Retour de manifestation

     À peine rentré et déjà de sortie… dans la rue! Ce mercredi était jour de manifestation dans l'Éducation Nationale.

     Bon, il faut le reconnaître, la mobilisation devant le rectorat de Lyon, à 16h30, était plutôt faible; le moment n'y prête pas encore, mais cette mobilisation est une première pierre avant la journée nationale de grève du 28 septembre prochain.

     Il faut le reconnaître également, les sujets de conversations ont été assez limités avec mes collègues, après 2 mois sans se voir. Ils étaient deux, principalement: 1/ Comment s'est passée ta rentrée? 2/ Les derniers propos de Marie-Ségolène ROYAL.

     De nouveaux, Mme ROYAL s'est fait remarquée; de nouveau elle ne s'est pas fait que des amis parmi des électeurs de Gauche. Mais il est vrai que depuis ALLÈGRE, le P.S. n'a pas à faire d'efforts pour reconquérir un électorat traditionnel: le fait que plusieurs dizaines de milliers de voix y aient été perdues n'est pas important, on l'a bien vu en 2002!

     À Frangy, la candidate qui ne veut dévoiler son programme qu'en mars 2007, a de nouveau perdu une occasion de se taire, en même temps qu'encore une fois elle s'affranchissait du projet socialiste (mais c'est compréhensible, elle y a si peu participé!).

     Reprenons le résumé officiel sur son site (ainsi, vous n'aurez pas besoin d'y aller et n'aurez pas à vous reprochez d'avoir fait gonflé ses statistiques de visite) de ce grand moment de… de… de déliquescence idéologique, pour utiliser des mots qui gênent.

• Du  "soutien scolaire gratuit aux enfants, au bon moment, quand ils en ont besoin", une mission que les étudiants pourraient être incités à mener moyennant "des points supplémentaires, des unités de valeur" dans leur propre cursus. Ce "travail d'encadrement" serait étendu aux universitaires de troisième et quatrième année : "Tous devront faire du tutorat auprès de leurs cadets de première et deuxième année".

     Donner du soutien scolaire au bon moment, comment n'y avions nous jamais pensé?! Dommage que la non-candidate déjà en campagne ne nous précise pas quand est ce bon moment! Et pour motiver les étudiants à le faire, soit une prime au diplôme, soit un devoir moral très obligatoire auprès de nos "cadets" (terme tellement lénifiant qu'il ne devrait fâcher personne). Et si on réintroduisait plutôt un véritable statut de surveillant d'externat permettant aux étudiants des milieux populaires de financer leurs études, tout en conservant du temps d'étude et en aidant des jeunes pour lesquels ils sont des référents sociaux? Je sais, c'est un peu "archaïque", mais tellement socialiste…

• "Dans les écoles, et notamment dans les collèges, la violence n'a pas reculé" a-t-elle ajouté. "Il faudra que la discipline soit rétablie dans les classes". Ségolène ROYAL s'est déclarée "favorable à un nouveau métier, un deuxième adulte dans les classes quand c'est nécessaire. Les enseignants doivent pouvoir se consacrer à la transmission des savoirs."

     Quand ROYAL ne nous parle pas d'ordre, Marie-Ségolène nous parle de discipline! Non pas que je sois ennemi de l'ordre, mais il n'est pas une fin en soit, c'est un moyen permettant d'assurer d'autres fonctions, notamment la redistribution sociale et l'émancipation individuelle; ensuite, il s'agit de s'interroger sur les moyens permettant de parvenir à cet ordre.

     Quand à l'idée d'un nouvel adulte dans la classe… qu'en dire?! L'enseignant professe, l'"autre" s'occupe de discipline??! En pratique, cela se passe comment?! Tant qu'à engager du personnel, n'est-il pas plus efficace de recruter d'autres enseignants pour permettre de diminuer le nombre d'élèves pas classe?

• Il faudra "aider les parents à exercer leur responsabilité parentale", y compris par la création "d'écoles de parents". "Cette révolution scolaire, nous la ferons".

     De la révolution à la réaction, il n'y a pas beaucoup de lettres de différence! Malheureusement pour elle, notre grande dame poitevine a une rentrée de retard, le petit Nicolas nous a déjà proposé le "contrat parental".

• "Une réforme de la carte scolaire" : il s’agit de "desserrer ses contraintes" afin de "mettre en place une forme de choix entre deux ou trois établissements, à condition que les établissements les plus délaissés soient renforcés avec des activités culturelles de haut niveau".

     La Droite en rêve depuis des années, Ségolène ROYAL se propose de l'appliquer! La carte scolaire n'est certe pas une panacée, mais elle demeure un bon outil de mixité sociale, comme peuvent le démontrer des collèges comme Louis Jouvet à Villeurbanne ou Théodore Monod à Bron. Qu'il faille recherche des moyens d'amélioration, je ne saurai dire le contraire, mais que l'on fasse des propositions, plutôt que de détruire ce qui existe avec ses qualités pour ne laisser place qu'aux défauts, avec une accélération de la fuite de certains établissements et le développement d'un cercle vicieux, en ne laissant dans les "mauvais établissements" que les familles connaissant le moins bien le système ou ne pouvant pas s'engager dans des frais de déplacement, de garde,…

     Que conclure après ce grand moment de royalisme? Je dois avouer que les mots de plus en plus souvent me manquent, et que je ne cesse de m'inquiéter des dérives actuelles du camp progressiste (dans son ensemble: le P.S. n'a pas l'exclusivité des maux, de la réflexion creuse, du carrièrisme et de l'ego médiatisable).

     Dans P.S., il y a "parti", cela "on" s'en souvient bien. Il y a aussi "socialiste", j'aimerai qu'"on" ne l'oublie pas toujours.

     Amitiés socialistes,

     Stéphane.