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Le pessimisme de la connaissance n'empêche pas l'optimisme de la volonté

Publié le par Stéphane GOMEZ

Madame la Maire,

Mesdames et Messieurs les élus,

Mesdames et Messieurs,

 

J'espère que j'aurai pour cette intervention l'attention des élus d'opposition qui ont préféré passer le début du Conseil à faire circuler une pétition sur les réseaux sociaux plutôt qu'écouter les réponses de la Maire. Certains parlent de respect : quand on multiplie les qualificatifs sur les membres de cette majorité ici ou sur les réseaux sociaux, ou dans une prétendue « presse libre », quand on dit qu'on ne veut pas polémiquer parce qu'on est respectueux mais qu'on affirme que cette majorité est électoraliste, quand on fait une pétition durant le Conseil donc plutôt que d'écouter les réponses de la Maire, on est mal placé pour se plaindre tout en prétendant se donner de la hauteur.

 

J'essaierai de faire un peu moins improvisés que certains dans les oppositions, ça me permettra d'être moins approximatif, plus cohérent et plus factuel. Cela me permettra de ne pas faire une intervention comme si une pandémie mondiale n'avait pas lieu, avec ses conséquences humaines dramatiques.

 

Je parlerai budget et projet, je laisse ceux qui veulent devenir comptables ou couturiers -métiers très respectueux et utiles par ailleurs- le faire, mais ce n'est pas mon rôle d'élu de vouloir faire des comptes d'apothicaire ou des couvertures d'Arlequin.

 

Ce débat d'orientation budgétaire, nous l'avons déjà eu il y a quelques semaines. Nous étions alors dans ce qu'on appelle maintenant le monde d'avant, bientôt on finira par en parler comme d'un Ancien Monde.

 

Pour les élus Socialistes et Républicains, je ne reprendrai pas tous les éléments financiers que nous avions rappelés alors, qui nous permettaient de constater l'amélioration des finances sur ce mandat, avec même une association très libérale de contribuable qui triplait la note accordée à la Ville.

 

Les oppositions continuaient et continuent ce soir leur procès en incompétence, mais toute la réalité des chiffres -qui ne sont pas nos chiffres mais ceux que les agents produisent sur la base de notre action politique, ceux que certifient la Trésorerie Générale et la Préfecture- la réalité des chiffres dit matériellement qu'ils ont tort.

 

Avec une épargne brute de plus de 8M€, nous sommes au Compte Administratif de 2019 à un niveau presque 3 fois supérieur à celui de 2014. Les budgets de fonctionnement n'ont augmenté que de 1,21% alors que le Contrat de Cahors qui imposait des objectifs contractuels avec l'État nous permettait une hausse jusqu'à 1,46%. La dette par habitant reste stable et la capacité de désendettement est à un niveau historiquement faible pour notre Ville à moins de 9 ans alors que nous avons eu sur ce mandat un plan ambitieux d'investissements (certains ne doivent pas souvent être sur Vaulx-en-Velin pour ne pas voir les équipements construits ou largement avancés).

 

Cela nous permettait d'envisager sereinement la programmation d'investissements pour cette année 2020 et la mandature à venir, avec un projet de ville qui restait ambitieux. L'ambition est d'un investissement nouveau (hors investissement d'entretien ou de proximité) de 85M€ sur 4 ans, 85M€ dans la santé, la tranquillité publique, l'environnement, l'éducation et la formation, dans la culture ou les sports. 85M€ pour continuer à tisser le lien qui crée le vivre ensemble, renforcer le lien social qui nous uni, qui fait que nous construisons une ville ensemble.

