Je choisirai l'espérance
Le 1er tour de l'élection présidentielle vient de donner un résultat inédit. Le parti de la haine progresse (moins fortement que prévu, mais toujours trop) tandis qu'un mouvement composite, centriste, venu de nulle part (pour la forme, à défaut des personnes et des fonctionnements…) bascule en tête.
Les 2 partis qui structurent traditionnellement la vie politique française depuis 40 ans (lorsqu'à Gauche le PS a pris le pas sur le PCF alors dominant) ont été lourdement sanctionnés dans les urnes. Ensemble pour leur incapacité à incarner une alternative pratique dans le marasme social actuel. À Droite à cause d'une candidature marquée par le sceau de l'affairisme médiocre, de l'obsession pour l'argent et du mensonge. À Gauche, le candidat du PS n'a pas résisté à l'effet cisaille que lui ont imposé sur sa gauche et sur sa droite les 2 candidatures qui ont des liens avec le camps progressiste et en sortent en tête.
Aujourd'hui, la question se pose du 2nd tour. Le système institutionnel de la Vème République est basé sur des élections à 2 tours. Vouloir s'en abstraire quand on a participé au 1er tour, sous prétexte de proposer un autre projet, est irresponsable. Vouloir en reporter la cause au candidat en tête qui n'accepterait pas d'incorporer des éléments de son projet est lâche : même si cela déplaît légitimement et n'en lève rien à ses convictions de 1er tour, c'est entre les projets que les Français ont choisi de mettre en tête qu'il faut choisir, pas parmi les projets des vaincus. Quand le FN est au 2ème tour, c'est irresponsable et lâche.
Quels sont ces projets que les Français ont décidé de mettre en tête du 1er tour ? Ils sont les reflets d'une Nation en crises. Certes. Mais ils restent ceux parmi lesquels il nous faut choisir.
Le FN n'a pas de projet social. Marine LE PEN a réussi à se draper d'une posture sociale, celle de la défenseure du « petit peuple ». C'est un mensonge, c'est un honteux mensonge. Il n'y a rien de social dans le projet du FN, qui manipule la détresse sociale des gens pour la mettre au service d'un projet rétrograde, un projet de haine, de rejet de l'autre. La tactique du bouc émissaire (l'étranger responsable de tout, du chômage à l'insécurité) n'est que l'outil d'une vision construire sur la certitude d'inégalités génétiques entre les hommes, tous ramenés par assignation à des communautés contraintes, enfermantes, limitantes. Le FN, c'est la revanche de 1944, c'est la xénophobie, le racisme, le sexisme, l'antisémitisme, l'homophobie. LE PEN, ce n'est pas la France du peuple, LE PEN c'est le camps de la revanche aristocratique, anti-républicaine, non-démocratique.
En face, Emmanuel MACRON ne porte pas mon projet de cœur : si ça l'avait été, je l'aurai soutenu dès le 1er tour. Je ne crois toujours pas que la France ait besoin d'un « choc de compétitivité » à coup de dé-régularisation du marché du travail, qu'il faut à la mode ricardienne que les riches soient plus riches pour qu'ils tirent vers le haut les plus pauvres. J'ai l'impression de relire les vieilles lunes des années 70 qui ont si lamentablement échoué dans les années 80.
Ce projet cependant est compatible sur plusieurs points avec ce que je crois, sur l'engagement européen, l'école ou la politique de la ville, une politique étrangère équilibrée,... Est-il en capacité de réconcilier les Français ? Je n'en suis pas toujours certain, mais il a les possibilités de le faire : il serait un projet du pragmatisme, nous répète-t-on, alors croyons dans les faits à venir et à notre capacité de peser dessus.
Ah, oui, il est aussi compatible, parce que dans 5 ans il sera contestable dans les urnes, il est compatible parce que d'ici 5 ans il sera contestable dans le mouvement social et l'opinion public. Il est compatible parce qu'il est démocratique !
Essayer l'Extrême-Droite ? On n'essaie pas l'Extrême-Droite : le pouvoir qu'on lui offre, elle ne le rend pas, jamais. Le choix de ce dimanche est un choix entre deux projet de société, entre deux visions de notre Nation, l'une ouverte, inclusive, démocrate, l'autre fermée, exclusive, anti-républicaine. On peut se payer de mots, mais le choix de dimanche en réalité n'a jamais été aussi simple, aussi binaire, entre celui qui laisse la porte de l'espérance ouverte, et celui qui veut refermer cette porte pour nous plonger dans le noir. Dimanche, j'ouvrirai la porte, j'ouvrirai les fenêtres, j'ouvrirai tout pour que pénètre la lumière, dimanche je voterai pour la France, pour continuer à faire ensemble la France, dimanche je choisirai l'espérance.