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2 septembre 1944, Libération de Vaulx-en-Velin: un phare de vigilance

Publié le par Stéphane GOMEZ

Madame la Maire de Vaulx-en-Velin, Vice-Présidente de la Métropole de Lyon, Mme Hélène GEOFFROY ;

Monsieur le Président de l'UFAC, Monsieur Robert GEA ;

Monsieur le Président de l'ANACR, Monsieur Marius PELLET ;

Mesdames et Messieurs les Élus et anciens élus ;

Madame et Messieurs les Porte-Drapeaux ;

Mesdames et Messieurs les Présidentes et Présidents, représentants d'association ;

Mesdames et Messieurs du Choeur du Souvenir ;

Mesdames et Messieurs ;

 

En janvier 1943, lors de la Conférence de Casablanca, contre l'engagement de l'URSS de déclarer la guerre au Japon au plus tard 3 mois après la reddition de l'Allemagne, États-Unis d'Amérique et Royaume-Uni acceptent d'anticiper l'ouverture d'un second front européen, à l'Ouest.

 

Depuis l'Afrique du Nord où ils ont assuré leur présence depuis novembre 1942, le 10 juillet 1943, les Alliés débarquent en Sicile, prélude au renversement de MUSSOLINI, le Duce, le 24 juillet. Le 6 juin 1944, « les sanglots longs des violons de l'automne, blessent mon cœur d'une langueur monotone » : annoncé par les vers de Paul VERLAINE, c'est le D-Day, le Jour J, l'Operation Overlord, le Débarquement en Normandie, qui doit finir, d'Est en Ouest, de refermer sur l'Allemagne Nazie toute la puissance des Alliés.

 

Mais en Italie, les troupes alliées buttent jusqu'en janvier 1944 sur la Ligne Gustave au Sud, avant d'être stoppés plus au Nord sur la Ligne Gothique (qui tiendra jusqu'au début 1945). Pour faciliter la progression des troupes alliées depuis la Normandie, largement facilités par les Forces Françaises de l'Intérieure, nées de la Résistance, il faut donc ouvrir un autre front. Pressés par les Forces Françaises Libres, qui dans un effort exceptionnel ont permis à la France de reconstituer sa puissance militaire, ce sera le Débarquement de Provence, le 15 août 1944. Sur les 350 000 soldats engagés ce jour là de St Raphaël à Port Cros, 230 000 sont Français, menés par le Général Jean De LATTRE De TASSIGNY.

 

Si la Wehrmacht, l'Armée allemande, a compris dans son ensemble que la guerre était perdue et qu'il fallait se replier sur la Ligne Siegfried, pour protéger l'Ouest de l'Allemagne à fins de négocier un armistice et même une alliance anti-soviétique, Adolf HITLER, perdu dans sa propre folie, considère contre toute raison que chaque mètre carré de terrain perdu est un abandon, une trahison.

 

C'est pourquoi, malgré la débâcle chaque jour plus évidente, les combats restent d'une extrême violence, les troupes régulières allemandes étant rejointes par les troupes les plus sinistres de la SS et leurs supplétifs collaborationnistes qui savent ne pas pouvoir survivre à une défaite.

 

Les opérations du Débarquement même font 27 000 morts dont 10 000 Français, qui sacrifient leurs vies à la Libération de leur pays, à la Liberté des Françaises et des Français. La Bataille de Toulon du 20 au 26 août fait près de 4000 morts, pour près des ¾ côté Alliés ; aux mêmes dates, la Bataille de Marseille fait près de 2000 morts de chaque côté ; du 17 au 29 août, la Bataille de Montélimar fait 2500 morts du seul côté allemand.

 

Au soir du 1er septembre 1944, les forces alliées ne sont plus qu'à quelques kilomètres au Sud et à l'Est de Lyon, capitale de la Résistance.

 

La bataille de Montélimar a fait sauter le verrou rhodanien ; la Libération de Paris oblige les troupes allemandes et les collaborationnistes à se replier sur le Nord-est pour ne pas être pris en tenailles : la Libération de l'agglomération lyonnaise est donc inévitable, n'est donc plus qu'une question de jours. La Libération de Lyon aura lieu : elle doit encore avoir lieu.

