"A voté (pour les élections pro, aussi)!"
Car à surprendre certains commentateurs autorisés, les élections ces derniers temps ne se sont pas limitées à la présidentielle américaine (pour laquelle, comme tout citoyen français, je n'ai pas voté) ou aux élections dans le PS! Il y a eu aussi le congrès du PCF (mais ça, tout le monde semble l'avoir oublié) et dernièrement aussi, les élections prud'hommales, ou -pour nous autres pauvres fonctionnaires qui n'avons pas le droit de nous retourner contre notre toujours juste employeur- des élections professionnelles.
Je ne laisserai pas le suspens plâner plus longtemps; j'ai été élu commissaire paritaire (bon, d'accord, 3ème sur la liste d'un syndicat ayant la majorité absolue, le risque était limité!). En fait, l'enjeu aura surtout été de savoir si le quorum serait atteint, ou s'il faudrait tout recommencer.
Et en la matière, le Gouvernement aura tout fait avec talent pour que l'on recommence, tout fait pour que ces élections prud'hommales et professionnelles soient un échec. Nulle part je n'ai lu ou entendu une déclaration du Premier Ministre, des ministres de la Justice ou des Affaires Sociales s'exprimer sur l'importance d'aller voter pour défendre le paritarisme (et je ne compte même pas toutes les circulaires contradictoires de la part des ministères de tutelle, chargés de l'organisation).
On comprend facilement pourquoi: plus la participation est faible, plus la représentativté est contestable. Ce n'est pas parce qu'on parle beaucoup de concertation et de dialogue social qu'on les pratique!
On imagine le désaroi de mon ministre de tutelle: la profession a voté aux 2/3, un syndicat (le mien, of course) est majoritaire à lui seul! Une profession qui se mobilise et qui se prononce massivement sur une orientation et une méthode, cela ne va pas arranger les affaires de Xavier D. (l'anonymat est bien sûr de rigueur en la matière).
Ce mutisme sur les élections prud'hommales et professionnelles n'auront été que le dernier avatar d'une remise en cause du droit du travail, cet "archaïsme" français qui permet aux salariés de se défendre, aux supérieurs (qu'ils soient administratifs ou des employeurs) de ne pas faire ce qu'ils veulent en toute circonstance.
Si j'en prends un seul exemple anecdotique, pour la campagne de mutation, le ministère de l'Éducation aura fait cette année une circulaire qui s'adresse aux recteurs et n'ont plus aux enseignants (ce ne sont plus les enseignants qui mutent, ce sont les rectorats qui font muter!) et partout on veut favoriser les mutations "sur profil" et rendre les barèmes "indicatifs". Le discours démagogique est facile, pour les jeunes enseignants qui vont en même temps rentrer dans le métier et peut être devoir muter loin de chez eux: face aux rigueurs du système, on va vous trouver un arrangement personnel. Mais la réalité, c'est que le nombre de postes ouvert aux mutations, arrangements personnels ou pas, ne change pas (juste il baisse globalement avec les saignées depuis 2 ans!) et le rôle des représentants du personnel est donc bien de faire en sorte (contre l'administration, sic) que le traitement des collègues est juste, par un système transparent, vérifiable et constestable.
Face à cette logique du petit arrangement, qui permet de rendre les collègues dépendants en les divisant et en les opposant, on se doute bien que le ministère n'apprécie pas d'avoir face à lui un syndicat représentatif.
Il est trop tard pour y changer quelque chose cette année, mais souvenons-nous-en pour les luttes qui se profilent: le droit du travail et des syndicats représentatifs sont un contre-pouvoir à la Droite néo-libérale destructrice. Il est notre intérêt de salariés de défendre l'un et soutenir les autres.