CFU, Métropole de Lyon: La manière de penser les budgets qui prévalait depuis 40 ans n'est plus.
Monsieur le Président,
Chers collègues,
À défaut de beaucoup d'idées, j'ai de la suite dans celles que j'ai, aussi mon intervention pour le groupe des élus Socialistes, la Gauche Sociale et Écologique et Apparentés s'inscrira, en 2 points, dans la suite de ce que j'ai pu déjà développer lors de précédentes interventions sur nos finances.
Tout d'abord sur le CFU qui nous est présenté.
Sur les dépenses réelles de fonctionnement, tous budgets, elles s'élèvent à 2,8Mds€. Un tiers (927,5M€) de ces dépenses sont les dépenses sociales dont personne j'ose croire ne remettra en cause le principe ou la pertinence : 460M pour les Aides Individuelles de Solidarité [RSA, APA, PCH], 170M€ pour les personnes en situation de handicap. Ce sont aussi 443,9M€ en subventions, en hausse sensible de 7% (+29M€), dont 162,5M€ pour le SYTRAL, pour améliorer nos mobilités avec les tramways T9 ou T10, l'automatisation du métro et de son confort, ou 126M€ pour le SDMIS pour notre protection à toutes et tous.
Avec 504,4M€ pour les dépenses RH, le taux de rigidité budgétaire est faible, alors qu'il faut rappeler que derrière les 9 600 agents de la Métropole se sont d'abord des agents dans les collèges, les MdM ou la propreté, qui sont au quotidien au service des Grandes Métropolitaines et Grands Métropolitains.
Les budgets de fonctionnement demeurent sous contrôle comme en témoigne la capacité d'auto-financement, à 304M€, qui vient participer à une PPI à près de 600M€ cette année [583M€] et des AP ouvertes pour 1,040Mds€, pour venir financer des ZAC sur Villeurbanne, Vaulx-en-Velin, Oullins-Pierre Bénite, Vénissieux ou Lyon, pour des tramways ou des BHNS par Chassieu, Saint-Fons, Bron ou Vaulx-en-Velin, un collège à Vénissieux, le logement social (46M€ auxquels on peut ajouter les 12M€ en subvention pour le logement), l'éco-rénovation (11M€) ou bien sûr les attendues Voies Lyonnaises.
Les investissements sont nombreux et volontaristes et pourtant l'encours de la dette n'est que de 1,644Mds€ à ramener à un budget global de plus de 4Mds€. La capacité de désendettement glisse légèrement, c'est normal à ce moment d'un mandat, signe de ce volontarisme à investir pour transformer notre Métropole pour améliorer le cadre de vie des Grandes Métropolitaines et Grands Métropolitains ; elle n'est pourtant que de 5 ans et 4 mois.
Faibles rigidité budgétaire, encours de la dette ou capacité de désendettement, forte capacité d'auto-financement,… : dans la seule doxa libérale qui prévaut pour juger les exécutions budgétaires, ces chiffres sont bons. Si on reste dans la lecture comptable libérale, alors nous aurons -selon les pessimistes ou les optimistes- maintenu ou amélioré les Finances de la Métropole.
Comme j'ai coutume à le dire, on peut nous reprocher ce que nous faisons, on ne peut pas nous reprocher de ne pas faire, faire pour la transition écologique, faire pour la transformation sociale, faire pour que dans nos domaines de compétence la vie des Grandes Métropolitaines et Grands Métropolitains soit en fin de mandat mieux en capacité à faire face à la crise écologique qui se poursuit, à faire face à la crise sociale qui s'approfondit par ailleurs.
Ce sera mon 2ème point : le contexte dans lequel ce CFU s'inscrit, avec les conséquences que cela porte sur nos budgets et leurs exécutions.
Nos dépenses réelles de fonctionnement tous budgets sont en hausse de 9,2%. C'est beaucoup ; peut-être. C'est à re-contextualiser ; sûrement. En 2023, l'inflation globale a été de 4,9% en France, mais elle de plus de 6% sur les dépenses du bloc communal ; dans tous les Départements on voit les coûts s'envoler, sur la restauration alimentaire, les dépenses sociales, les RH en raison des décisions gouvernementales sur le point d'indice ou la revalorisation des filières B et C,… avec le GVT (Glissement Vieillesse Technicité), cela représente pour notre Métropole une hausse de près de 10M€ [point d'indice sur 6 mois : 2,7M€ ; revalorisation des filières B et C : 1,1M€ ; GVT : 4,9M€], des mesures que, Socialistes et apparentés, nous soutenons ; mais en rappelant que ces décisions d'État qui impactent les Collectivités n'ont été ni préparées ni accompagnées par le Gouvernement.
À 3,111Mds tous budgets, les recettes de fonctionnement sont elles en baisse légère de -1,4%. une des raisons principales est la baisse des DMTO qui passent en un an de 435 à 314M€ : c'est une baisse nationale, le rebond attendu dans l'immobilier n'a pas eu lieu, compte-tenu du maintien des taux d'intérêts élevés et l'absence de politique d'aide à la pierre par le Gouvernement, qui s'attaque à la demande plutôt que d'améliorer l'offre.
Hausse des dépenses contraintes de fonctionnement, baisse des recettes, l'effet ciseaux sur lequel nous alertons depuis 2020 se confirme, symbolisé par la baisse de 48% de l'épargne nette.
Nous sommes aujourd'hui à une croisée de chemin. Pas « nous » majorité de la Métropole ; « nous » les exécutifs de toutes les Collectivités, « nous » les oppositions concernées par l'action publique.
Le retournement des paradigmes financiers commencé depuis 2020 se confirme et s'inscrit dans le temps. La manière de penser les budgets qui prévalait depuis 40 ans n'est plus. Un monde financier disparaît, un autre tarde à apparaître, nous sommes à cet instant du clair – obscur, celui où nous ne devons pas céder au doute mais porter des politiques volontaristes, celles qui transforment nos sociétés, celles qui préparent les sociétés à venir, des sociétés du pouvoir décentralisé et déconcentré, des sociétés de la transition écologique et de la justice sociale, des sociétés du bien être et du mieux vivre des Grandes Métropolitaines et Grands Métropolitains.
C'est à cette tâche que nous continuons à nous atteler, c'est pour quoi nous élus Socialistes, la Gauche Sociale et Écologique et Apparentés approuvons ce CFU et ce qu'il dit de notre action de transformation de notre Métropole.