 

La crise sanitaire est intervenue depuis ce 1er débat, dont l'impact est fort, conséquent, sur les engagements financiers de la Ville avec des dépenses inédites qu'il faut intégrer, avec des projets qu'il faut à Vaulx-en-Velin comme partout ailleurs (et je suis surpris que certains en fasse ce soir un sujet de polémique, parlent des retards de chantier comme si l'arrêt de ces chantiers était un choix local!) ; qu'il faut repenser, parce que les chantiers ont été suspendus pendant 2 mois, que les conditions de leurs reprises ne seront pas celles qui prévalaient encore début mars ; des projets qu'il faut repenser car nous ne fonctionnons plus aujourd'hui comme nous fonctionnions hier.

 

Constater cela ne veut pas dire que nous devons mettre en berne nos ambitions pour les Vaudaises et les Vaudais. Cela veut dire que nous devons être plus ambitieux encore, avec des ambitions réaffirmées et renouvelées.

 

Cette pandémie ne nous dit pas que nous ne devons plus vivre ensemble, avoir nos vies en parallèles, mais que nous devons mieux vivre ensemble. Cette pandémie n'est pas la victoire des individualismes mais la reconnaissance du bien commun.

 

La crise sanitaire ce sont cependant aussi des impacts financiers immédiats et d'autres à moyen ou long termes.

 

Sans revenir sur l'ensemble des éléments déjà présentés, le confinement et le début de dé-confinement ont occasionné de nouvelles dépenses de fonctionnement pour 800 000€ pour l'achat de masques, de gants, de gels ou de blouse mais aussi parce que la crise sanitaire est une crise sociale des nouvelles dépenses en aides aux foyers. Ce sont aussi presque 700 000€ de dépenses en investissement pour les modulaires pour une École Katherine Johnson transitoire (l'arrêt de chantier et sa reprise progressive en raison de la situation sanitaire ne permettant plus une livraison pour la rentrée prochaine comme prévu), pour des tablettes numériques pour les élèves vaudais, ou encore des équipements pour permettre le télétravail des agents.

 

Ce montant de finances est encore à préciser selon les évolutions de la pandémie. Ils sont déjà conséquents car ils se corrèlent à des baisses de recettes de 900 000€ sur les droits de mutation, les entrées non vendues ou à rembourser des équipements culturels ou associatifs de la Ville.

 

À ces dépenses de 1ère urgence ou de nécessité, s'ajoutent le choix politique de cette Majorité d'accompagner les Vaudaises et les Vaudais et les entrepreneurs de notre territoire par des mesures ciblées.

 

Je ne les re-détaillerai pas de nouveau : gratuité de la restauration scolaire, financement d'activités seniors, exemption de la taxe publicité ou de la redevance d'occupation du domaine public,… Nous avons aussi demandé aux structures institutionnelles propriétaires de baux une exonération de loyers pour les commerçants concernés (car au risque de surprendre un élu dont je n'ai pas compris le rapport entre les baisses de dépense de fonctionnement de la Ville et celles d'un commerçant, mais en l'état nous avons bien tenu compte de cette problématique aussi).

 

Cet ensemble de mesures peut être chiffré à presque 1,7M€. c'est un effort considérable, mais c'est un effort juste et nécessaire, pour accompagner socialement ceux qui en ont besoin, pour contribuer à la relance économique indispensable sur notre territoire.

 

Durant cette crise, on a beaucoup parler de la 1ère ligne, que nous ne remercierons jamais suffisamment. Demain, c'est la 2ème ligne qui va être impactée, celle des commerçants dont on n'est pas sûr qu'ils retrouveront leur chiffre d'affaire, celle des ouvriers en BTP dont les entreprises ne vont pas se remettre des reports ou des surcoûts, celle des emplois en insertion dont l'avenir est incertain, celle des plus modestes ou des précaires qui vont devoir supporter le renchérissement des produits alimentaires, les surcoûts liées aux produits nécessaires ou aux gestes barrières.

 

La crise sanitaire, cela est largement démontré désormais, a révélé et creusé la fracture sociale territoriale. Le dé-confinement sera une reprise mais peut-être pas une relance. Ces dernières années, le chômage sur la commune baissait plus rapidement que dans la Métropole ou en France. L'impact de la pandémie sur cette 2ème ligne risque de remettre en cause ces progrès, il faut en avoir conscience pour l'anticiper au mieux, dans l'intérêt des Vaudaises et des Vaudais.