 

Responsable des Forces Françaises de l'Intérieur pour la Région, Alban VISTEL prend le 28 août la décision de faire converger les troupes de la Résistance stationnées dans l'Ain ou le Nord Isère. La Wehrmacht, elle, envoie des troupes vers Pont de Chéruy pour protéger la débâcle de la 19ème Armée, qui se replie sur le Nord. De ce double mouvement survient le 31 août la Bataille de Pusignan : armés de leur courage et de leur abnégation, les Résistants affrontent 2000 soldats allemands. 21 Résistants dont le jeune René TROUSSELLE paient de leur vie leur amour d'une Nation qui rime avec « Démocratie libérale et sociale » !

 

Cette bataille est le dernier râle de l'Occupant nazi et de ses soumis Collaborateurs qui fuient dans le déshonneur : dans toute l'agglomération des Comités de Libération prennent le contrôle de nos villes, libérées, délivrées de l'Hydre nazie. À Vaulx-en-Velin, c'est Jean PEYRI qui est délégué par ses pairs pour prendre la tête de ce Comité de Libération, le 2 septembre 1944 ; le lendemain, le 3 septembre 1944 à 11h, il préside à l'Hôtel-de-Ville, au Village, la première Commission Administrative, qui se donne comme mission « d'administrer la commune jusqu'au moment où des élections permettront à la population de désigner son Conseil Municipal ».

 

Ce 2 septembre est une journée anniversaire pour tous en général, pour chacun et chacune en particulier. Comme chaque année en ce 2 septembre, nous nous retrouvons en ce lieu, devant cette stèle, pour commémorer la Libération de notre ville, la Libération de Vaulx-en-Velin.

 

Ce n'était pas encore la paix : la guerre devait durer encore 8 mois en Europe, jusqu'au 8 mai 1945 ; encore un an dans le monde, jusqu'au 2 septembre 1945 et le Final Victory Day. Ce 2 septembre 1944 n'était donc pas encore la fin des souffrances, des sacrifices, de la sueur et des larmes. Mais c'était la fin de l'Occupation et de la Collaboration, c'est le retour de la démocratie, des libertés.

 

Cette commémoration est la célébration de cette Libération. Elle est le souvenir de tous ces hommes et de toutes ces femmes, de tous âges, de toutes conditions sociales, de toutes origines, de toutes opinions, philosophies et croyances, ces hommes et ces femmes de Vaulx-en-Velin, de France et de partout ailleurs, qui se sont engagés contre l'Occupation, contre les fascismes, pour notre modèle démocratique et une espérance d'émancipation que résument ces mots : « République Française ».

 

Les rues, les équipements ou les plaques de notre ville, comme cette plaque qui honore des ouvriers de l'Usine TASE, honorent ces hommes et ces femmes qui souvent payèrent de leur vie leur espérance, qui toujours subirent le coût violent de leur engagement. Ce sont 42 Vaudais et 1 Vaudaise officiellement recensés qui aimèrent la vie jusqu'à en mourir, qui firent don d'elle et d'eux mêmes pour que dans notre ville, pour que dans notre pays, pour qu'en Europe et ailleurs demain, la Liberté règne. À eux se rajoutent les dizaines qui survécurent, des dizaines d'hommes et de femmes dont l'Histoire a bien souvent oublié les noms, ces hommes et ces femmes qui n'ont pas battu le rappel sur leurs faits de Résistance, pour reprendre l'expression de Daniel MAYER, et à qui nous devons pourtant tant.

 

Cette commémoration du 2 septembre doit aussi être une alerte, un phare de vigilance. L'expérience et l'actualité récentes enseignent, de la remise en cause du droit à l'avortement aux États-Unis à l'invasion russe en Ukraine, pays démocratique ; alors qu'un rapport de l'ONU dénonce des crimes contre l'Humanité contre les OuÏghours ; alors qu'un championnat de foot va se dérouler dans des stades construits sur les cadavres d'ouvriers, l'expérience et l'actualité nous enseignent que nos droits et libertés ne sont jamais acquis, et cette commémoration nous rappelle que ce n'est que par notre engagement que nous les préserverons et approfondirons.

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