Quiconque oublie son passé est condamné à le revivre.
Résistances, déportations, génocides, esclavage : le printemps est rythmé par le temps particulier des commémorations. On peut s'interroger sur le sens ou l'intérêt de cérémonies qui nous parlent d'il y a plus de 50 ans, un siècle, des siècles. Ce sont pourtant des moments essentiels dans la construction de notre République commune.
Ce sont bien sûr des moments pour se souvenir de héros, souvent inconnus. Des moments pour se souvenir des victimes, presque toujours anonymes, dans l'esprit d'Élie WIESEL (La Nuit, 1957) : « L'oubli signifierait danger et insulte. Oublier les morts serait les tuer une deuxième fois. Et si, les tueurs et leurs complices exceptés, nul n’est responsable de leur première mort, nous le sommes de la seconde ».
Des moments aussi pour dire qui nous sommes. Notre identité complexe et diverse et notre avenir commun partagés ne peuvent se construire sur l'oubli ou le mensonge. Ça ne serait que le terreau de frustration, de vengeance et de drames à venir.
C'est pourquoi nous avons voulu redonner sens et importance à ces commémorations. Ça a été en initiant un travail pédagogique avec les établissements scolaires sur la commune. En communiquant plus, pour plus de participation. En redonnant de la solennité et du contenu à ces commémorations : cela n'empêche pas la convivialité.
On ne se déshonore jamais à dire l'Histoire, dans toutes ses parts d'ombres et de violences individuelles, collectives ou tues. Dire la réalité historique, ce n'est pas porter individuellement aujourd'hui culpabilité, c'est refuser de tuer une 2ème fois, par l'oubli. Il ne s'agit pas de repentance, mais « de ne jamais [se] taire quand des êtres humains endurent la souffrance et l'humiliation, où que ce soit. Nous devons toujours prendre parti. La neutralité aide l'oppresseur, jamais la victime. Le silence encourage le persécuteur, jamais le persécuté » (Élie WIESEL, Discours de remise du prix Nobel de la Paix, 10 décembre 1986).
L'Histoire ne se répète pas… si elle n'est pas oubliée et les mots précis et précieux de Primo LEVI ne peuvent cesser de résonner et raisonner en nous : « Quiconque oublie son passé est condamné à le revivre ». Nous ne nous affaiblissons pas en reconnaissant les parts d'ombres et les moments noirs de notre Histoire : nous fondons le chemin de Justice qui nous permet de faire Nation commune, Ville commune.