Ceux qui osèrent se lever
Intervention Stéphane GOMEZ
Journée Nationale de la Résistance
27 mai 2017 – Monuments aux Morts – 11h
Madame la Ministre, Chère Hélène GEOFFROY,
Monsieur le Député, Cher Renaud GAUQUELIN,
Mesdames et Messieurs les élus et anciens élus,
Monsieur Robert GEA, Président de l’UFAC,
Monsieur Marius PELLET, Président de de l’ANACR,
Mesdames et Messieurs les membres de l’Association Nationale des Anciens Combattants et Amis-es de la Résistance, des associations d’Anciens Combattants, de Résistants et de Déportés et des Associations mémorielles,
Messieurs Paul FOUR, André CHEVAL et Georges MARTIN nos porte-drapeaux,
Mesdames et Messieurs de la chorale des Ans Chanteurs,
Monsieur l’Ordonnateur, cher Pierre BARNEOUD,
Mesdames et Messieurs, Chers amis,
Merci de votre présence à cette cérémonie commémorative de la Journée nationale de la Résistance.
Merci, Maurice THIBAUDIER de vos propos prononcés au nom de l’ANACR, dont il convient de saluer le travail et l’engagement à Vaulx-en-Velin, depuis un peu plus de 20 ans maintenant.
Même si notre ville commémore depuis longtemps le 27 mai la Résistance, cette date n’est officiellement la Journée nationale de la Résistance que depuis peu finalement ; en fait depuis le 9 juillet 2013, date à laquelle l’Assemblée Nationale, – où siégeait alors Hélène GEOFFROY avant d’être nommée au Gouvernement –, les députés donc, faisaient enfin Loi cette revendication des Résistants et de leurs associations.
MONTESQUIEU disait bien qu’il fallait « éclairer l’Histoire par les lois et les lois par l’Histoire ».
Cette loi de reconnaissance officielle de la Nation, fut donc ensuite rapidement promulguée par le Président de la République, François HOLLANDE.
Il aura tout de même fallu 7 décennies depuis cette première réunion du Conseil National de la Résistance, le 27 mai 1943 ; date symbole donc et moment majeur de l’Histoire de notre Pays.
Ce 27 mai 1943, en effet, à l’initiative de Jean MOULIN, représentant du Général DE GAULLE, chef de la France Libre, 19 personnes, toutes dans la clandestinité, toutes recherchées par l’occupant nazi, se retrouvent avec la volonté d’unir les mouvements de résistance et d’en coordonner l'action.
Cette première réunion se tient au 1er étage du 48 de la rue du Four dans le 6ème arrondissement à Paris, au domicile d’un certain René CORBIN, un proche de Jean MOULIN, haut fonctionnaire de l'administration des Finances.
À la création du Conseil National de la Résistance, – le CNR –, sont présents ce 27 mai, en plus de Jean Moulin et 2 collaborateurs, des représentants des huit grands mouvements de résistance, des deux syndicats CGT et CFTC ainsi que des représentants des six principaux partis politiques : communiste, socialiste, radical, démocrate-chrétien, la droite modérée et laïque, la droite plus conservatrice et catholique.
Le CNR regroupe donc des personnalités et des formations d’horizons différents qui dépassent les clivages, les oppositions et les désaccords pour se rassembler sur l’essentiel : vaincre l’occupant nazi et son régime, et rétablir la République.
Trois semaines après, le 21 juin 1943, Jean MOULIN sera dénoncé et arrêté à Caluire. Le 8 juillet, en gare de Metz, dans le train qui l’emmenait en déportation, il mourra des suites des tortures infligées par Klaus BARBIE à Lyon.
D’autres membres fondateurs du CNR seront arrêtés, déportés ou fusillés. Ils seront systématiquement remplacés par d’autres Résistants.
Le CNR élabore parallèlement une plate-forme politique, économique et sociale pour la France d'après la Libération.
Ce programme, connu sous le nom « Les jours heureux », paraît en 1944 et constitue à plus d’un titre, l’acte fondateur du modèle social français. Cela a été rappelé…
Oui, notre présent a un sens qui provient de cette page de notre Histoire avec laquelle nous maintenons des affinités très fortes.
Non, notre société n’existe pas ex nihilo. Elle est le produit d’une Histoire collective qu’il nous faut connaître et partager.
Il n’a échappé à personne, que depuis des années déjà nous entendons résonner des discours aux fortes similitudes avec ceux entendus dans les années 30.
Nous voyons se reconstituer une extrême-droite populiste, si vous me passez ce pléonasme (!), arrogante, dangereuse, un peu partout en Europe et au-delà.
Alors nous devons redoubler de vigilance et lutter contre toutes ces incontinences racistes, tous ces simplismes anti-système qui, l’Histoire nous le démontre, conduisent au chaos.
L’actualité récente nous a questionnés.
Dans le duel pour le 2ème tour de l'élection présidentielle, avec la présence à ce second tour d’une candidate, héritière politique des ligues factieuses, héritière idéologique des milices pétainistes de la Collaboration avec les nazis et la Gestapo, héritière en ligne directe de l’OAS,… et pourtant comment l’idée même de déserter la Démocratie, si chèrement reconquise par ceux que nous honorons aujourd’hui, comment l’hésitation a-t-elle pu germer, voire être suggérée ?
Quelqu’un aurait-il été irresponsable au point de rester dans l’ambiguïté et le doute si : Allemand, nous avions eu un candidat néo-nazi ? si Espagnol, un franquiste ? si italien, un néo-fasciste ? ou Grec, un colonel ? etc… Cette transposition permet de comprendre l’enjeu réel qui était le nôtre et la réponse évidente qui s’imposait.