 

Nous ne sommes aujourd'hui qu'à la 1ère étape du dé-confinement, nous ne savons pas comment évoluera la pandémie et donc la suite du dé-confinement ou même un re-confinement. Nous travaillons aujourd'hui à des activités dont nous ne savons pas si nous pourrons le faire, de nouvelles dépenses seront peut-être nécessaires, de nouvelles dépenses viendront peut-être à manquer, des nouvelles mesures d'accompagnement social ou d'aide à la relance seront peut-être nécessaires.

 

Il faut donc déjà se dire qu'après le Budget Primitif que nous présenterons, un correctif budgétaire sera probablement nécessaire en sortie de crise, pour tenir comptes de l'évolution des dépenses de fonctionnement, d'investissement, des dépenses sociales ou de relance économique.

 

D'ors et déjà, la baisse des recettes et la hausse des dépenses signifie que nous sommes confrontés à un effet ciseau, avec 1,7M€ de dépenses imprévues à réaliser en urgence et dans le même temps 900 000€ de recettes en moins. À Vaulx-en-Velin comme partout ailleurs, comme au niveau national où le Gouvernement a annoncé la plus forte récession depuis la 2nde Guerre Mondiale et le creusement des déficits qui explose le pacte de rigueur et la mythique barre des 3%, à Vaulx-en-Velin comme partout ailleurs les finances publiques vont se dégrader.

 

C'est là que nous pourrons constater que notre gestion financière depuis 6 ans a été efficace, car les oppositions unies dans la critique ont pu dire, répéter et radoter que l'on dépensait beaucoup et pour rien (ils devraient être plus sur le terrain, ils verraient toutes les réalisations sur la ville finies ou largement avancées), la réalité des faits que démontre cette crise financière créée par la crise sanitaire, c'est que nous avons la capacité de faire face tout en tenant et assurant les finances publiques de la Ville.

 

Le Compte Administratif 2019 nous démontrera que nous avons cette année encore tenu l'objectif de contractualisation ; c'est une réalité heureuse, car cela aurait pu avoir des conséquences sur les financements de l'État à un moment où ils sont plus que jamais nécessaires. Il ne faut pas simplement -nous l'avions dit- appeler à la résistance dogmatique et stérile contre l'État dont nous sommes par ailleurs si heureux de bénéficier des aides légitimes. Il faut, nous l'avions dit, nous le répétons, intégrer les conséquences des postures de refus ou de prétendue résistance. Si pendant 2 ans nous n'avions pas contrôlés nos dépenses de fonctionnement comme nous y contraignait le Contrat de Cahors, non seulement notre situation budgétaire serait dégradée avant même la crise financière présente, mais en plus nous ne saurions plus en situation de demander ou de bénéficier de soutiens de l'État. Suivre les oppositions, ça aurait été le « double moins » !

 

Cette année la capacité de désendettement va se dégrader compte-tenu des dépenses supplémentaires et la baisse des recettes. Ce constat est à l'instant T, il ne tient pas compte des aides que l'État s'est engagé à verser aux Collectivités et dont nous attendons encore les modalités et le volume.

 

Surtout, il s'agit d'un aléa conjoncturel et non structurel. Structurellement, les finances vaudaises ont été redressées depuis 2014 (même si nous sommes toujours tributaires d'une rigidité budgétaire excessive et héritée de presque 60%). Elles sont structurellement assainies puisque malgré ces dépenses covid-19 imprévues, les dépenses de fonctionnement augmentent de 1,84% seulement, proche de 1,46% de la contractualisation quand elle existait, en dessous de la courbe naturelle de plus de 2% de hausse s'il n'y avait pas un suivi strict des dépenses de fonctionnement, bien en dessous des taux de plus de 3 ou 4% d'avant 2014… Et la prospective nous démontre que dès l'année prochaine nous retrouverons une épargne brute élevée du niveau de celle de 2019 ou une capacité de désendettement à 9 ans sans renier nos projets d'investissements.

