Pour eux, c'est elle

     Il n'était que 22h30 ce vendredi 17 novembre lorsque je me suis couché. Assez surprenant de se coucher si tôt en semaine, lorsqu'on est militant, alors un soir de fin de semaine…

     Pour mon excuse, mes nuits furent courtes dernièrement, à aller en réunions de section défendre la candidature de Laurent FABIUS, rédiger des textes pour le site de campagne, écrire des courriers et mails, gérer l'adresse électronique ou le comité de soutien, téléphoner, rester tard dans les couloirs après les réunions pour convaincre,… Tout ça pour le résultat que l'on sait.

     À vrai dire, ce résultat ne nous a pas surpris: il était évident pour la majorité d'entre nous, depuis longtemps déjà, que Ségolène ROYAL serait désignée, compte-tenu de la pression médiatique, et surtout du poids de l'appareil. Car il n'y a que dans les journaux que notre candidate presque officielle (le conseil national de validation des résultats se tiendra dans une semaine) était la snipper qui devait descendre tous les éléphants socialistes. Ségolène ROYAL a été la candidate de l'appareil, de ceux et celles qui se maintiennent toujours dans les majorités du parti, attendant de savoir où le vent souffle pour savoir quel est leur positionnement. Pour l'anecdote, dans le dernier Hebdo des Socialistes, alors que Laurent FABIUS faisait apparaître dans son comité de soutien des nouveaux adhérents, elle allongeait, elle, la liste de tous les députés, sénateurs ou présidents de région qui l'a soutenaient.

     Je laisserai à chacun le soin d'estimer si dans cette liste pléthorique de soutiens, nous n'avons que des adeptes de la démocratie participative ou des renouvellements de méthodes et de personnes. On peut en tenir le discours pendant un moins de campagne interne, il reste à faire ses preuves, surtout quand on est en responsabilités depuis 20 ans.

     Dernier élément qui nous annonçait ce résultat probable, l'absence des "nouveaux adhérents" aux réunions de section. On ne les a pas vu ou presque, même pour le vote pour désigner les candidats aux législatives (y compris dans les circonscriptions à enjeux), celui pour le projet, ou les débats internes sur l'investiture.

     Il était à craindre qu'lls ne viennent que pour le vote de désignation, sans que nous ayons pu débattre avec eux. C'est bien ce qui s'est passé. Et d'après les analyses de votes que nous avons fait dans plusieurs sections, ils sont bien venus massivement voter ROYAL, assez pour faire qu'il n'y ait pas un second tour.

     C'est sûrement là que je suis le plus amer. Je suis heureux que le parti s'enrichesse de nouvelles personnes. Et je peux accepter que soit désignée une candidate qui ne représente pas ma ligne politique. Je peux moins le faire quand c'est par des personnes que nous n'avons jamais vu et que, je le crains, nous ne reverrons plus. Ils l'ont désignée, et maintenant c'est nous qui allons devoir faire sa campagne! Encore une fois, nous apprenons quelle est la différence entre adhérents et militants.

     Dernier élément de mon amertume, le (non-)rôle joué par Henri EMMANUELLI et ses proches, qui dans leur stratégie de survie de leur influence en interne du parti (pour ne pas dire seulement de leur courant), ont décidé de ne pas s'engager pour peser sur l'orientation politique de notre parti, expliquant en grande partie que Laurent FABIUS ne fasse que 18,5% des voix. Cela montre toutes les limites de la stratégie des dirigeants de N.P.S., de n'exister que pour faire un jeu de balancier, décevant beaucoup de militants. Cela démontre enfin la stérilité des positionnements capitolins: on ne pèse pas plus sur le jeu politique que l'on est au final écouté par un vainqueur qui n'entendra qu'un rapport de force dont on s'est soit même exclu.

     Tout ceci est dit. Maintenant, nous avons une candidate, nous devons faire campagne pour battre la Droite et repousser l'extrême-droite dans les ravines de l'Histoire. Mais je ne manquerai pas de demander où sont les nouveaux adhérents dans la campagne, quand dans les tractages nous ne les verrons pas, ni de rappeler que la candidate a promis d'être celle du projet socialiste et du débat citoyen.

     Amitiés socialistes,

     S.G.