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8 Mai 1945: ces sanglots longs blessent nos coeurs...

Publié le par Stéphane GOMEZ

Madame la Ministre, Hélène GEOFFROY, Maire de Vaulx-en-Velin, Vice-Présidente de la Métropole de Lyon ;

Madame la Préfète, Madame Vanina NICOLI ;

Madame la Députée du Rhône, Madame Anissa KHEDHER ;

Madame l'Adjointe à la Maire, correspondante Défense, Conseillère de la Métropole de Lyon, Madame Muriel LECERF ;

Monsieur le Président de l'UFAC, Monsieur Robert GÉA ;

Mesdames et Messieurs les Élus et anciens élus ;

Lieutenant-Colonel CLERC et vos Sapeurs Pompiers ;

Mesdames et Messieurs les Porte-Drapeaux ;

Mesdames et Messieurs les représentants d'associations de déportés, de résistants et d'anciens combattants et leurs familles ;

Mesdames et Messieurs du Collège Pierre Valdo, du Lycée des Canuts et du Lycée Robert Doisneau ;

Mesdames et Messieurs du Choeur du Souvenir et de l'Harmonie ;

Mesdames et Messieurs ;

 

« Les sanglots longs des violons de l’automne blessent mon cœur d’une langueur monotone ». Ce premier vers d'une Chanson d'Automne de Paul VERLAINE annonce, une nuit de printemps, le 5 juin 1944, le Jour J, le Day D, le Débarquement qui commence le lendemain, et le long combat de la Libération de la France qui suit, un long combat de la Libération de la France qui se conclut, il y a 77 ans, le 8 mai 1945.

 

Le 7 mai 1945, le Général Alfred JODL signe, à 2H41, à Reims, la capitulation sans condition de l'Allemagne nazie. Le lendemain, le 8 mai 1945, un mardi, à 23h01, l'armistice devient effectif, la guerre cesse en Europe ; elle continuera encore 4 mois en Asie jusqu'au Final Victory Day.

 

Dans notre République laïque, les cloches sonnent : la guerre est finie en Europe. Enfin. La guerre est finie en Europe et la France est victorieuse.

 

Malgré les affres, les souffrances et les humiliations, la France est victorieuse. La Résistance l'a emporté sur la Collaboration, la République l'a emporté sur la Contre-Révolution, l'honneur l'a emporté sur la soumission. La guerre est finie et la France est victorieuse.

 

Le 8 mai 1945, la France ouvre une nouvelle page de son Histoire. Après les violents combats, après les sacrifices, après les morts, les forces conjuguées des Alliés menés par les États Unis d'Amérique, des Forces Françaises Libres et de la Résistance intérieure transformée en Forces Françaises de l'Intérieur libèrent le territoire français. Le 8 mai, les armes se taisent, enfin, la paix est revenue.

 

Le 8 mai 1945 n'était pas la fin de l'Histoire. Si les Françaises et les Français chantent et dansent dans leur patrie libérée, les procès de l'Épuration n'en finissent pas encore, et les nuages sombrent persistent dans les cieux de France dont le destin est encore dans la balance.

 

À l'Est, l'ogre rouge se choisit sa propre date d'armistice, alors que l'Armée Rouge, armée de « Libération » se transforme en armée de soumission, « De Stettin sur la Baltique à Trieste sur l'Adriatique, un rideau de fer est descendu à travers le continent. Derrière cette ligne se trouvent toutes les capitales des anciens États d'Europe centrale et orientale. Varsovie, Berlin, Prague, Vienne, Budapest, Belgrade, Bucarest et Sofia, toutes ces villes célèbres et les populations qui les entourent se trouvent désormais dans ce que je dois appeler la sphère soviétique, et sont toutes soumises, sous une forme ou sous une autre, non seulement à l'influence soviétique, mais aussi à un degré très élevé et, dans beaucoup de cas, à un degré croissant, au contrôle de Moscou », analyse, lucide, Winston CHURCHILL, à Fulton.

 

Le 8 mai 1945, à Sétif, Guelma et Kherrata, les patriotes algériens qui réclament là ce qui est permis ici sont violemment réprimés, le sang de 3 000 à 30 000 personnes coule ; ce sang coule après celui de Thiaroye au Sénégal, où la journée du 1er décembre 1944 se conclut par la mort de 35 à plusieurs centaines de morts : tous des anciens combattants de l'armée française, qui réclamaient leur solde. Comment ne pas toujours se demander comment notre République, si libérale en interne, si sociale après 1945, pouvait être aussi ce régime impérialiste, un régime de domination, qui ramenait toujours certaines et certains à un statut phantasmé d'« indigène », qui essentialisait des hommes et des femmes et donc leur ôtait leur individualité, leur personnalité, leur humanité.

 

C'est en disant aussi cette part sombre et triste de notre Histoire que nous construisons notre présent et notre avenir partagés, que nous faisons Nation commune. « La part d'ombre de notre histoire, c'est aussi la répression sanglante qui en 1944 au camp de Thiaroye provoqua la mort de 35 soldats africains qui s'étaient pourtant battus pour la France » reconnaît le 12 octobre 2012 le Président François HOLLANDE. « En me rendant à Sétif, je dis la reconnaissance par la France des souffrances endurées et rends hommage aux victimes [algériennes et européennes] de Sétif, de Guelma et de Kheratta […] [appelant Français et Algériens] au nom de la mémoire partagée par nos deux pays […] à continuer d’avancer ensemble vers ce qui les réunit » déclare le 19 avril 2015 Jean-Marc TODESCHINI, Secrétaire d'État aux Anciens Combattants du Président HOLLANDE.

 

Le mardi 8 mai 1945, la France fête sa victoire, fête la victoire de la Liberté, de la République, de la Démocratie, la France fête le retour de la paix.

 

Mais en ce 8 mai 2022, « Les sanglots longs Des violons De l’automne Blessent mon cœur D’une langueur Monotone. Tout suffocant Et blême, quand Sonne l’heure, Je me souviens Des jours anciens Et je pleure », car de Minsk à Marioupol, un rideau de feu s'abat sur l'Europe.

 

« Et je m’en vais Au vent mauvais Qui m’emporte Deçà, delà, Pareil à la Feuille morte ».

 

En ce jour, en ce moment de commémoration de la fête de la libération et de la paix du 8 mai 1945 ; au moment où nous nous re-posons, en Europe, la question de crimes de guerre et de crimes contre l'Humanité, souvenons-nous que rien, jamais, n'est acquis. Notre Liberté, notre Démocratie, notre modèle de société et notre envie de faire Nation commune sont des combats du quotidien et toujours notre vigilance doit être en éveil.

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