le voile intégral et le problème politique.

• Avec les travaux, l'influence salafiste apparaît de plus en plus clairement. Les députés veulent dénoncer l'utilisation politique de la question du voile intégral. Cette préoccupation de l'emprise des intégristes ressort au Canada ou en Belgique, où des élus commencent aussi à s'inquiéter.

• Le combat féministe est aussi interpellé: Peut-on considérer que le voile appartient à la manière de s'habiller d'une femme? Est-il normal qu'une jeune fille ne puisse plus s'habiller comme elle le souhaite dans certains quartiers?

• Les auditions sont parfois difficiles, avec ceux qui dénoncent une démarche irréligieuse, le vote d'une loi sur la religion. Dans un contexte de sur-législation sur toutes les questions, il rejoint la préoccupation des ligueurs, qui souhaitent réfléchir avant de légiférer dans la précipitation.

• La Commission veut déboucher sur des préconisations fortes, pour ne pas laisser les mères et les maires porter seul ces problèmes d'intégrisme et de communautarisme.

 

Les échanges avec André GÉRIN.

Le débat est engagé. Une faible partie des échanges se fait sans André GÉRIN qui avait annoncé d'entrée sa nécessité de partir à une certaine heure; les échanges faits en son absence ont été recontextualisés dans le reste du dialogue mais apparaissent en italique.

• Odile rapporte l'interrogation de certains enseignants de maternelle ou primaire qui ne veulent pas laisser des enfants à des femmes dont ils ne peuvent pas voir le visage, et qui refusent par principes féministes et laïques d'appeler une femme pour vérifier l'identité de la personne. Pour André GÉRIN, la « cathédrale Éducation Nationale » doit prendre l'enjeu de la question; des enseignantes du lycée Marcel Sembat (Vénissieux) se sont fait couper par des jeunes hommes qui refusent qu'une femme leur fasse cours, contestent son savoir; dans beaucoup de ces cas, la hiérarchie administrative scolaire ne répond pas, renvoie sur la capacité des enseignants à tenir leur classe.

• Comment explique-t-on que face aux insultes, menaces et violences dans les hôpitaux la loi pénale ne s'applique pas plus? André GÉRIN faire remarquer que la loi s'applique mais les altercations sont importantes, 4-5 fois par semaine, ce qui crée un sentiment d'insécurité. Les médecins et infirmiers ne doivent pas être laissé seuls à gérer le problème. Il faut des mesures fortes et une formation des personnels.

• André GÉRIN dénonce les accommodements des maires, parfois contraints de gérer seuls la situation faute de soutiens: c'est bien pour cela qu'il faut afficher un soutien national fort et cohérent.

• Les maires ne sont-ils pas trop accommodés justement, avec les « grands frères », le médiateur culturel qui remplace le travailleur social, dans les années 80? André GÉRIN reconnaît cette erreur, mais il souligne le changement idéologique des débuts de la guerre civile algérienne en 1988 (Affaire Kelkal), la 1ère Guerre du Golfe, accentué par les effets post-« 11 Septembre 2001 ». Les politiques ont pris 20 ans de retard, avant qu'enfin la Gauche se charge d'une question que la Droite refuse toujours pas de prendre en charge de manière non-sécuritaire ou discriminante. Oui, il y a des problèmes de paupérisation, mais la question sociale ne doit pas masquer la manipulation politique, par des intellectuels qui ne sont pas socialement défavorisés.

• Odile rebondit pour savoir s'il n'y a pas eu un problème politique, lorsque tous les islamistes poursuivis par le Gouvernement algérien obtenaient un visa, contrairement à leurs victimes.

La situation d'injustice, avec les politiques étrangères de 2 poids de mesures et l'injustice sociale sont dénoncés. On parle encore de « franco-algériens » alors qu'on ne parle pas de « franco-hongrois » ou de « franco-espagnols »; les demandeurs de titres de séjours sont encore désignés indifféremment comme « musulmans », quelque soient leurs origines nationales.

• Les autres intégrismes sont dénoncés et la tolérance qui leur est parfois faite (par exemple les intégristes juifs qui se permettent des positions provocatrices sur le conflit israelo-palestinien), sans faire de raccourcis faciles (des Israéliens ont été les 1ers à se mobiliser avec des Palestiniens contre la politique de leurs Gouvernements, et le conflit israelo-palestinien ne peut pas donner sens aux actes délictueux en France et la situation d'insécurité et d'abandon social que cela entraîne); André GÉRIN est d'accord mais en soulignant le phénomène de « masse critique » avec l'islam, qui rend l'enjeu encore plus difficile.

• La question est posée de savoir s'il faut et comment s'appuyer sur les leaders religieux ouverts. André GÉRIN veut mener le combat contre l'obscurantisme, avec les musulmans; il y a un intérêt à porter les préconisations avec les représentants musulmans, car il n'y a pas de volonté de stigmatiser les musulmans et l'islam. André GÉRIN assume la décision d'expulsion de l'imam BOUZIANE, qui aujourd'hui permet la construction d'une 2nde mosquée à Vénissieux: cet intégriste était un cancer qui tuait l'islam à Vénissieux.

 

Conclusions des échanges.

• André GÉRIN conclue en disant qu'il faut que les Républicains d'aujourd'hui, les Républicains progressistes se réveillent, pour que les musulmans en France trouvent leur place dans la République laïque et qu'en même temps les islamistes, les gourous de l'islamisme et leur projet politique soient combattus sans arrière pensée.

• Odile conclue elle en se demandant pourquoi des jeunes Français, nés, grandis et éduqués en France peuvent aujourd'hui basculés dans cet intégrisme politico-religieux?

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