 

Les finances de la Ville de Vaulx-en-Velin sont aujourd'hui suffisamment bonnes pour supporter ces dépenses exceptionnelles liées à la crise sanitaire, pour prendre en charge les mesures de prophylaxie, les mesures d'accompagnement et les mesures de relance que nous proposons.

 

Les finances de la Ville de Vaulx-en-Velin sont aujourd'hui suffisamment bonnes pour supporter ces dépenses exceptionnelles et maintenir nos projets d'investissement : fin des Écoles Johnson et Cartailhac au Sud, construction du Groupe Scolaire Simone Weil au Village, restructuration des écoles notamment au Mas, construction des équipements sportifs du Mas, du Sud et du Village, poursuite de l'agenda accessibilité, augmentation à 100 le nombre de policiers municipaux (un nombre d'agents de la Police Municipale que nous avons continué à augmenter même si les oppositions ont voté contre).

 

L'enjeu devant nous est maintenant de nous inscrire dans le « monde d'après ». Largement, nous l'avons anticipé : nos projets d'investissements étaient marqués par le volonté de faire ville ensemble, par des équipements partagés ou un travail sur les espaces en partage pour favoriser des quartiers de distances courtes ou lutter contre les ilots de chaleur. Nous avons réintroduit la nature en ville, développé les mobilités actives, eu une politique environnementale innovante et ambitieuse. C'était aussi le souhait de favoriser des initiatives pro-actives dans la lutte contre le chômage ou pour la promotion de l'éco-citoyenneté, qu'il va falloir encore amplifier.

 

Nous devons aller plus loin dans cette mutation de notre espace proche : nous devons nous inscrire dans une nouvelle économie sociétale qui est en train de se créer, de s'inventer devant nous et avec nous.

 

Nous avons été volontaires et volontaristes pour être dans les 1ères communes de la Métropole à développer l'urbanisme tactique : dès juin, plusieurs axes de la ville seront concernés ; nous devrons amplifier les moyens de mobilités actives qui viendront en complément des pistes cyclable dont le métrage sur Vaulx-en-Velin a presque doublé sur ce mandat et qui a été mieux maillé pour être cohérent donc efficace ; au moment où Gérard COLLOMB abandonne l'Anneau des Sciences, son enfant irraisonnablement chéri, nous devons avoir des lignes structurantes de déplacement en commun qui limitent la circulation automobile notamment de transit. Nous devons aussi repenser nos outils d'insertion dans la récession qui nous est annoncée, amplifier les démarches pro-actives que nous menons. Nous devons accompagner les démarches de télétravail ou les échanges distanciés comme nous l'avons fait en permettant enfin la facturation unique et le paiement dématérialisé. Nous devons avoir plus de services de proximité comme nous l'avons mis en place avec les services administratifs de la Mairie annexe au Sud et demain par le développement prévu et même engagé de plusieurs postes de Police Municipale dans différents quartiers de la ville. Plus que jamais nous devons nous assurer que le Nouveau Programme de Renouvellement Urbain promis par d'autres avant 2014 et maintenant opérationnel inclus la dimension écologique mais aussi citoyenne par la concertation active et l'éco-citoyenneté.

 

Pour reprendre la référence à Antonio GRAMSCI que j'ai faite dans ma précédente intervention, nous sommes aujourd'hui dans ce moment de dé-confinement dans le clair obscur, celui durant lequel les monstres peuvent apparaître. Mais nous restons optimistes par la volonté. « Le pessimisme de la connaissance n'empêche pas l'optimisme de la volonté ». Nous connaissons la situation actuelle, nous l'affrontons avec volontarisme pour continuer sur les 6 ans que nous avons devant nous à tisser pour les Vaudaises et les Vaudais une ville à vivre, à vivre ensemble.

 

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