Carré de Soie: recréer un projet humain
Monsieur le Président, chers collègues,
En ce Conseil, j'ai déjà eu l'occasion d'évoquer les projets urbains que la Ville de Vaulx-en-Velin et la Métropole de Lyon mènent, ensemble, sur le Grand Mas ou au Village. Aujourd'hui c'est le Sud de la commune que j'évoquerai, à travers ces 3 délibérations d'individualisations complémentaires ou individuelles d'autorisations de programme, expressions bien techniques pour des réalités bien humaines.
La diversité géographique des projets vaudais pour lesquels j'ai déjà pris la parole devant vous souligne à quel point Vaulx-en-Velin bouge. Notre ville est celle qui a eu, ces dernières années, la croissance démographique la plus rapide, la plus forte. Après ses décennies noires, cette dynamique retrouvée est un signe positif, en même temps qu'elle nous interroge, nous contraint et nous engage.
Car un projet urbain doit d'abord être un projet humain. Et un territoire laissé aux arbitrages d'intérêts privés n'est pas un territoire dynamique, c'est un territoire assassiné, sur lequel on pose les conditions de tous les dérèglements urbains, sociaux et sociétaux dont la commune mais aussi tout le territoire métropolitain auraient à subir les conséquences.
C'est ce que, avec la Métropole, nous n'avons pas voulu, sur le Carré de Soie ; c'est ce que nous continuons à refuser à travers ces délibérations.
Érigé sur des friches industrielles (dont il ne faut pas, en ce lendemain de Journées Européennes du Patrimoine, oublier de dire qu'elles sont aussi un élément patrimonial structurant de notre Histoire urbaine et sociale, et qu'il ne faut pas les balayer trop vite)- érigé sur ces friches, le Carré de Soie s'est structuré autour de la venue du tramway ou du métro, qui sont littéralement la colonne vertébrale autour de laquelle le projet urbain a pu se construire et se développer.
Une diversité de fonction a été posée pour faire cohabiter les différents types de logements et différentes activités.
Projet précurseur, laboratoire, nous avons pu aussi y appréhender les conséquences d'une mutation urbaine trop rapide, lorsque les habitants se sentent dépossédés de leurs quartiers, qu'ils s'en sentent exclus. C'est pourquoi, depuis notre élections en 2014, nous veillons à construire les projets urbains autour de leur dimension humaine.
C'est ainsi que nous avons lancé 2 écoles sur le Sud de Vaulx-en-Velin, pour faire face aux besoins croissants et pour répondre aux attentes des parents, ceux qui arrivent et ceux qui sont déjà là.
La Ville a travaillé avec la Métropole pour faire inscrire le projet d'Esplanade TASE dans la PPI de cette dernière, et nous avons longuement construit son contenu et ses usages avec les habitants. Nous avons aussi opté d'initier les travaux par une partie annexe sur le papier du projet -le prolongement de la rue Nelli- mais qui permettra de relayer un quartier historique, les Grandes Cités TASE, avec le quartier nouveau de la Soie, pour qu'autour de cette esplanade et du pôle de loisirs, anciens et nouveaux Vaudais se retrouvent plutôt qu'ils ne s'opposent, séparés. Nous ne voulons pas d'une ville de quartiers juxtaposés qui s'ignorent ou s'affrontent, mais une ville partagée autour d'espaces et d'équipements d'usages publics.
Par la concertation nous avons également construit le PUP Karré, aboutissant à une dé-densification du projet tel qu'il nous avait été proposé à l'origine, à une modification de l'offre en logements, à la création d'un nouveau square et en la conservation d'éléments patrimoniaux, en l'occurence un mur qui s'inscrit dans l'héritage patrimonial industriel TASE. C'est bien le projet que nous avons adapté aux besoins et attentes des habitants et non les habitants que nous avons adapté, au projet urbain, contraint à l'accepter.
Voilà ce que disent, ces 3 délibérations qui vous sont proposées au vote sous les termes « d'individualisations d'autorisations de programme » « complémentaires » ou « partielles » : la transformation d'un programme urbain en projet humain, autour et par la concertation que nous avons, la Métropole et la Ville de Vaulx-en-Velin, portés ensembles.
Sur le Mas, la Ville a fait le choix de commencer par les équipements. Sur le Carré de Soie, la Métropole a choisi d'initier le projet par le transport en commun. Notre conviction, en fait, est qu'il faut -aux côtés de la concertation- les 2, comme nous le portons au Carré de Soie et sur le Mas, car transports en commun et équipements structurent l'espace urbain autour d'eux et replacent en son cœur l'humain.