1er Mai et autres manipulations
Sur le pavé chaud de ce soleil printanier retrouvé, nous étions nombreux, 1,2M, à user nos semelles, dans les près de 300 manifestations dans toute la France. Mobilisation record pour un 1er Mai, fête des travailleurs (devenue, par les bonnes grâce d'un maréchal collaborateur, fête du travail!), comparable uniquement à celles de 1968, de l'après-guerre ou de 1936.
Et pourtant, en suivant dans la journée radios et chaînes télévisées d'information, qu'aura-t-on retenu?
1er étage de la fusée de contre-information gouvernementale: à midi, alors que les chiffres de manifestants de toute la France commencent à tomber, que entend-t-on? bizarrement, des journalistes bien orientés font la comparaison non pas avec le 1er Mai 2008 mais avec les mobilisations des 29 janvier et 19 mars derniers. Comme s'il était logique de comparer les chiffres d'une journée de mobilisation lors d'une grève interprofessionnelle nationale et ceux d'un jour férié traditionnel, durant lequel enfants et familles sont aussi de repos, qui plus est à l'occasion d'un week-end prolongé et ensoleillé (et pour rajouter au tout: sans transport en commun pour se rendre à la manifestation, en tout cas sur Lyon).
Quelques journalistes "critiques" se permettent même la comparaison avec le 1er Mai 2002, où la mobilisation politique contre le F.N. avait éclipsé la mobilisation sociale!
Partout on entend parler d'essouflement du mouvement social, alors qu'il y a 5 fois plus de manifestants que pour le 1er Mai 2008 (qui ne fut pas déjà le pire des crus!) à battre les pavés de France et de Navarre.
2nd étage de la fusée: dans la matinée, Roselyne BACHELOT annonce qu'il y a des cas probables en France de malades de la grippe mexicano-H1N1o-AH1N1o-porcine. Et déjà dès les journaux de midi le sujet occupe la moitié du temps de diffusion. La grippe "sans nom" aura finalement été plus efficace que le thème de la sécurité pour occulter la question sociale et la crise dans le débat. Dans l'arprès-midi, Roselyne lache la bombe: c'est confirmé, il y a bien 2 cas officiels en France de grippeux, peut-être même 3!! La machine médiatique s'emballe, tout le monde court après les 2 ou 3 cas de grippe ex-mexicaine en France, et le soir on ne parle plus que de ça dans les journaux, c'est le sujet d'ouverture, la mobilisation historique du 1er Mai est tombé à l'as.
Maître en communication, le Gouvernement aura de nouveau bien su jourer son coup. La mobilisation massive du 1er Mai a été largement sous-évaluée voire même estompée dans les journaux.
Le Gouvernement est passé maître en matière de réduction de l'impact médiatique des mobilisations sociales, dommage qu'il ne sache pas aussi bien réduire les angoisses sociales qui s'expriment dans la lutte et ces mobilisations. Qu'il ne s'y trompe pas, la rue à la mémoire longue, et ses manoeuvres peuvent rassurer son électorat, elle ne résolvent pas les problèmes exprimés dans les manifestations et ne répondent pas aux questions des salariés touchés par une crise qu'ils n'ont pas déclenchés mais qu'ils subissent.