Le choix de l'emploi
Madame la Maire, chers collègues, Mesdames, Messieurs,
Permettez-moi quelques précisions sur la position des élus Socialistes et Républicains, car cette délibération n'a rien de secondaire : elle repose profondément la politique locale d'emploi et d'insertion.
La loi MAPTAM et la création de la Métropole de Lyon ont changé fondamentalement les cadres locaux de la politique de l'emploi. Jusque là, rappelons-le, le Conseil Général avait compétences sur l'insertion et la Communauté Urbaine sur le développement économique ; on pourrait souligner pour rajouter à la complexité que la Région a compétences sur l'apprentissage et l'aménagement du territoire. Avec la création de la Métropole de Lyon, les compétences économiques et d'emplois convergent et se concentrent sur une seule collectivité.
Une fois le nouveau cadre légal définit, il faut affirmer des politiques, et la majorité métropolitaine a fait le choix de rapprocher plutôt qu'opposer ou mener en parallèle les politiques pour l'emploi et de développement économique. Le PDI – Plan Départemental pour l'Insertion s'est mué en PMIE – Plan Métropolitain d'Insertion pour l'Emploi en décembre 2015. La nuance n'est pas que sémantique : c'est bien l'approche globale des politiques d'insertion qui y est changée, pour dépasser le seul et indispensable traitement social grâce aux nouvelles compétences et au nouveau cadre territorial, avec la volonté de désormais toujours faire le lien entre les politiques de développement économique et création d'entreprises et les politiques d'insertion, l'ensemble avec 3 angles d'approche :
Développer une offre d’insertion par l’entreprise ;
Construire une offre de service orientée vers l’accès à l’activité des publics ;
Porter un projet commun pour un territoire métropolitain exemplaire.
Dans cette logique, la Métropole a récupéré la gestions du FSE – Fonds Social Européen, jusque là coordonné par les PLIE – Programmes Locaux pour l'Insertion et l'Emploi [car, pour répondre à une remarque d'une élue d'opposition de Droite, ce ne sont pas les Villes directement qui gèrent le FSE] ; la Ville de Vaulx-en-Velin, historiquement, adhérait au PLIE UNI Est avec 12 autres communes de l'Est et du Sud-Est du territoire métropolitain et dans lequel nous étions actifs.
Ce transfert de la gestion appelait naturellement une évolution des structures intermédiaires, c'est ce qui est proposé ce soir d'accompagner, par l'adhésion au Groupement d'Intérêt Public « Maison Métropolitaine d'Insertion pour l'Emploi », dont le contour et le contenu ont été travaillés en liaison avec les 3 PLIEs actuellement actifs sur la Métropole et aussi les Communes concernées (avec un groupe de travail des Maires dans lequel notre Maire fut très active), dont les enjeux et les orientations ont été repris :
Élargir son action à l'ensemble des publics les plus éloignés de l’emploi ;
Tenir compte des indicateurs de précarité des publics sur les territoires dans la répartition des moyens déployés et notamment du FSE ;
Se saisir de l’opportunité nouvelle de rapprocher la dimension économique et le volet insertion pour favoriser l’accès à l’emploi ;
Tenir compte des besoins des territoires plutôt que de déployer une offre uniformisée et déterritorialisée.
S'y ajoute naturellement le soucis des actuels agents des PLIEs, dont le travail et l'engagement doivent être soulignés, depuis des années et particulièrement dans cette période compliquée de transition.
S'y ajoute encore le soucis que le nouvel échelon métropolitain ne dilue pas les politiques et les moyens des politiques pour l'emploi.
