Quoiqu'on fasse, c'est toujours le portrait de l'artiste par lui-même qu'on fait
Madame la Ministre,
Monsieur le Maire,
Chers Collègues,
Mesdames, Messieurs,
Quelques mots au nom des élus Socialistes et Républicains sur ce sujet, car si je ne me trompe il s'agit du premier nom de rue que nous votons sur ce mandat et donc sur proposition de notre majorité.
Je ne reviendrai pas sur la délibération qui vise à débaptiser des lieux qui n'ont pas existé de noms de personnes donnés par ailleurs à d'autres rues. Cela reflète juste un état approximatif des projets et des gestions que nous avons déjà très longuement évoqué.
Je préfère dire à travers le choix pour une rue du nom de Maurice LUYA, ancien Résistant et Déporté, pédagogue de l'horreur dans l'esprit de Primo LEVI, de connaître notre Histoire pour éviter qu'elle ne se répète, que l'Humanité ne radote son inhumanité.
Les noms de lieux publics disent une histoire et une vision sociétale, c'est pourquoi nous saluons le choix de notre collègue Pierre BARNEOUD, dans le cadre de sa délégation au Patrimoine, pour être rapporteur de ces délibérations, comme nous saluons le travail qu'il a réalisé de manière collective : les noms de lieux publics sont notre patrimoine commune.
Au Village, les rues de la République, Jean Jaurès ou Victor Hugo disent un temps de conquête démocratique, aux côtés des chemins de l'Épi, du Bois Galland ou de la Digue qui nous disent un autre temps de notre histoire communale, d'un bourg agricole. Les noms des années 70-80 nous rappellent une histoire rurale qui n'était plus sur le Grand Mas, et toujours une vision politisée de notre commune, mais une autre vision, une autre espérance de conquête même si, avec le recul, aujourd'hui, tout le monde peut partager l'idée que certains des noms semblent déconnectés de notre vie communale et répondaient à d'autres logiques patrimoniales. Dans les années 90-2000, les noms changent, ils veulent redire une histoire plus largement partagée comme le Parc François Mitterrand ou les allées Colette et Tonie Morrisson, ou une certaine proximité, des rues Marie-Claire Petit à la place Noël Carmelino ou la Bibliothèque Marie-Ghislaine Chassine (bon, comme quoi, sous le changement des noms il y avait quand même une continuité, à croire que nous avions des disciples méconnus de Valéry GISCARD dit d'ESTAING!).
Avec le nom de Maurice LUYA pour cette rue, nous proposons des orientations : dépasser les préférences partisanes pour dire notre histoire commune de Vaudaises et de Vaudais, qui s'écrit par les 4 points cardinaux ou par les 4 coins d'un monde qui est sphérique. Nous avons aussi notre patrimoine politique que nous ne manquerons pas de dire, mais les espaces sont d'abord le patrimoine de tous les Vaudais, c'est pourquoi les noms doivent refléter ce patrimoine, cette richesse, d'homme et surtout de femmes trop peu représentées encore, de figures d'ici comme Maurice LUYA où de très loin, celles que les Vaudaises et les Vaudais ont emmené dans leurs bagages et dans leurs cœurs, celles d'artistes, celles de Résistants, celles toujours d'humanistes. Jean GIONO qui s'y connaissait en patrimoine avait dit « Quoiqu'on fasse, c'est toujours le portrait de l'artiste par lui-même qu'on fait » (Noé, 1947), et l'artiste ici, ce ne doit pas être nous les élus ou ni même nous la Majorité ou le parti majoritaire ; l'artiste, ce sont les Vaudaises et les Vaudais, les noms de notre ville doivent être leur portrait.
C'est pourquoi d'ailleurs, et c'est le point suivant du travail de l'élu délégué au Patrimoine, il faut encore définir les modes de concertations sur le choix des futurs noms. Mais il y avait là un engagement pris à la mémoire de Maurice LUYA après son décès en mai 2015, et nous voulions bien sûr le tenir, et un horizon -une commémoration le 2 septembre prochain- que nous ne voulions pas manquer. Pourtant déjà ce choix oriente la suite, le nom de ce Résistant, de cet humaniste et de cette figure locale donne un cadre ce soir, du tableau de l'artiste que les Vaudais vont continuer à peintre, de leur portrait à travers nos lieux publics.