Une ville extraordinaire
Monsieur le Président, chers collègues,
J'ai déjà eu plusieurs fois l'occasion d'intervenir sur les dossiers vaudais du NPNRU, je ferai donc bref aujourd'hui. Mais il n'était pas possible, ce jour, de ne pas en redire quelques mots.
La caricature et les marronniers veulent résumer Vaulx-en-Velin à la ZUP et tous ses dysfonctionnements, aux émeutes urbaines d'octobre 1990, à la misère et la violence sociales, à la délinquance. Certains décrivent Vaulx-en-Velin comme une zone de non-droit, hors de la République : visiblement ceux-là ne connaissent pas la ville, ils ne connaissent pas ses habitants, ils ne connaissent pas nos richesses.
Nous ne nions pourtant pas les réalités complexes et les difficultés de notre commune, quelles soient sociales, urbaines ou de délinquance, en grande partie l'héritage d'une ZUP hors sol et monofonctionnelles des années 70 puis une stratégie de poche de pauvreté largement entretenue après les émeutes de 1990
Cela avait déplu quand je l'avais dit, mais tant pis, il n'y a que la vérité qui démange et déplait.
Vaulx-en-Velin est passée à côté du 1er PNRU. Non pas que rien n'a été fait, mais la ville s'inscrivait dans la logique de l'époque, l'accompagnait avec volontarisme, qui ne visait pas à changer structurellement les choses mais à porter une action de résidentialisation, dans un quartier dont la structure monofonctionnelle n'était pas remise en cause ; et ce quartier n'était pas celui du Mas, celui des émeutes, qui était en conscience laissé à côté du renouvellement urbain.
Avec ces délibérations, nous essayons de corriger les erreurs ou pas de côté passés. Il y a les erreurs du temps et il y a les choix du moment, et certains ne peuvent pas s'en dédouaner.
Avec ce NPNRU, nous voulons porter un projet ambitieux, reconnu par l'ANRU qui s'engage à plus de 100M€, aux côtés de la Ville bien sûr, de la Métropole, de l'ANAH et des bailleurs notamment. Une clause de revoyure en 2021 permettra de compléter ce 1er programme, notamment en ce qui concerne les co-propriétés du quartier Cervelières – Sauveteur mais aussi avec de nouvelles réhabilitations de logements sociaux sur les Quartier Est, le Petit Pont ou les Barges, et travailler à une proposition pour le quartier de La Balme, trop enclavé.
Il nous fallait le temps de ré-inscrire notre quartier dans les politiques nationales et métropolitaines pour affirmer l’ambition de restaurer l’attractivité du Mas du Taureau au Nord ou de Chénier au Sud. Ce fut un travail long et fructueux, et je veux encore remercier pour leur engagement et le soutien le Vice-Président Michel LEFAOU et des services de la Métropole mais aussi ceux de l'État déconcentré.
Ce programme, je ne le décrirai pas précisément, mais juste dire que nous voulons agir sur les différents quartiers en politiques de la ville sans en abandonner aucun, c'est sortir de la logique monofonctionnelle des cités dortoirs avec 25 000 m2 de locaux d'activités travaillé avec les chambres consulaires, avec 14 000 m2 d'équipements de formation en lien avec le Rectorat et le Pôle Universitaire de Lyon, avec des écoles et équipements publics rénovés ou construits comme la nouvelle Médiathèque Léonard de Vinci, avec la rénovation de 1600 logements pour ne pas opposer un parc social ancien et les logements neufs, plus de diversité de l'offre résidentielle, avec une action sur les co-propriétés (j'y reviendrai) pour ne pas opposer les locataires et les propriétaires.
Il faut encore articuler ces projets autour d'un transport en commun structurant, pour finir de lui donner de la cohérence et de la consistance.
Notre projet est celui d'une ville, de quartier qui s'articulent, d'une ville des distances courtes, une ville qui rassemble et non pas oppose.
Un soir d'octobre 1990, le Mas du Taureau et Vaulx-en-Velin entraient abruptement dans l'actualité, dans notre Histoire nationale, dans notre inconscient collectif.
Ce fut le début de politiques publiques indispensables qui ont marqué le territoire urbain de notre commune et de tout notre pays depuis plus de 25 ans. Ce fut un moment douloureux pour notre ville et ses habitants, qui en portent encore le stigmate depuis plus de 25 ans.
Avec ce nouveau programme, nous ne voulons plus être la ville du stigmate, nous voulons construire un projet d'une ville inscrite dans la dynamique métropolitaine et qui dialogue avec elle même. Nous voulons construire une ville qui se vit au quotidien, dans laquelle les dynamiques urbaines, sociales, économiques, environnementales, associatives inter-agissent entre elles, autour et par les habitants. Être une commune en politique de la ville n'est pas un objectif, c'est un moyen, nous devons sortir des logiques de-structurantes héritées d'erreurs que nous ne voulons pas juger anachroniquement mais que nous ne devons pas répéter.
C'est le projet que nous portons avec ce projet de renouvellement urbain, et nous sommes heureux ce jour de pouvoir réaffirmer le soutien des élus métropolitains pour faire de Vaulx-en-Velin une ville ordinaire dans sa forme, mais toujours extra-ordinaire par ses habitants.