Parfois, l’intérêt supérieur doit transcender les oppositions, les divergences.
Comme en Autriche et au Pays Bas, la France a su qu’il fallait se mobiliser pour faire front, si j’ose dire !
La France n’est pas la seule concernée par ce retour de ce que Berthold BRECHT qualifiait de « bête immonde encore féconde ». L’Europe entière, à des degrés divers, connaît le phénomène et voit ressurgir le leurre nationaliste et identitaire.
Il nous incombe, et cette journée y contribue, de nous instruire de cette Histoire de la Résistance si présente et si précieuse.
Il est nécessaire aussi de rappeler et d’honorer, comme nous le faisons aujourd’hui, le sursaut d’honneur, le courage de femmes et d’hommes choisissant de combattre le fascisme et de s’unir pour sauver l’essentiel : la Liberté, l’Egalité, la Fraternité ; pour sauver la République.
Célébrer la Résistance c’est, rappelons-le sans cesse, honorer les 20 000 FFI ou FTP tués au combat ; les 30 000 fusillés ; les 60 000 déportés, dont près de la moitié périrent dans les camps de concentration et d’extermination.
C’est honorer les 500 000 personnes ayant eu une implication substantielle dans la Résistance.
C’est aussi honorer la grande diversité d’origine des Résistants, et pour nous Vaudais ça a grand sens ; avec les antifascistes italiens, les antinazis allemands, les républicains espagnols, et tous les étrangers qui ont rejoint les maquis et réseaux français voire même qui en furent à l’initiative et à leur tête comme les FTP-MOİ du groupe Manouchian.
Viendront aussi les tirailleurs avec l’armée de la France Libre.
Le 27 mai, c’est l’occasion de redire notre reconnaissance, notre considération, notre respect à tous ceux qui osèrent se lever pour sauver la Liberté, notre Liberté.
Commémorer la Résistance c’est honorer chaque Résistant.
L’engagement héroïque de chacun d’entre eux, le courage absolu dans les circonstances de l’époque et quel que fut la motivation profonde de tel ou tel, tous méritent cet hommage unanime.
Tout à l’heure, nous l’avons fait spécialement pour Roger LAURENT sur la place qui porte son nom en dévoilant une plaque en présence de sa fille, Madame Elise NÉEL.
J’ai aussi eu l’émouvant honneur, le 30 décembre dernier, de rendre hommage, au nom de notre Municipalité et de notre Ville, à Madeleine CAPIEVIC. Elle nous quittait pour toujours quelques semaines après Annie CARRIER.
Elles étaient nos deux dernières RésistanTES.
Saluons leurs mémoires, si vous le voulez bien, en ce premier 27 mai sans elles.
Nous les associons très fort à nos pensées et à cette journée nationale qui leur est destinée.
Alors, chers amis, prenons soin d’Augustin GARCİA et de Louis ROSSİ, que je salue en notre nom à tous.
Louis ROSSI qui d’ailleurs, le 5 avril dernier, avec six de ses camarades, a été élevé au grade de Chevalier de la Légion d’Honneur par le Président François HOLLANDE au titre de « Résistants particulièrement valeureux ».
Je vous rappelle que la cérémonie de remise de la distinction aura lieu à l’Hôtel de Ville le 23 juin prochain.
La Journée Nationale de la Résistance permet également de rappeler aux jeunes générations l'engagement des hommes et des femmes qui se sont levés contre l'occupant nazi et le régime collaborationniste de Vichy.
Elle permet aussi de réfléchir sur les valeurs de la Résistance et celles portées par le programme du Conseil National de la Résistance comme le courage, la défense de la République, le souci constant de la justice, de la solidarité et du respect d'autrui.
La volonté d’associer la jeunesse a toujours guidé l’action de ceux qui ont résisté à l'oppression et de leurs associations et amis.
Ils ont toujours eu la volonté de témoigner, de transmettre aux générations qui viennent.
Et d’ailleurs l’article 3 de la Loi instituant cette journée le préconise clairement, je cite : « Dans le cadre de cette journée anniversaire, les établissements d’enseignement du second degré sont invités à organiser des actions éducatives visant à assurer la transmission des valeurs de la Résistance et de celles portées par le programme du Conseil National de la Résistance ».
Alors pour conclure, je tiens à féliciter tout particulièrement la classe de 1ère année CAP d'électricité du Lycée professionnel Les Canuts qui va se voir attribuer lundi en Préfecture, le 1er prix départemental, s’il vous plait (!), du Concours National de la Résistance et de la Déportation.
Bravo à ces lycéens et à leur professeure de Français – Histoire – Géographie, Madame Anne BERGER.
J’imagine que Monsieur Éric DUPRAZ, le proviseur, doit être assez fier d’autant qu’une autre classe avec Madame Marie-Andrée LAURENCE, professeure d'Histoire, avait également concouru.
Je tiens aussi à renouveler les remerciements de la Municipalité à Marius PELLET, à Maurice THIBAUDIER et à tous les membres de l’ANACR ;
Merci aux enseignants et élèves de nos écoles et établissements qui s’investissent dans ce travail mémoriel.
J’espère qu’ils seront nombreux, après demain lundi soir, aux Amphis pour accueillir et écouter le Résistant Robert CAMP, rescapé de la centrale d’Eysses et de Dachau et pour voir ou revoir l’exposition sur Marcel ROCHE, Résistant vaudais.
Merci Mesdames et Messieurs de votre fidélité et de votre attention.