La Ville de Vaulx-en-Velin développe une politique d'actions en faveur de l'emploi. Ce n'est pas une compétence municipale, mais c'est une nécessité de morale politique sur une commune comme la nôtre, avec un taux de chômage de presque 25%, un taux d'allocataire du RSA presque 2 fois supérieur à celui de la Métropole. Nous avons créé un service municipal de l'Emploi qui n'existait pas avec des postes dédiés, développé une logique de guichet unique, créé des moments partenariaux comme les « Rendez-vous de l'Emploi » et des moments thématiques comme « Nounou cherche bambin », mis une relation en place en amont entre les grands projets économiques et les prescripteurs d'emploi, fait inscrits plusieurs projets municipaux pour l'emploi en Programmation Sociale,… une politique globale qui représente plus d'1M€ pour la ville.
L'enjeu pour notre Commune est d'oeuvrer à la baisse du chômage particulièrement fort sur notre ville en répondant aux besoins des entreprises du territoire ainsi accompagnées et dynamisées dans une logique vertueuse. Pour être au plus près de ces 2 nécessités, il nous semble nécessaire d'offrir une offre de proximité, de coordination locale.
C'est pourquoi notre souhait d'adhérer à la Maison Métropolitaine d'Insertion pour l'Emploi s'accompagne aussi de notre vigilance sur la gouvernance : nous voulons nous inscrire dans les dynamiques métropolitaines, la définition de leurs politiques et en même temps assurer la coordination et l'impulsion locales de ces politiques sur le territoire vaudais.
La démarche portée par le PMIE, par son échelon territorial et la liaison dynamique entre les politiques pour l'emploi et celles pour le développement économique, nous semble bonne. Mais il nous revient de ne pas perdre de vue les effets territoriaux et notamment communaux. D'où notre volontarisme ce soir pour nous inscrire dans cette Maison Métropolitaine de l'Insertion pour l'Emploi.
Comme toute nouvelle politique et tout nouvel outil, nous n'en sommes cependant qu'au début. Nous ne partons pas de nulle part et la Maison Métropolitaine d'Insertion pour l'Emploi ne prétend pas effacer par principe le travail et les actions jusque là effectués. Il ne s'agit pas d'aller contre mais d'aller au-delà.
Nous sommes au début d'une nouvelles démarche politique. Il y a ceux qui par principe seront contre (peut-être qu'un jour ils pourront nous expliciter positivement pourquoi ils sont contre autrement que par principe). Il y a ceux qui, dans la grande tradition britannique préfèrent attendre pour voir. Il y a ceux qui pensent qu'il faut être dans l'action, sans attendre, surtout quand il s'agit d'emploi, et que la politique de la chaise occupée est plus efficace que celle de la chaise vide.
Dans une fausse lapalissade plein de certitudes libérales, Raymond BARRE pensait que « la meilleur façon de lutter contre le chômage, c'est de travailler ». À citer un Premier Ministre, je préfère Lionel JOSPIN qui notait -il y a 20 ans déjà!- que « la crainte de l'avenir se fait toujours plus forte. C'est cette spirale qu'il faut briser. C'est ce changement là que les Français attendent. C'est à cette aspiration que nous voulons répondre. […] Trouver sa place dans la société, c'est d'abord avoir un emploi » (Déclaration de politique générale, 19 juin 1997). La conclusion est abrupte et seulement -heureusement- partiellement vraie. Mais pour nos concitoyens en situation de précarité, c'est une violence quotidienne, et pour reprendre Lionel JOSPIN dans la même Déclaration de politique générale, « Notre voie est étroite. J'en ai conscience. Désormais, toutes les marges disponibles seront consacrées à encourager les créateurs d'emplois et d'activités, à renforcer la solidarité nationale et à soutenir les plus fragiles ».
Nous ne pouvons pas, en matière d'emploi, être attentistes ou timides, c'est pourquoi l'adhésion des élus Socialistes et Républicains à la Maison Métropolitaine d'Insertion pour l'Emploi est pleine et non ambiguë : nous voulons faire, nous voulons être dedans pour faire, être dans les dynamiques métropolitaine pour faire sur le territoire vaudais, pour les Vaudaises et les Vaudais.