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Les petites mains pas très visibles du marché

Publié le par Stéphane GOMEZ

     L'été, l'été, l'été... L'été, c'est le soleil (enfin, bon, pas trop cette année), la plage (enfin, pour les 2 Français sur 3 qui peuvent se permettre de partir en vacances), les glaces (oui, bon, ça va, je suis un gourmand) et bien sûr, sa petite crise boursière.

     Je suis sûrement un peu paranoïaque, mais j'ai l'impression que chaque année ou presque, en août, lorsque je suis loin de chez moi, sans télévision et parfois sans radio, lisant peu les journaux et ayant surtout l'esprit au farniente, j'ai l'impression que c'est la même chose: dans l'indifférence estivale, la bourse s'effondre ou des entreprises font faillites quand elles ne lancent pas plutôt un plan majeur de "restructurations" (bon, elles licencient, quoi) malgré des bénéfices très satisfaisants.

     Cela m'ammène à quelques réflexions.

     La 1ère, c'est que cette régularité des crises du capitalisme durant les vacances dans les pays riches où existe encore une opinion publique (si, si, encore un peu) est surprenante. En bon sarkozo-adamsien, je pensais que le marché était régulé par une main invisible qui intervenait "naturellement" pour corriger "naturellement" le fonctionnement "nauturel" de l'économie.

     Avec mon esprit paranoïaque (décidément), je finis par me dire que cette grande main invisible doit régulièrement se faire aider par des petites mains tout aussi peu visibles mais très habiles pour faire en sorte que ces corrections "naturelles" s'effectuent au moment où les gens sont le moins à même de réagir.

     2nde réflexion, sur le type de réponses apportées: c'est à coup de centaines de millions d'euros d'argent public que les grandes compagnies sont sauvées, au nom de l'intérêt général bien sûr, qui est aussi l'intérêt privé d'une poignée d'actionnaire et de quelques golden boys (et quid de l'intérêt particulier des petites gens crédules, qui pensaient pouvoir faire confiance à leur banquier et qui se retrouvent ruinées?). On mutualise les pertes d'entreprises qui n'ont jamais elles mutualisé leurs bénéfices.

     Enfin, on peut s'interroger sur le niveau de responsabilités découlant de la crise. Qui va payer parmi la classe dirigeante pour les erreurs de gestion commises? Combien de plans de licenciements parmi les cadres supérieurs qui ont pris les mauvaises décisions gestionnaires (alors que l'on peut parier que dans les mois à venir nous aurons l'annonce de plans de "restructuration" avec leurs charettes de salariés, et des patrons expliquant que c'est une conséquence malheureuse mais nécessaire suite au pschiiiiiiit boursier d'août)? Quelle réflexion sur les origines de cette énième explosion de bulles spéculative?

     On s'attaque -avec de l'argent public- aux conséquences des dérèglements du capitalisme, mais les causes restent incorrigées. Il n'y aura aucune remise en cause du fonctionnement du marché ni de celui des grandes multinationales qui le régissent.

     Bonzés tranquillement, braves gens, les petites mains peu visibles du capitalisme continuent d'oeuvrer pour vous… ou contre vous…
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